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Le vieillissement des actifs pourrait faire passer l'immigration du statut de menace à celui d'atout 

Le monde

Europe

31 octobre 2005 

L'Europe devra peut-être compter sur l'immigration pour pallier le manque de bras annoncé par le vieillissement de sa population. Alors que le nombre des actifs des pays membres est appelé à diminuer au profit de celui des retraités, l'idée du recours à l'immigration suscite de plus en plus d'intérêt. L'ensemble des pays membres doit en tout cas prendre conscience que l'augmentation de la productivité des salariés en place ou le recul de l'âge de la retraite ne suffiront pas à maintenir la croissance de l'Union.

L'Europe va-t-elle être condamnée à changer de point de vue sur l'immigration ? Au fil des sommets européens, la question des migrations illégales fait partie des priorités affichées de l'Union européenne. Mais la réponse à y apporter pourrait ne plus être envisagée que sous l'angle sécuritaire.

La journaliste Laurence Caramel (Le Monde, 01/11/2005) indique ainsi qu'il y a trois ans, lors du sommet de Séville, "le Royaume-Uni et l'Espagne avaient [. ] suggéré, sans être suivis, de pénaliser à travers l'aide au développement les pays d'immigration ou de transit jugés insuffisamment coopératifs.

C'est aujourd'hui le contraire qui est proposé. Les Européens convenant désormais que le moyen durable de freiner les flux de clandestins consiste à mener une politique de développement plus ambitieuse dans les pays d'où proviennent les immigrés." Bref, la meilleure réponse à la misère des migrants serait plutôt à chercher dans l'aide à leurs pays d'origine que sous la forme de la menace. Même si cela doit prendre du temps. 

Pénuries dans le CHR et le BTP
Et si pendant ce temps l'Europe se donnait des moyens de gérer cette population dont elle a en partie besoin ? A court terme, les pays membres devront tous répondre aux pénuries ponctuelles de main-d'ouvre, dont certaines sont déjà là (hôtellerie-restauration, BTP en France. ).

"Regarder la démographie européenne, c'est reconnaître qu'il existe un besoin", explique le démographe Philippe Fargues, directeur du Consortium euroméditerranéen pour la recherche appliquée sur les migrations internationales (Carim), interrogé par Le Monde. "Si l'Europe des Vingt-Cinq n'ouvre pas ses portes, la population âgée de 20 à 40 ans déclinera de 17% d'ici à 2025, celle de 40 à 60 ans stagnera, tandis que celle âgée de plus de 65 ans augmentera de 34%. 

On peut, bien sûr, faire des progrès de productivité ou augmenter l'âge de la retraite, mais il y a peu de chances pour que cela suffise à préserver la capacité de production et de croissance de l'Union." Résultat, pour conserver une population active identique à l'horizon 2025, il faudrait, selon lui, trouver 21 millions de personnes supplémentaires. 

Maghreb, Moyen-Orient : réservoirs de jeunes diplômés
Le démographe poursuit : "il se trouve que dans son voisinage proche, l'Europe dispose dans les pays du Maghreb et du Moyen-Orient d'un réservoir d'une population jeune et formée, confrontée à un risque de chômage important. Au Maroc, par exemple, 75% des femmes qui sont au chômage sont diplômées d'université et les étudiants sortant de l'enseignement supérieur doivent attendre entre un et trois ans avant de décrocher leur premier contrat."

L'immigration, bonne idée pour pallier le manque d'actifs ? L'idée paraît séduire. "Les régularisations massives de sans-papiers en Italie et en Espagne au cours des deux dernières années ont montré que les entreprises utilisaient ce réservoir pour résoudre leurs pénuries de main-d'ouvre, à des conditions souvent inférieures aux obligations légales du droit du travail local", constate Laurence Caramel.

Dans plusieurs états membres de l'UE, des syndicats ont ouvert, dans les pays dont sont originaires les migrants, des bureaux de représentation, afin d'informer de leurs droits les candidats au départs. Depuis maintenant près de trois ans, l'Organisation centrale des syndicats finlandais, SAK, a ouvert une antenne à Tallinn, la capitale de l'Estonie, située à 80 kilomètres d'Helsinki. Dans les locaux de ce "Centre d'information sur le travail en Finlande", les Estoniens candidats à l'expatriation peuvent recevoir des conseils sur les règles en vigueur sur le marché du travail finlandais, ainsi que sur les droits et devoirs des employés et sur les activités syndicales. Cette initiative a été saluée par le Bureau international du travail (BIT). D'autant qu'en 2000, un sondage réalisé pour la SAK avait ébranlé le pays : 400 000 Estoniens, soit un quart de la population de l'Etat balte, semblaient prêts à déferler sur la Finlande.

2,3 millions d'Européens en plus en 2004
En Suède, Kommunal, le syndicat des employés territoriaux, avait lancé une action dans le même esprit il y a quelques années en allant distribuer des tracts en plusieurs langues à la descente des ferries en provenance de Pologne.
L'image de forteresse de l'Europe est donc à relativiser. En 2004, la population de l'Union a augmenté de 2,3 millions d'habitants, soit la plus forte hausse depuis 30 ans. 80% de cette augmentation serait due à un solde migratoire positif indique l'office de statistique européen Eurostat. En une année, 1,9 million de personnes seraient ainsi venues, du seul fait des migrations, gonfler les rangs de la population européenne.

L'immigration pourrait cependant ne pas être une solution miracle pour combler les emplois laissés vacants par le papy-boom. En 2001, le Commissariat général du Plan avait organisé un séminaire d'études réunissant 60 spécialistes sur le thème "Immigration, marché du travail et intégration". Le démographe Didier Blanchet, chef du département Emploi et revenus d'activité de l'Insee, redoutait alors qu'une augmentation importante de population n'ajoute demain au problème des retraites, avec une cohorte supplémentaire de pensionnés dont l'intégration n'aura pas été programmée. Selon lui, compter sur le seul recours à l'immigration ne reviendrait qu'à surseoir au problème du vieillissement : "Doubler la population active demain, c'est quadrupler la population retraitée d'après-demain par rapport à son niveau actuel, donc devoir quadrupler la population active d'après-demain et ainsi de suite", expliquait-il.

La politique d'immigration de l'Union européenne devra donc être savamment échafaudée, s'appuyant sur le maniement de la carotte et de la menace.


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