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La Situation Sanitaire et Alimentaire à Atjeh, dans le Nord de Sumatra, Est Catastrophique


Le Monde, Jean-Claude Pomonti

Indonésie

Le 1er Janvier 2005



Mai Munali, âgée de plus de 80 ans, attend avec d'autres femmes d'être emmenée dans un centre pour réfugiés (AP) 


Bangkok de notre correspondant en Asie du Sud-Est

Faute de carburant ou de routes, les stocks de vivres et d'eau potable s'empilent aux points de livraison de la zone sinistrée. Des survivants commencent à mourir de faim et de soif.

Alors que l'aide à destination d'Atjeh se déverse à Medan, l'aéroport international le plus proche sur l'île de Sumatra, la situation sanitaire et alimentaire est devenue dramatique dans la province indonésienne, le secteur le plus durement touché par le séisme et les tsunamis du 26 décembre. 
Des journalistes australiens qui ont pu se rendre à Meulaboh, ville rasée sur la côte occidentale, évoquent des visions de cauchemar. 

Jusqu'à la moitié de la population de cette ville aurait péri. Des soldats rapportent que des gens en sont réduits à se nourrir de feuilles ou à chercher des vivres dans la boue laissée par les tsunamis. L'eau potable a disparu, car tous les puits ont été contaminés. Un cargo indonésien était ancré au large, jeudi 30 décembre, mais le ravitaillement qu'il a apporté représente une fraction des besoins.

Entre-temps, des répliques du séisme, quoique de faible intensité, demeurent assez sensibles pour terrifier les gens. Aux alentours de Meulaboh, les survivants sont réfugiés dans la forêt. Des Cessna, petits avions à hélices, ont commencé à se poser sur une piste endommagée. Les inondations sont omniprésentes, à telle enseigne qu'il ne reste plus assez de place pour enterrer les morts.

A Banda Atjeh, chef-lieu de la province, les rats ont pris possession de la ville. La population campe un peu partout entre les ruines. L'aide transite par l'aéroport local, qui a été pris d'assaut par des gens qui veulent partir. Alors que les hôpitaux et cliniques sont à cours de médicaments, le ravitaillement par camions est bloqué par le manque d'essence.

"L'assistance est suffisante, à tel point que stationner les avions qui la transporte à l'aéroport de Medan est devenu un problème", a déclaré à l'AFP l'un des responsables indonésiens. Mais, faute d'essence, la chaîne du ravitaillement est bloquée à ce stade. Il faut sept à huit heures de route pour rejoindre Banda Atjeh à partir de Medan. Peu à peu, toutefois, des équipes de secouristes commencent à rejoindre les côtes de cette province sinistrée, où les victimes sont estimées à des dizaines de milliers. Dans la prison de Banda Atjeh, des centaines de détenus seraient morts enfermés dans leurs cellules. Parmi eux figurerait Sofyan Ibrahim Tiba, l'un des leaders du mouvement indépendantiste.

On ne saura probablement jamais combien de morts le séisme et les vagues du "dimanche noir", le 26 décembre, ont fait dans la région. Le recensement des disparus est impossible. Dans l'archipel indien des Andaman et Nicobar, de petites îles ont été entièrement balayées. Le sort des aborigènes de cet archipel reste une inconnue. On ne sait rien de ce qui est advenu des "gypsies" du sud birman, un peuple de marins qui vit sur de petites embarcations. La seule chose sûre : les derniers bilans des victimes - plus de 120 000 morts, dit-on -, ne peut être qu'inférieur à la réalité.

EAU CONTAMINÉE

Kofi Annan a eu raison d'évoquer, jeudi, "une catastrophe globale sans précédent qui requiert une réponse globale sans précédent" et de se féliciter de l'ampleur du mouvement de solidarité. Mais la bonne volonté risque de s'émousser avec le chaos ainsi engendré. Dans les régions les plus pauvres, les structures d'accueil font trop défaut pour pouvoir absorber une aide qui reste désorganisée. Alors que les stocks s'empilent et que la recherche des victimes se poursuit, des survivants commencent à mourir de faim et de soif.

Le risque d'épidémies - typhoïde, dengue, paludisme, dysenterie, choléra - souvent liées à la consommation d'eau contaminée, menace des millions de gens. "Cinq millions de personnes ne peuvent pas avoir accès à ce qui est nécessaire pour vivre", a estimé David Nabarro, de l'OMS. L'immense majorité de ces populations sont des sans-abri. A Banda Atjeh, les gens commencent à se battre lors des distributions de biscuits. Les chauffeurs des véhicules qui les convoient n'osent plus s'arrêter. "Certaines voitures se contentent de jeter par-dessus bord les paquets. Les plus rapides se servent, les plus forts l'emportent. Les personnes âgées et les blessés n'obtiennent rien. Nous avons l'impression d'être des chiens", a résumé, selon Reuters, un habitant du chef-lieu.

Une fausse alerte au tsunami a provoqué jeudi un début de panique dans le sud de l'Inde. Dans plusieurs localités d'une côte où les raz de marée du 26 décembre ont fait plus de 7 000 morts, les autorités ont ordonné l'évacuation. Cet ordre a été également répercuté dans les archipels d'Andaman et Nicobar. Mais la secousse enregistrée, de 5,2 sur l'échelle de Richter, était trop faible pour provoquer un raz de marée.

Le long de la côte septentrionale de Sumatra, les effets du séisme du 26 décembre ont été si puissants que de petits îlots se sont formés. La pointe à l'extrême sud de Nicobar a été, en revanche, avalée par la mer. Des modifications de la côte ont également été enregistrées sur la presqu'île de Phang-Nga, le secteur le plus dévasté de la Thaïlande péninsulaire.

ASEAN : l'Indonésie accueillera, jeudi 6 janvier, un sommet extraordinaire de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean) consacré au séisme et aux raz de marée qui ont ravagé la région, a annoncé, vendredi 31 décembre, le ministre indonésien des affaires étrangères, Hassan Wirayuda.



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