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Un ancien déporté attend encore sa pension

Par Dominique Hervouet, Le Figaro

France

31 octobre 2005


Depuis cinquante ans, un résistant français se bat pour faire reconnaître son statut. 
Des papiers jaunis, il sort un certificat tricolore à l'en-tête de la République française sur laquelle on peut lire : «La nation reconnaît les services rendus à la France par Jean Grupont qui a participé à la guerre d'Indochine et à la guerre 1939-1945.» «Elle n'est pas si reconnaissante que cela !» soupire le vieil homme.

Son avant-bras porte un numéro tatoué dont l'encre a pâli. «A Auschwitz-Birkenau, j'étais le matricule 185 697. Après, à Buchen wald, j'étais le 53 126. Un numéro qu'il fallait savoir très vite par coeur si on voulait rester en vie», raconte Jean Grupont dans son petit appartement de retraité nantais rangé avec une rigueur toute militaire et où il vit avec 700 euros par mois.

L'histoire de cet homme de 83 ans est celle d'un malentendu mais d'abord celle d'un tout jeune homme plongé dans la guerre. Au début du conflit, il avait dû s'engager car il n'avait que 17 ans. Affecté dans les transmissions, il a été démobilisé en juin 40 dans le Sud de la France. Ses parents, eux, étaient en zone occupée. Parti pour l'Algérie, il décide, en 1942, de regagner la métropole. «J'avais le mal du pays», dit-il. Il passe la ligne de démarcation pour rentrer chez ses parents. 

Mais Jean Grupont ne supporte pas l'occupation allemande : il a envie de se battre. Par sa soeur qui vit à Nantes, il fait la connaissance de Georges Bouvron dont le père dirige un réseau de résistance. «Il m'a proposé de le rejoindre mais moi je ne voulais pas me battre dans l'ombre mais sous un uniforme. Je voulais rejoindre les Forces françaises libres.» Une position dont témoignera après la guerre Georges Bouvron, héros de la résistance et président de l'Amicale des déportés tatoués. 

Finalement, en février 1944, Jean Grupont décide de passer en Espagne pour rejoindre Alger. Il cherche un passeur, n'en trouve pas et, le 1er mars, il part seul en montagne. Une patrouille allemande l'arrête. Emprisonné à Perpignan, il est interrogé par la Gestapo, puis expédié à Compiègne. «J'étais dans la chambrée de Marcel Paul et du comte Paul Chandon-Moët, des champagnes... On est partis pour Auschwitz dans ce qu'on a appelé le convoi des tatoués.» 

Jean Grupont porte le triangle rouge des politiques sur sa veste rayée. Il restera peu de temps dans ce camp de la mort et sera envoyé à la mi-mai à Buchenwald. «Quelques jours après mon arrivée, j'ai oublié d'enlever mon calot devant un SS qui m'a brisé les dents d'un coup de bâton.» Affecté au commando de Langenstein, il verra mourir ses camarades l'un après l'autre : les forçats épuisés devaient creuser un tunnel dans la montagne pour abriter une usine d'armement. 

Ni résistant ni déporté politique :
En 1947, Jean Grupont s'engage dans la Légion étrangère. Il se bat cinq ans en Indochine et laisse à d'autres le soin de régler la question de sa pension de déporté. Lorsqu'il rentre en France, il apprend que sa demande a été refusée car il n'est ni résistant ni déporté politique, alors que les archives allemandes l'ont classé en «détention de sécurité politique». En plus de ne pas entrer dans les bonnes classifications administratives, il ne peut apporter «la preuve formelle qu'il a été arrêté à la frontière espagnole pour rejoindre les FFL». Deux autres refus lui seront signifiés en 1983 et en 1988. En 1998, Jean-Pierre Massenet, secrétaire d'Etat aux Anciens combattants, répond à une sollicitation d'un député en écrivant qu'il ne lui est pas possible «de revenir sur des décisions antérieures»... 

Jean Grupont veut encore y croire et il a intenté une action en justice. «Au-delà de la pension que j'attends depuis plus de cinquante ans, dit-il, je veux qu'on reconnaisse enfin ma qualité de déporté.»


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