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Mon époque

Par Yolaine de la Bigne, Le Figaro

France

 10 decembre 2005

 

Un marché en os - Des smokings et des robes de chambre - Teindre son caniche en rose - Des colliers bordés de fourrure... 

Sacrés cabots, ces Français ! Ils sont, dans le monde, parmi les plus gagas de leurs chiens et parmi ceux qui les abandonnent le plus... Un paradoxe de plus dans l'Hexagone, qui subit la mode du toutou qui a tout : plus de 8 millions de Milou, soit 52% des foyers, répartis dans toute la France, surtout à la campagne et dans les petites villes, contre 9% seulement dans l'agglomération parisienne. Un marché en os qui semble se développer depuis quelques mois avec des ouvertures d'adresses parisiennes chics et incontournables pour faire son show avec son chow-chow : PinceLoup (53, quai des Grands-Augustins, VIe), une boutique de luxe qui propose colliers-montres, lunettes de plongée et vêtements griffés ; la Canicrèche (32, rue de Turbigo, IIIe), première crèche pour chiens, inspirée des «dog day care» américains, qui comprend un gymnase avec parcours d'obstacles, des aires de repos individuelles pour éviter les crêpages de poils et diverses formules de garderie ; ou Mon Bon Chien (12, rue Mademoiselle, XVe), première boulangerie pour gourmands à quatre pattes.

Les fashionistas peuvent commander chez Dog & You (www.dogsand you.com) smoking, robe de chambre ou imperméable pour cockers coquets, tandis que les plus snobs restent fidèles à quelques vieilles institutions comme la maison Godard (233, rue Saint-Honoré, Ier), malletier chéri de l'aristocratie du XIXe siècle, chez qui l'on peut encore trouver de ravissants colliers bordés de fourrure et de somptueuses gamelles de voyage bordées de cuir. Rien à voir tout de même avec les Américains, rois du secteur, qui ont commercialisé - rien qu'entre janvier et octobre 2005 - 465 nouveaux produits pour chiens, dont du vernis à ongles (en 12 tons différents), le Color Highlight, qui permet de teindre les poils de son caniche en orange, rose, cuivre ou bleu, pour l'assortir à sa jupe, ou le vaporisateur anti-stress, qui nous endort Médor quand on le laisse seul à la maison.

Les raisons de ce délire ? Le vieillissement de la population, le prolongement du célibat, la fréquence des divorces, qui incitent à rechercher dans l'animal une part de notre enfance, un peu de douceur dans un monde de brutes. Le chien donne la patte à ceux qui vivent seuls et sans enfants. Psychologies Magazine, dans son enquête «L'animal remplace-t-il l'enfant ?», rapportait des études prouvant que «les femmes privilégiaient les petits chiens ou les chats dont les faciès au museau court et au crâne rond sont les plus proches de ceux d'un bébé»... Quitte à faire un transfert, alors quid des 100 000 malheureux chiens recueillis chaque année à la SPA ? Ils ont, en majorité, vécu la même histoire : achetés tout mignons sur un coup de coeur, comme des peluches animées, pour être rejetés à l'âge adulte, car ayant besoin de sortir, de courir et d'être éduqués comme tous les chiens normaux... Les associations de défense de ces pauvres bêtes dénoncent cet «usage» de l'animal-objet, souvent élevé et vendu dans des conditions douteuses, toujours envisagé loin de la réalité du chien, qui n'a besoin ni de crème solaire ni de robe en dentelle, mais de croquettes et d'amour. Chien-jouet ou compagnon d'une solitude mal gérée ? Une question qu'on pourrait faire chienne...


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