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Kosovo : Une génération sacrifiée ? 

Par Marek A.Nowicki, Le Courrier des Balkans

Kosovo

2 mai 2005

 

Par Marek A.Nowicki, médiateur pour les droits de la personne du Kosovo : La chronique du médiateur. 

Comme je suis une personne qui a connu la transition politique et économique dans son pays, je sais d'expérience qu'un tel processus est long et inévitablement semé d'obstacles. Cependant, tout le monde n'a pas les moyens d'attendre patiemment la fin de cette période pénible.

Au Kosovo, les personnes communément appelées retraités n'ont pas rajeuni ces six dernières années et ce n'est que récemment qu'un système de retraites a été établi. Mais même avec ce système, les Serbes et quelques autres personnes continuent à recevoir ces pensions de Belgrade. Peut-être les discussions sur le statut final vont-elles offrir une chance de parler de cette question pour le plus grand intérêt de tous les habitants du Kosovo.

Ce que les femmes et les hommes au Kosovo reçoivent aujourd'hui, même si on appelle cela une pension, est en fait une assistance sociale minimale d'environ 40 euros par mois. Le seul critère retenu pour recevoir ce micro-soutien est d'avoir eu la chance de survivre dans les Balkans jusqu'à l'age respectable de 65 ans, que vous ayez ou non travaillé toute votre vie auparavant.

Cette allocation mensuelle, qui était de 28 euros quand elle a été introduite, est complètement irréaliste. Que peut-on faire avec cette broutille de 40 euros par mois ? Cela fait 1,3 euro par jour et au Kosovo, le bénéficiaire peut à peine s'acheter un litre de lait et une miche de pain. Il est pratiquement impossible de se nourrir avec ces quelques sous et il ne faut pas penser à avoir un toit sur la tête ni faire d'autres dépenses de base pour survivre.
Et que dire de ceux qui sont forcés de partir bien avant l'âge de la retraite ? Que deviennent-ils sur un marché du travail qui favorise ouvertement les jeunes générations ?

Les gens réussissent à survivre malgré tout. Peut-être cette survie est-elle due à la nature de la communauté albanaise du Kosovo, qui est fortement basée sur la solidarité des structures familiales étroitement liées. Les membres de la famille s'offrent un soutien mutuel, s'ils ont les moyens de le faire. Certains ont de la famille qui vit à l'étranger et qui envoit assez d'argent pour aider les aînés. Mais il est qu'en même difficile d'espérer recevoir beaucoup de la part de parents qui ont du mal à trouver du travail et, en plus, quand il n'y a pas d'aide pour les chômeurs.

De nombreuses personnes âgées avaient accumulé de confortables intérêts dans les banques de l'ex-Yougoslavie, dans l'espoir que ces économies leur permettraient d'avoir un minimum de sécurité financière pour leurs vieux jours. Aujourd'hui, on leur dit qu'ils pourraient, peut-être, retrouver une partie de ces économies à condition qu'ils paient des droits en Serbie. Ils viennent me voir et ils me demandent : comment allons-nous payer ces droits serbes ?

Les gens qui ne vivent pas ici ont du mal à croire qu'il n'y a toujours pas de système de pensions au Kosovo. La situation est encore plus embrouillée parce que ces retraités ont touché une pension jusqu'en 1999, quand les premières bombes ont commencé à tomber sur le territoire. Ces gens qui ont des années d'activité professionnelle derrière eux jettent leur carnet de pension sur ma table et me demandent : où est l'argent ?

Où est l'argent, demandent-ils, pour payer l'électricité ? l'eau ? pour survivre ? Car, en recevant ce maigre pécule mensuel, les retraités au Kosovo ne sont pas exemptés de payer pour toutes les dépenses de la vie quotidienne. Dans certains pays, une forme d'aide sociale consiste à accorder des tarifs préférentiels ou des exemptions de paiement aux personnes qui vivent sous un seuil économique minimum. Les personnes dans cette catégorie peuvent prétendre recevoir des crédits pour la fourniture d'eau et d'électricité pour survivre. Ces fonds pour payer ces services sont couverts par le budget du gouvernement.

Le problème au Kosovo, c'est qu'il n'y a pas de tel système pour aider les gens à payer les dépenses indispensables. Il est vrai que les services publics et la Compagnie d'électricité du Kosovo (KEK) ne sont pas des organisations de bienfaisance. Ces services doivent gagner de l'argent pour continuer à fonctionner. Mais la question est de savoir dans quelle mesure les gens ne veulent pas ou ne peuvent pas payer. Si le choix se joue entre acheter le pain quotidien ou payer la facture d'électricité, les besoins biologiques et nutritionnels sont à chaque fois gagnants.

Si certaines de ces personnes souffrent de maladies et ont des besoins particuliers pour leur santé, elles ont alors besoin de puiser dans leurs maigres revenus pour payer les médicaments ou les soins. Chacun sait bien que si vous allez chez le médecin, vous devez payer. Et tout le monde sait pourquoi tant de gens ne vont pas chez le médecin, ou n'arrivent pas à acheter les médicaments indispensables ou ne reçoivent pas les traitements dont ils auraient besoin.

Il est certain que, dans l'avenir, on pourra répondre à la question de la survie des retraités d'une manière satisfaisante. Mais quand la vie des gens est en jeu, il faut des réponses dès aujourd'hui. Si le gouvernement continue à leur parler des multiples initiatives en projet, il est réaliste de penser que de tels efforts seront bénéfiques pour les générations à venir. Même si l'économie de la province se bat pour aller de l'avant demain, il est clair qu'il n'y a pas d'argent inscrit aujourd'hui au budget pour répondre aux besoins de la vieille génération.
Il faut exposer la vérité et dire si dans un avenir proche, les personnes qui souffrent de la situation actuelle peuvent imaginer une amélioration significative de leur vie quotidienne. 

Autrement, il faut reconnaître que cette génération est effectivement perdue.. Si cela est le cas, ce que je crois malheureusement, je comprends qu'il n'est pas facile pour aucun gouvernement et aucune direction politique de dire une chose pareille, mais pendant combien de temps peut-on soutenir ces espoirs ?
Il y a beaucoup de discussions en ce moment sur les standards prioritaires du Kosovo. Dans quelles mesures, ces standards concernent-ils aussi les personnes âgées du Kosovo ?


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