L’INSEE
publie aujourd’hui ses tableaux de l’économie française. La montée
des risques est de plus en plus déportée des grandes entreprises vers
les ménages.
Le
visage de la France a sensiblement changé depuis 2002, comme le montrent
les Tableaux de l’économie française (édition 2006) que publie
l’INSEE aujourd’hui. Le recueil de deux cents pages, riches de
nombreux tableaux et graphiques, est partagé en cinq grands thèmes :
Territoire et population, Société et modes de vie, Emplois et revenus,
Économie et finance, Système productif. L’ensemble laisse apparaître
des modifications assez sensibles, depuis cinq ans, des données économiques,
financières et sociales dans l’Hexagone, au point que l’année 2006
semble confirmer de profondes mutations.
Il y a
bien sûr le choc démographique, qui se profile avec un taux de natalité
qui ne cesse de diminuer. De 13,1 pour 1 000 habitants en 2000, il est
passé à 12,7 en 2005. La pyramide des âges en France ne cesse de s’élargir
au profit des classes les plus âgées. Les personnes de 75 ans et plus
continuent leur ascension au point de représenter, selon les calculs pour
2006, 8,2 % de la population en France (contre 7,2 % en 2000). Dans un
effet de ciseaux, les moins de 20 ans ne représentent plus que 24,8 % en
2006 (contre 25,6 % en 2000). L’enjeu du vieillissement et du
resserrement de la population active est tel qu’il nourrit aujourd’hui
avec force le débat politico-économique. La droite y apporte ses réponses,
par exemple en faisant de l’immigration « choisie » ou de
l’allongement de la vie au travail quelques-uns de ses chevaux de
bataille.
Les
documents de l’INSEE montrent également un fort désendettement des
entreprises de 2001 à 2004. En sens inverse, la dette des ménages
explose (voir graphique). Alors que le taux d’endettement des sociétés
non financières tombe de 111 % en 2001 à moins de 106 % en 2004,
l’endettement des ménages s’accélère nettement, de moins de 54 % à
60 % sur la même période. La hausse de l’encours des crédits aux ménages
concerne surtout l’habitat. Surfant sur la baisse nominale des taux
d’intérêt, l’encours des prêts immobiliers grimpe de 386 milliards
d’euros en 2003 à 504 milliards en 2005. La hausse concerne également
les crédits de trésorerie qui semblent, en quelque sorte, prendre le
relais des revenus salariaux dans le soutien à la consommation. L’évolution,
en euros constants, des salaires moyens laisse apparaître une nette dégradation.
Après avoir connu des taux de croissance positifs entre 1997 et 2001 (exceptée
2000), l’évolution des salaires nets est constamment négative de 2002
à 2004 (voir graphique). Là aussi, les sources de financement des ménages
sont de moins en moins sécurisées. La part des heures supplémentaires,
des primes et des compléments de salaires dans la masse salariale brute
moyenne est de 13 % en 2004, augmentant pour la troisième année consécutive.
Comme réponse à la fragilisation des revenus, l’économie française
se tourne de plus en plus vers les pays à bas coûts. Avec un solde
commercial qui se dégrade fortement depuis 2003, les importations en
provenance d’Europe centrale et de l’Est bondissent de 27 % comme
celles en provenance de la Chine, certains secteurs comme le textile étant
particulièrement touchés. Les tableaux livrés par l’INSEE laissent
donc apparaître une société où la montée des risques est déportée
vers les ménages et les salariés.
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