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Les "cafés des âges" facilitent la parole sur le vieillissement

Le Monde

France

6 decembre 2005



Les septuagénaires et des adolescents réunis pour s'initier à l'informatique : cette initiative revient à la maison de retraite Le Foyer du romarin, à Clapiers (Hérault). Après avoir créé dans son établissement un cybercafé ouvert aux habitants du village, Michel Aimonetti, le directeur, s'est lancé dans l'organisation de "cafés des âges". Celui du 26 novembre lançait le débat avec un film de Marcel Jeanneteau, Grand, petit, qui montre des enfants sur leurs lieux de loisirs (fête foraine, plage) s'exprimant sur les métiers qu'ils aimeraient faire plus tard et, en parallèle, des résidents du Foyer du romarin, évoquant les jeux de leur enfance et les professions qu'ils avaient exercées.

L'idée de créer des forums sur le thème du vieillissement est née en Belgique, avec les "cafés gérontologiques", lancés à l'initiative du gouvernement. Les participants de tous âges y débattent de sujets comme l'amélioration de la qualité des maisons de retraite et des services d'aide à domicile, le soutien à apporter aux familles en cas de dépendance de leurs parents...

L'initiative française, d'origine associative, est davantage centrée sur les relations entre les générations. Il s'agit de faire émerger des témoignages, des idées, des projets pour amener les politiques à prendre en compte le fait qu'on vit plus longtemps et qu'être vieux ne signifie pas avoir moins d'exigences qu'à 35 ou 45 ans. "Nous avons préféré l'appellation "café des âges" pour des raisons de convivialité", explique Jean-Michel Caudron, secrétaire général de l'association Vieillir c'est vivre, qui coordonne l'opération. Cette structure a été fondée en avril par Paulette Guinchard-Kunstler, secrétaire d'Etat chargée des personnes âgées dans le gouvernement de Lionel Jospin et députée (PS) du Doubs, et Denis Jacquat, député (UMP) de Moselle. "Après mon passage au gouvernement, j'ai voulu me mobiliser pour qu'on ne considère plus la vieillesse sous le seul angle médical et que la réflexion sur le sujet ne reste pas l'apanage des professionnels", explique Mme Guinchard-Kunstler.

Les "cafés des âges" ne se tiennent pas forcément dans des cafés. Ils sont hébergés par des mairies, des maisons de retraite, des centres sociaux, des associations. En revanche, leur déroulement est codifié : un livre, un film ou un témoignage servent de point de départ à la discussion, qui se clôt sur un verre de l'amitié - sans alcool !

"Toujours le vieux de quelqu'un"

Le premier "café" parisien a réuni le 19 juillet une vingtaine de participants appelés à commenter l'appel "Vieillir c'est vivre" et le diaporama qui l'accompagne. Françoise, 70 ans, pharmacienne à la retraite, est interpellée par une image montrant une femme au visage ridé. "Effacer les rides vous effacerait le sourire", dit-elle. Son métier lui a appris que les femmes sont très sensibles aux publicités pour les crèmes anti-âge. "C'est la dictature du jeunisme, renchérit Monique, 72 ans. Pour vieillir heureux, il faut savoir redéfinir ses priorités." Quant à Pierre, médecin gérontologue qui rencontre aussi des adolescents dans les établissements scolaires, il est convaincu que le dialogue abolit la barrière des âges.

Lors du "café des âges" de Clapiers, les aînés se sont montrés préoccupés de l'image qu'ils offrent aux jeunes, l'un d'eux citant même une des Stances à Marquise de Corneille : "Marquise, si mon visage/ A quelques traits un peu vieux,/ Souvenez-vous qu'à mon âge/ Vous ne vaudrez guère mieux." "On est toujours le vieux de quelqu'un", a relativisé M. Aimonetti, évoquant "un sondage auprès de 400 enfants de 10 à 13 ans, qui montrait qu'un tiers d'entre eux se sentent vieux en quittant la maternelle, en cessant de croire au Père Noël ou en redoublant une classe".

L'important est de conserver une activité, comme ce retraité allemand qui, dans le film de Marcel Jeanneteau, continuait à pratiquer le vol à voile. "On peut créer à tout âge, quel que soit le domaine, de manière individuelle ou collective", estimait Jacqueline Tamagna, qui anime des ateliers intergénérationnels d'écriture. "Et, si possible, produire aussi pour les autres", a ajouté une autre participante, évoquant une retraitée artiste peintre qui avait organisé une exposition de ses oeuvres à la maison de retraite. "Tout cela est réalisable, à condition d'ouvrir vers l'extérieur les structures pour personnes âgées et de ne pas multiplier les obstacles qui les isolent", a conclu un troisième. Ces propositions figureront sans doute en bonne place dans un premier bilan des "cafés des âges", prévu en juin 2006. 


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