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Les Réfugiés Libériens Rentrent Chez Eux Malgré les Derniers Soubresauts

Par Saliou Samb, Inter Press Service

22 Novembre 2004 




"Google" Image


Anne Tayne, 19 ans, réfugiée libérienne depuis deux ans en Guinée, a regagné son pays à la mi-novembre, en compagnie de ses trois frères et soeurs avec qui elle avait fui Ganta, dans le nord-est du Liberia, sous les bombardements des factions belligérantes.

"J'ai reçu récemment une lettre de mes parents qui me disent que je peux rentrer maintenant. Je suis très contente de repartir dans mon pays", a déclaré à IPS, Tayne aux journalistes présents au moment de l'embarquement de quelque 300 de ses compatriotes.

"Nous avons vécu dans des conditions précaires dans ces camps de réfugiés et c'était très dur à supporter. J'espère que la paix reviendra définitivement dans mon pays pour ne plus retourner en Guinée comme réfugiée", dit-elle.
Tayne ajoute : "Nous n'étions pas heureux en Guinée car nous étions réfugiés, avec tout ce que cela comporte comme privation, frustration... Mais nous pouvons remercier Dieu d'être toujours en vie".

Quelques mètres plus loin, se trouvait Kerkula Yakpawolo, un Libérien vivant dans un camp de réfugiés en Guinée depuis quatre ans et qui s'apprêtait également à partir. "Je n'ai plus de nouvelles de mes proches. J'ai donc décidé de rentrer au Liberia pour me lancer à leur recherche", indique cet homme de 58 ans à IPS.

"Il est difficile de vivre sans nouvelles des membres de sa famille. Dans un camp de réfugiés comme celui de Lainé, nous sommes à plus de 36 kilomètres du centre-ville de Lola (dans le sud de la Guinée, à plus de 1.000 km de Conakry, la capitale). Nous sommes totalement isolés et obligés de nous débrouiller pour survivre. C'était insupportable", explique Yakpawolo.

Pour sa part, Matha Kollie, une autre réfugiée qui a passé 10 ans dans les camps Guinée, a déclaré à la presse, à son arrivée à Ganta, au Liberia. "Je suis heureuse d'être chez moi. Rien ne vaut plus que son pays. Ailleurs, vous ne pouvez vous rendre nulle part sans être suspecté d'être un rebelle".

Pour des raisons diverses et à la faveur de l'accalmie qui règne dans leur pays, une grande partie des 150.000 Libériens, réfugiés dans ce pays d'Afrique de l'ouest depuis plusieurs années, a décidé de regagner la terre natale.

Plusieurs centaines d'entre eux ont été rapatriés ce mois de novembre par le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) qui envisage de poursuivre cette opération pour quelque 70.000 individus régulièrement enregistrés, a indiqué à IPS, Fatoumata Diariou Tounkara, chargée de la communication au HCR, en Guinée.

Le rapatriement volontaire facilité des réfugiés libériens a été officiellement lancé le 1er octobre 2004 au niveau régional, en Afrique de l'ouest, notamment pour le Ghana, la Guinée, la Sierra Leone et la Côte d'Ivoire.

Les rapatriements se poursuivront au rythme d'environ 300 personnes par semaine, a dit Tounkara, indiquant qu'un autre convoi était programmé jeudi dernier, 18 novembre. "Nous voulons parvenir à ramener chez eux entre 1.000 et 1.500 Libériens d'ici à la fin de l'année".

Elle indique que "Les coûts des opérations de rapatriement ne sont pas rendus publics en raison de la diversité des bailleurs et donateurs. Certains acceptent d'acheter des camions, d'autres le carburant... Je ne saurais dire exactement combien ces rapatriements vont coûter au HCR", dit-elle.

"A ce jour, plus de 2.200 réfugiés ont manifesté le désir de retourner dans leur pays, en vue de participer à la reconstruction de leur nation. L'enregistrement se poursuit dans les camps. Pour cette première phase qui s'étend de novembre à décembre 2004, la priorité sera accordée aux réfugiés vivant dans les camps", précise un communiqué du HCR.

Selon Alhousseine Thiam, responsable des opérations humanitaires au ministère de l'Administration du Territoire et de la Décentralisation, la Guinée a, d'une certaine manière, bénéficié de la présence des réfugiés sur son sol.

"Pendant plus d'une décennie, nous avons accueilli des réfugiés libériens et sierra léonais. Ils étaient plus de 600.000 au plus fort moment de la guerre et leur présence a eu un impact réel sur la vie des populations autochtones. Le HCR a aménagé des routes de desserte, des pistes rurales dont les populations bénéficient, sans compter les écoles, centres de santé...", a déclaré Thiam à IPS.

Mais, les débuts n'étaient pas faciles, reconnaît Tounkara. "La première fois que les réfugiés rentraient au Liberia, ils avaient détruit derrière eux tous les champs que les Guinéens avaient aménagés. Cette situation a été très mal ressentie par les Guinéens qui se sont montrés réticents pour accueillir une seconde fois les Libériens. Cette fois-ci, nous avons sensibilisé les réfugiés pour leur faire comprendre qu'il faut qu'ils évitent de se comporter de la sorte".
Pour le colonel Mamadouba Bangoura, gouverneur de la région de Nzérékoré, dans le sud de la Guinée, à environ 950 kilomètres de Conakry, l'accent doit être mis sur la prévention des conflits pour éviter l'afflux de réfugiés. "Nous sommes conscients qu'un malheur, qui frappe nos voisins immédiats, déteindra sur notre pays. C'est pourquoi nous partageons toujours les efforts pour la consolidation de la paix et de la sécurité", a-t-il dit.

Initialement prévu le 30 octobre, le départ du premier convoi de réfugiés avait été retardé par les dernières émeutes qui ont éclaté à Monrovia, la capitale libérienne, dans la nuit du 28 au 29 octobre. Des bagarres rangées autour d'une question de terrain avaient fait quelques morts et plusieurs blessés.

Au total 116 familles (environ 308 individus), qui vivaient dans les camps de Lainé, à Lola, ont déjà pu regagner le comté de Bong, dans le centre-nord du Liberia, sous les applaudissements de leurs compatriotes.

Malgré tout, un communiqué du HCR met implicitement en garde les réfugiés à propos des zones non encore sécurisées.

Les réfugiés libériens vivant en Guinée sont originaires de quatre comtés : Nimba, Lofa (dans le nord du Liberia), Bong et Maryland (extrême-sud). "A ce jour, seul Bong est sécurisé. C'est pourquoi le HCR accorde la priorité aux ressortissants de ce comté...", souligne le communiqué, indiquant toutefois que le comté de Bong ne facilitera pas le retour dans les autres zones non encore sécurisées.

Partagés entre l'attachement à leur patrie et la crainte de nouvelles atrocités, les réfugiés libériens déclarent espérer que les dirigeants de leur pays parviendront à les sortir de l'abîme de la guerre civile, dans lequel ils les ont précipités depuis près de 15 ans.

Au moment où les Libériens quittent les camps des pays voisins, quelque 13.000 Ivoiriens ont quitté l'ouest de leur pays pour se réfugier au Liberia, à la suite des dernières tensions survenues en Côte d'Ivoire, au cours de la première quinzaine de ce mois, selon le HCR.

 


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