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«A 50 Ans, On me Trouve Trop Vieux Pour Travailler»

L'Express, Anne Vidalie 

France

Le 2 Mai 2005



Charles, divorcé, chômeur

Je viens d'avoir 50 ans. Cela fait deux ans que je cherche du travail. Depuis septembre dernier, je touche l'allocation spécifique de solidarité: 13,76 euros par jour, soit un peu plus de 400 euros par mois. Comme je verse à mon ex-épouse, qui travaille, une pension alimentaire mensuelle de 400 euros, il m'a semblé justifié de demander au juge une suspension provisoire de cette pension, ou au moins une réduction de son montant.

Début février, ma demande a été rejetée. Premier motif avancé par le tribunal, dans un laïus juridique qui semblait s'adresser à un professionnel du droit plutôt qu'à un citoyen lambda: en 2002, je m'étais porté volontaire pour un licenciement économique après quinze ans de bons et loyaux services.

C'est vrai, mais j'avais de bonnes raisons pour le faire. J'ai connu deux plans sociaux dans l'entreprise qui m'employait, aussi, comme la plupart de mes collègues, j'avais hâte d'en finir avec la pression psychologique de ces suspenses à répétition. 

Deuxième argument du juge: je suis parti avec une prime de licenciement qui doit me permettre d'assumer mes charges. Or, dans le règlement du divorce, j'ai laissé à mon ex-épouse tous les biens acquis en commun afin de ne pas perturber le quotidien et l'environnement matériel de nos deux enfants. A présent, il ne me reste plus que le reliquat de ma prime de licenciement pour vivre au jour le jour. 

Le calcul est vite fait: j'ai de quoi tenir encore deux mois et demi. J'ai vraiment l'impression que le juge n'a fait que survoler ma demande. Et qu'il n'a pas la moindre idée de la situation actuelle du marché de l'emploi. Cela fait deux ans que je remue ciel et terre pour retrouver un statut social, une vie normale. Mais les rares fois où j'ai réussi à décrocher un entretien pour un job correspondant à mes compétences, on m'a bien fait comprendre que, passé 45 ans, on est trop vieux dans le monde du travail. 

Après la cinquantaine, n'en parlons pas: on appartient à la préhistoire! Ma sérénité en a pris un sacré coup, bien sûr. Maintenant, je comprends mieux certains reportages sur les sans-domicile fixe. Quelques-uns, nous explique-t-on souvent, se retrouvent à la rue après un divorce et un licenciement. Je ne voyais pas le rapport. Je commence à l'entrevoir. 

Alors, je m'interroge. Est-ce que, à la simple lecture d'une requête, un juge imagine réellement toutes les conséquences qui peuvent découler de sa décision?


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