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Des propositions pour l'emploi des seniors

Par Pierre Simon*, Les Echos

France

11 janvier 2006



* Pierre Simon est le président de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris.

La question de l'emploi des seniors a été trop longtemps sous-estimée. Aujourd'hui, il nous faut prendre la mesure des enjeux cruciaux qui y sont attachés, notamment pour la croissance économique et le développement des entreprises. Un débat public est amorcé, et la Chambre de commerce et d'industrie de Paris entend y prendre part, en particulier dans la perspective de la préparation par le gouvernement d'un plan national d'action concerté en faveur de l'emploi des seniors, qui devrait être présenté début 2006.

Finissons-en avec cette conception malthusienne longtemps admise, selon laquelle l'emploi des seniors briderait l'emploi des jeunes. Cette vision négative et stéréotypée des seniors a conduit la France dans une impasse. Non seulement le problème du chômage des jeunes n'a pas été résolu, mais encore le taux d'emploi des seniors a baissé à des niveaux parmi les plus faibles des pays de l'OCDE autour de 58 % pour les hommes (soit au 22e rang) et de 47 % pour les femmes (soit au 15e rang).

Les évolutions démographiques à venir, qui vont accroître le poids des plus âgés dans la société et ralentir la croissance de la population active, appellent des mesures énergiques tendant à allonger la durée d'activité des actifs et à faciliter les départs progressifs, et donc retardés, à la retraite. Pour l'essentiel, ces solutions sont largement connues, mais gagneraient à être réactivées, soutenues par une déterminante évolution des mentalités. Un chantier transversal s'impose en effet : celui d'une revalorisation du travail des seniors, souffrant d'une représentation trop souvent négative fortement induite par trente ans de politiques de préretraite. Alors, entreprenons des campagnes de communication, au niveau national, tant à destination des chefs d'entreprise que des salariés, ou encore du service public de l'emploi. Ce genre de démarche a fait ses preuves à l'étranger, en Finlande notamment : suivons ces exemples et soyons convaincus qu'en matière de GRH, les compétences importent plus que l'âge, que l'usure professionnelle n'est pas systématiquement de mise après 50 ans, qu'une vie active n'a pas vocation à s'interrompre à 55 ans.

A ce propos, ne faudrait-il pas revenir sur la dispense de recherche d'emploi pour les chômeurs âgés, disposition qui participe à l'idée qu'un senior n'a plus sa place sur le marché de l'emploi ? Ce serait un signal fort en faveur de la réhabilitation de l'activité des plus âgés (quitte à prévoir des dérogations ponctuelles).

Quant aux solutions plus ciblées, les partenaires sociaux et de nombreux rapports publics émanant par exemple du Conseil d'orientation des retraites, de l'OCDE ou de l'Igas en ont formulé. Certaines d'entre elles méritent une attention plus particulière et des compléments le cas échéant. D'abord, parmi les mesures tendant à relever le taux d'emploi des seniors, il est nécessaire d'aménager un cadre juridique plus favorable. L'instauration d'un « contrat de mission senior », sur le modèle du « contrat de chantier » ou du « contrat de mission à l'exportation », qui prendrait naturellement fin avec la réalisation d'une mission préalablement définie, devrait ainsi permettre d'élargir les possibilités d'accès à l'emploi pour les seniors. Une telle formule aurait l'avantage de valoriser l'expertise et les capacités d'adaptation des seniors tout en offrant une grande souplesse de gestion de l'emploi aux entreprises. On pourrait également étendre à l'intérim la possibilité, offerte par l'accord collectif sur l'emploi des seniors du 13 octobre dernier, de conclure un CDD de 18 mois avec des chômeurs de plus de 57 ans qui n'auraient pas acquis des droits pour une retraite à taux plein.

Réforme tout aussi nécessaire, il faut lever les obstacles financiers (réels ou supposés) au maintien ou au retour dans l'emploi des seniors. La réduction du coût du travail des salariés âgés pourrait être opportune dans cette voie. Les pratiques salariales sont encore, dans notre pays, en grande partie basées sur l'ancienneté, à la défaveur de l'emploi des seniors. Il est donc indispensable d'encourager toutes les initiatives qui tendent à introduire davantage de flexibilité dans la gestion des rémunérations. Supprimons enfin la contribution Delalande, véritable frein à l'embauche, qui n'a jamais fait la preuve de son efficacité comme outil de lutte contre le chômage des plus de 50 ans, comme l'ont démontré la CCIP et de nombreux rapports publics.

Quant aux solutions visant à assouplir la transition entre les statuts d'actif et de retraité, différentes pistes doivent être rappelées. Une fois la retraite liquidée, la reprise d'activité, sous quelque forme que ce soit, doit être encouragée et le dispositif emploi-retraite doit être réformé prioritairement en ce sens. Le plafonnement à hauteur du dernier salaire d'activité dans le régime actuel est en effet fortement dissuasif à la reprise d'une activité et incite aux montages juridiques plus ou moins légaux pour le contourner. De plus, il n'a jamais été établi que l'interdiction du cumul emploi-retraite ait des incidences notables sur l'emploi, bien au contraire.

Dernier point sur lequel une attention doit être portée : les dispositifs d'aménagement des fins de carrière, qui devraient se développer, compte tenu de l'arrêt des préretraites. Outre une réelle impatience à l'égard de décrets d'application sur la retraite progressive, qui ne sont toujours pas publiés, la CCIP manifeste son intérêt pour le développement du tutorat. Cette voie apparaît en tout point pertinente pour assurer le transfert des compétences et valoriser ainsi l'expérience des seniors. Mais le statut des tuteurs reste encore flou et demanderait à être précisé.

Enfin, il convient d'améliorer les conditions de recours au travail à temps partagé, notamment par le biais des groupements d'employeurs. C'est sans doute une voie marginale mais qui n'est pas à négliger pour autant. Pour faciliter leur constitution et vaincre la réticence des petites entreprises à leur égard, la responsabilité financière de ses membres devrait être limitée.


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