Home |  Elder Rights |  Health |  Pension Watch |  Rural Aging |  Armed Conflict |  Aging Watch at the UN  

  SEARCH SUBSCRIBE  
 

Mission  |  Contact Us  |  Internships  |    

        

 

 

 

 

 

 

 

 



La France n'arrive pas à traiter la question des seniors au volant


Par Alain Constant, le Monde

France


14 Décembre 2007

L'épisode date de plusieurs années, mais Alain se le rappelle parfaitement : "J'étais assis à l'avant du véhicule, au côté de mon père, âgé à l'époque de 77 ans et qui conduisait son petit monospace. Pour la troisième fois en une semaine, il a mal négocié un virage et cogné à faible vitesse le trottoir, côté droit. Je lui ai demandé de stopper et nous avons eu une discussion. Je lui ai fait part de mes inquiétudes concernant son aptitude à conduire. Il m'a écouté et le lendemain, il vendait son véhicule..." 

Souffrant de troubles de la vision, le père d'Alain, titulaire du permis depuis plus d'un demi-siècle et conducteur sans histoires, a eu l'intelligence d'arrêter à temps. Mais ce cas de figure n'est pas si fréquent. Car lorsqu'un proche demande à un parent âgé, devenu dangereux pour lui-même et les autres, d'arrêter de conduire, la discussion prend parfois des allures de drame familial.
Renoncer à conduire est souvent vécu comme une perte d'autonomie difficilement supportable. Si le proche ne parvient pas à convaincre son aîné d'arrêter de prendre le volant, il est possible de solliciter l'intervention du médecin traitant. Si cette démarche n'aboutit pas, la famille peut informer le préfet qui saisira la commission médicale départementale. Cette dernière convoquera le titulaire du permis et rendra un avis d'aptitude ou d'inaptitude à la conduite.

En France, le dossier des personnes âgées au volant reste un sujet délicat. Alors que la plupart des pays d'Europe occidentale ont mis en place des dispositifs destinés à vérifier régulièrement l'état de santé des conducteurs, la France reste à la traîne. En 2002, le gouvernement avait pourtant annoncé son intention de soumettre régulièrement l'ensemble des conducteurs à une visite médicale obligatoire.

Mais, en 2005, ce projet était abandonné. Raisons invoquées : la difficulté de respecter le secret médical et la perte de confiance dans la relation médecin-patient... Des arguments qui n'empêchent pas la législation d'évoluer puisque les instances de l'Union européenne ont décidé la mise en place d'un permis européen d'ici à 2032. Les nouveaux documents administratifs devront être renouvelés tous les dix ans. Mais la question de la visite médicale restera à la discrétion des Etats.

L'Espagne, l'Italie, la Finlande, les Pays-Bas, la Suisse ou le Danemark imposent une visite médicale à partir d'un certain âge. Une décision compréhensible, car on sait que l'acuité visuelle baisse à partir de 50 ans et que la qualité de l'audition faiblit (30 % de personnes malentendantes ont plus de 65 ans). Bref, les performances psychiques, sensorielles et motrices diminuent avec l'âge.

Au-delà de 70 ans, la luminosité, les contrastes et les couleurs se modifient. Il faut au moins cinq fois plus de lumière pour voir de la même façon qu'à 20 ans. Et la résistance à l'éblouissement diminue, ce qui rend encore plus dangereuse la conduite de nuit. De plus, les effets secondaires de certains médicaments (somnolence, perturbations de l'équilibre ou du système cardio-vasculaire) sont responsables de 10 % des accidents de la route.

Les accidents des seniors surviennent principalement en semaine, de jour, à une intersection ou lors d'un changement de direction. Autant de situations nécessitant une prise de décision rapide. Jusqu'à 75 ans, les personnes âgées n'ont pas plus d'accidents que les autres classes d'âge. Au-delà, les spécialistes évoquent une "zone à risques".

"La société française est en train de changer d'attitude par rapport aux conducteurs seniors", estime le docteur Charles Mercier-Guyon, secrétaire du conseil médical de la Prévention routière. "Nous évoluons vers un modèle d'intégration et non plus de rejet du conducteur âgé. De plus en plus de personnes entre 60 et 80 ans peuvent conduire sans danger." Les responsables de la Sécurité routière multiplient les stages d'assistance ou de sensibilisation destinés aux conducteurs seniors et étudient la possibilité d'améliorer la signalétique, notamment à l'entrée des autoroutes. "Autoriser les gens âgés à conduire ne signifie pas être laxiste ! Détecter à temps les seniors à problèmes fait partie de notre travail", souligne le docteur Mercier-Guyon. 


More Information on World Elder Rights Issues 


Copyright © Global Action on Aging
Terms of Use  |  Privacy Policy  |  Contact Us