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Maison de retraite : un passage difficile à préparer

Par Michaëla Bobasch, Le Monde

France

16 novembre 2005

Partir de chez-soi pour entrer en maison de retraite, c'est renoncer à sa dernière liberté, se trouver confronté à un changement radical de son cadre et de son mode de vie", explique Arielle, conseillère à la Maison des seniors de Montpellier. 

Une telle décision signifie anticiper son vieillissement et envisager la possibilité du handicap - qui touche 20 % des octogénaires. Rares sont les personnes âgées qui, comme Rachel, 78 ans, mûrissent leur projet. Encore valide mais lasse de vivre dans un vaste appartement qu'elle a du mal à entretenir, elle a obtenu, après de longues démarches, un studio dans un foyer-logement de la Ville de Paris, à quelques encablures de son ancien domicile.

Dans la plupart des cas, le placement en maison de retraite s'opère dans l'urgence, à la suite d'une hospitalisation. C'est traumatisant, tant pour l'intéressé, qui se sent abandonné, que pour sa famille, qui culpabilise. A la douleur de la séparation s'ajoute parfois la découverte d'un univers traumatisant. "Pour ma belle-mère, atteinte de la maladie d'Alzheimer, il a fallu nous contenter provisoirement de la seule maison qui avait des places libres, raconte Marc. Lorsque j'ai vu dans le hall la quinzaine de vieillards prostrés dans leur fauteuil roulant avec la télévision qui hurlait, j'en ai eu le coeur serré."

Chercher une solution dans la précipitation risque de laisser le choix entre des dépenses élevées ou un établissement médiocre. "Nous demandons la fermeture de 5 % des maisons de retraite, en raison de dysfonctionnements inacceptables", révèle Pascal Champvert, président de l'Association des directeurs d'établissements d'hébergement pour personnes âgées (Adehpa).
"La qualité n'est nullement liée au statut de l'établissement : le meilleur et le pire peuvent être présents dans tous les secteurs. De plus, elle n'est pas donnée une fois pour toutes : l'ambiance, par exemple, peut se détériorer - ou s'améliorer - parce que le directeur a changé", explique Annie de Vivie, responsable du site agevillage, consacré aux seniors.

Mieux vaut donc prendre le temps du dialogue et de la prospection pour trouver l'établissement le plus adapté à l'état de santé et aux voeux de la personne âgée. "Si les parents refusent d'aborder le sujet, c'est aux enfants de le faire, en expliquant les risques d'accident grave encourus au domicile, estime M. Champvert. Quelle que soit la solution choisie, elle ne doit pas être imposée, mais librement discutée et acceptée par l'intéressé, même s'il s'agit d'un malade atteint d'Alzheimer."

Le premier point à examiner est celui de la localisation : à proximité de l'actuel domicile ou de celui d'un enfant ? Il faut ensuite définir avec la personne concernée les conditions qu'elle juge indispensables : garder une partie de ses meubles, son animal familier, se ménager des libertés (sorties, grasses matinées...), disposer de certains équipements (chaîne hi-fi, four à micro-ondes ou cafetière électrique dans sa chambre). Enfin, le budget doit être évalué.

UN SÉJOUR D'ESSAI

Les enfants visiteront plusieurs établissements pour opérer un premier tri. Se rendre sur place permet d'avoir une impression d'ensemble. "Pendant que j'attendais, la réceptionniste a reçu l'appel d'une résidente qui ne voulait pas déjeuner et refusait tout plateau-repas, explique Sylvie, qui cherche une place pour sa mère. L'hôtesse a immédiatement alerté une aide-soignante, ce que j'ai trouvé très positif. Les portes de certaines chambres affichaient le nom du résident, parfois sa photo ou une image de son choix."

En revanche, elle a été surprise de l'encombrement des couloirs avant le déjeuner, chaque auxiliaire de vie prenant en charge deux personnes. "En France, le taux d'encadrement pour dix résidents est de quatre auxiliaires, contre huit en Allemagne, et dix dans les pays scandinaves", explique Jean-Claude Marian, PDG d'Orpéa, premier groupe privé sur le secteur.

La surface et l'orientation de la chambre, le confort de la salle de bains, la présence de sonnettes pour alerter le personnel, l'existence de salons pour les visites, la qualité et la variété des repas - qui doivent être suffisamment espacés, car le dîner servi à 18 heures après un goûter à 16 h 30 oblige à passer une trop longue nuit sans nourriture -, la qualification du personnel et les permanences de nuit sont autant de données auxquelles il faut être attentif.
On s'informera aussi des activités de loisirs proposées : sorties, ateliers de mémoire, parcours santé, musicothérapie, cuisine... La présence d'un animateur à temps complet ou partiel travaillant avec les auxiliaires de vie et des intervenants extérieurs contribue à la convivialité de la maison. Les résidents doivent rester libres de participer ou non.

Après cette première sélection, il faudra revenir avec l'intéressé, afin qu'il puisse donner son avis. Enfin, rien ne vaut un court séjour d'essai pour savoir si l'on pourra s'adapter. Par ailleurs, il est prudent de ne pas se dessaisir de son logement, afin de se ménager une possibilité de retour.
Ces précautions permettent d'assurer un confort matériel et moral à des hommes et à des femmes que l'âge a rendus très fragiles. En outre, elles ne peuvent qu'encourager les établissements à améliorer la qualité de leurs services. 


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