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L'Europe, Vieux Continent de Vieux

Par Charlotte Rotman, Liberation

Le 29 Avril 2005 



L'Union ne cesse de vieillir. Une vaste étude détaille la vie des seniors.

C'est un continent qui prend de la bouteille. C'est en Europe que la proportion de citoyens âgés est la plus nombreuse. Avant l'élargissement, 16 % de ses habitants avaient plus de 65 ans. Ce pourcentage va presque doubler en 2050 pour atteindre 28 %. Et ce processus n'est évidemment pas près de s'arrêter. «Comprendre comment cette évolution affecte les pays européens selon leur culture, leur histoire et leurs politiques publiques est une tâche importante [...] pour transformer ce défi du vieillissement en chance pour l'Europe.» C'est l'objectif d'une vaste enquête (1) inédite menée auprès de 22 000 personnes de 50 ans et plus (le sondé le plus âgé était une Espagnole de 104 ans) dans 11 pays s'étalant de la Scandinavie à la Méditerranée. Des questionnaires communs ont été élaborés par une centaine de chercheurs ¬ dont, en France Claudine Attias-Donfut pour la partie famille ¬ afin d'établir des données fiables et rendre efficaces les comparaisons. Le premier dépouillement de cette enquête unique est terminé et a été rendu à la Commission européenne, son commanditaire, hier soir. Santé, famille, situation économique : il dessine le portrait des seniors.

Des familles bien vivantes


La famille n'est pas morte. Les structures plurigénérationnelles restent stables et comparables dans les différents pays européens. La proximité de résidence entre parents et enfants est encore importante. 70 % des plus de 50 ans interrogés ont, au moins plusieurs fois par semaine, un contact avec leur enfant. Dans les pays du Sud, la cohabitation est plus fréquente. Le lien intergénérationnel se manifeste autrement dans les pays du Nord. La solidarité s'exprime par le don en temps et en argent.

Les aides. 43 % des hommes et femmes de plus de 50 ans se sont occupés régulièrement ou occasionnellement dans l'année écoulée de leurs petits-enfants. Ces scores sont un peu plus élevés chez les grands-mères suédoises, danoises, hollandaises et françaises. Dans ces pays, les liens familiaux sont pourtant plus faibles qu'au Sud, et les alternatives de garde d'enfants plus nombreuses. Mais cette tendance peut s'expliquer par la volonté de ces grands-mères (qui souvent travaillent) d'aider la mère de leurs petits-enfants à allier vie professionnelle et vie familiale.

Les Grecques et les Italiennes, à plus de 80 %, les Espagnoles à plus de 60 %, déclarent s'occuper de leurs petits-enfants au moins de façon hebdomadaire. Dans ces pays, les femmes de 50 à 65 ans travaillent le moins (entre 15 % et 18 %), et les structures d'accueil et de prise en charge des petits sont les plus faibles.

L'argent. Au Nord, les parents donnent, au Sud, ils reçoivent. 28 % des seniors ont donné ou reçu plus de 250 euros dans les douze derniers mois. Ils sont 11 % en Espagne, et 37 % en Suède. La France se situe aux alentours de 25 %.

La mise en place de système de retraite qui assure l'indépendance partielle des plus anciens leur permet de donner de l'argent à leurs descendants. Dans les pays où les régimes de retraite sont moins avantageux, les plus âgés restent en partie à la charge de leurs enfants : en moyenne, les plus de 50 ans sont 6 % à recevoir de l'argent. Ils sont 3 % aux Pays-Bas mais 12 % en Grèce. Les dons aux parents concernent les besoins de base. Ceux aux enfants servent à «aider sur la route de l'indépendance». Aux Pays-Bas, les filles sont plus aidées que les garçons.

Activités : un vrai filon

En Suisse, en Suède, au Danemark et au Royaume-Uni, le taux d'emploi des 55-64 ans dépasse les 50 %. En France, il est à peine de plus de 30 %. L'Europe a accru la longévité de ses citoyens et, en même temps, excelle dans la «retraite» précoce. «N'y a-t-il pas là une énorme capacité de travail actif ?» s'interroge le rapport, alors que les débats se focalisent davantage sur la réforme de la retraite. «Les discussions d'aujourd'hui sur le "fardeau" du vieillissement ne doivent pas négliger le potentiel de productivité de la population âgée.» Outre le travail rémunéré, les chercheurs se sont penchés sur le bénévolat.

Bénévolat. 10 % des 65-74 ans travaillent volontairement. Les Néerlandais sont les plus actifs avec plus de 25 % de bénévoles. Puis viennent les Suédois et les Danois. Les Français se situent dans la moyenne, avec plus de15 %. Les Italiens, les Espagnols et les Grecs sont moins versés dans le travail volontaire, qui touche moins de 5 % pour cette tranche d'âge. 27 % des sondés participent aux activités d'une organisation. Cette population inutilisée peut être rendue utile grâce à des programmes spécifiques, estiment les auteurs.

Comment s'occuper ? Outre le volontariat, les plus de 50 ans consacrent leur temps au travail pour 30 % d'entre eux, à l'aide aux amis ou à leur entourage et aux soins à une personne malade ou dépendante (23 %), à des activités sociales (aller au club, faire du sport), ou encore à la religion (10 %) et à la politique (moins de 5 %).

Santé : les Français se plaignent


Les plus âgés au Nord sont en meilleure santé qu'au Sud, mais cela ne se traduit pas par des différences de mortalité.

Quelle estimation ? Les enquêteurs ont demandé aux sondés de faire une évaluation subjective de leur propre état de santé. Les Danois sont presque 50 % à répondre qu'ils sont en «très bonne» ou «excellente» santé; les Suédois, plus de 40 %, comme les Suisses.

Ceux qui répondent le moins être en très bonne ou excellente santé sont les Français, les Allemands, les Italiens (tous trois autour de 20 %) et les Espagnols (17 %).

La boisson. A qui la palme de la consommation d'alcool ? Aux Français. Dans l'Hexagone, 40 % des hommes de plus de 50 ans boivent plus de deux verres d'alcool par jour. Suivent les Italiens et les Espagnols (vers 35 %). La Suède s'illustre par un taux de consommation très bas : moins de 5 % des hommes et femmes disent boire cette quantité par jour.

Le spleen. Les femmes sont plus déprimées que les hommes. Souvent la dépression augmente avec l'âge, certainement sous l'influence des maladies et des deuils. Elle est plus fréquente chez les personnes qui ne sont pas mariées. Elle touche 10 % à 15 % des plus de 65 ans. Les plus déprimées sont les Espagnoles. Après 80 ans, elles le sont à plus de 60 % et presque à 40 % dès 50 ans. En Suisse, la courbe s'inverse : les Helvétiques sont moins déprimées en fin de vie qu'à 50 ans. En France, les femmes sont plus de 40 % à souffrir de dépression.

La pauvreté toujours présente

Le taux de pauvreté reste assez élevé. Dans 10 des 11 pays, dont la Suisse, plus d'une personne sur cinq est sous le seuil de pauvreté. Les Italiens et les Espagnols sont les plus pauvres. Dans les deux pays, plus de 22 % des plus de 50 ans ont un revenu inférieur à la moitié du revenu médian. La France n'est pas trop mal placée : en antépénultième, avec 14 %. En Suède, ce taux se situe juste au-dessus de 10 %. Dans les pays du Sud, la cohabitation avec un ou plusieurs de ses enfants est un mécanisme de protection sociale.

(1) Enquête Share (Survey of health, ageing and retirement in Europe), réalisée en 2004 et 2005 et coordonnée par le Pr Axel Börsch-Supan.


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