Home |  Elder Rights |  Health |  Pension Watch |  Rural Aging |  Armed Conflict |  Aging Watch at the UN  

  SEARCH SUBSCRIBE  
 

Mission  |  Contact Us  |  Internships  |    

        

 

 

 

 

 

 

 

 



A Genève, 400 personnes conduisent à plus de 90 ans

 

Par Isabel Jan-Hess, Tribune de Genève

 

Suisse

 

4 Août 2008

 

Les personnes âgées sont impliquées dans plus d'un accident sur dix !

 

Visites médicales tous les deux ans et courses de contrôle guettent les plus de 70 ans qui veulent rester au volant. Pour les personnes âgées, le permis est synonyme d'autonomie. Le perdre peut être vécu comme un drame.

La mort, en juin dernier, d'une mère de famille sur un passage piétons relance le débat sur la conduite des personnes âgées. L'octogénaire qui a percuté le couple à l'avenue d'Aïre a assuré ne pas avoir vu ces personnes s'engager sur le passage sécurisé. Simple distraction ou manque de réflexes à 85 ans? La question reste ouverte. Alors que Genève compte 409 personnes de plus de 90 ans au bénéfice d'un -permis de conduire valable. 
En Suisse, toute personne de plus de 70 ans souhaitant continuer à conduire doit se soumettre à une visite médicale. Elle est en effet considérée comme une catégorie à risques. «La législation fédérale est très précise, explique Brigitte Perez, adjointe à la direction du Service des automobiles et de la navigation (SAN). Deux mois avant leur anniversaire, toutes les personnes, inscrites comme possédant un permis de conduire, reçoivent un courrier -accompagné d'un formulaire médical.» 

Contrôle médical non remboursé
Un questionnaire qui devra être retourné au SAN, après une visite médicale. Une consultation obligatoire donc, mais non prise en charge par les assurances maladie, que le retraité doit effectuer chez un des 60 médecins-conseils. Une visite tarifée à 160 francs, comprenant essentiellement des tests de réflexes et de vue. Des contrôles qui seront renouvelés tous les deux ans au minimum. 
Lorsque le médecin a un doute sur l'aptitude du patient à la conduite, malgré des résultats probants aux tests de base, il le dirige ensuite vers l'Institut de médecine légale, plus précisément vers l'Unité de médecine de la psychologie du trafic. 
Là encore, la série de tests, neurologiques cette fois, n'est pas remboursée. «Si après tous ces examens, le médecin-conseil a toujours une hésitation, il peut alors imposer une course de contrôle avec un inspecteur du SAN, ajoute Brigitte Perez. Il s'agit d'un examen pratique, identique à celui que l'on passe pour obtenir le permis. Il est réalisé par des inspecteurs spécialisés dans le domaine de la conduite des personnes âgées.» 

Course de contrôle obligatoire après six mois
Si un conducteur de plus de 70 ans dépose son permis pour inaptitude durant plus de six mois, il ne lui est rendu que suite à une course de contrôle. Certains retraités devant subir une intervention chirurgicale, le SAN ou leur médecin leur demande de déposer leur permis. S'ils reviennent avec un certificat d'aptitude à conduire, délivré par un médecin-conseil, dans les six mois, ils repartent en voiture, au-delà, ils sont soumis à l'examen pratique. 
Lorsqu'un automobiliste âgé est impliqué dans un accident de voiture, il arrive que la police signale un doute sur ses capacités à conduire. La personne est alors convoquée pour une visite médicale, puis suivie selon la procédure citée plus haut. D'après le SAN, ce sont aussi parfois des familles qui dénoncent un proche qu'ils estiment dangereux au volant, pour lui-même ou pour autrui. 
Parfois, lorsqu'une personne âgée est reconnue partiellement inapte à la conduite, elle peut bénéficier d'une dérogation territoriale. «C'est une mesure exceptionnelle, peu utilisée à Genève, assure la direction du SAN. Elle concerne principalement des personnes résidant dans un lieu isolé, afin de leur permettre de se rendre dans les commerces les plus proches ou chez le médecin. Mais ce sont toujours des décisions prises au cas par cas.» 
Il arrive parfois aussi que quelqu'un soit jugé inapte à la conduite d'une voiture ou d'une moto, mais puisse continuer à conduire un cyclomoteur. 

Recours juridique possible
Lorsqu'un retrait de permis est ordonné, le conducteur doit déposer immédiatement son bleu et arrêter de conduire. «C'est ce qui se passe quand, après une course de contrôle, l'inspecteur juge le retraité inapte, souligne l'adjointe de direction. Ce sont parfois des drames en direct, car la personne arrive avec sa voiture et doit repartir à pied.» Si l'obligation de déposer son permis est indiscutable, la décision peut néanmoins faire l'objet d'un -recours auprès du Tribunal administratif. 

«Le permis, c’est son autonomie»
A 98 ans, Louis conduit encore chaque jour et n’imagine pas la vie sans voiture. Sa fille nous explique l’importance que représente le bleu pour ce presque centenaire débordant d’énergie.
«Excepté un problème de surdité, atténué par un appareil, mon père est parfaitement alerte. Il vit dans un village isolé et ne pourrait pas vivre sans voiture. Chaque jour il se rend au centre commercial, à quelques kilomètres ou chez des amis. Ce sont des itinéraires qu’il connaît. Il est vrai que, depuis quelques années, il ne circule plus en ville. Mais il emprunte encore régulièrement l’autoroute. Il est très indépendant, il gère complètement sa vie.
«Il ne pourrait plus vivre seul»
Mon père a toujours eu une voiture. Il perdrait toute son autonomie et ne pourrait plus vivre seul s’il n’avait plus de permis. Il devrait intégrer un EMS et il ne veut pas en entendre parler. Jusqu’ici, il a toujours passé les tests médicaux obligatoires sans aucun souci. On lui a juste demandé de renoncer à conduire lorsqu’une opération de la cataracte avait été programmée.
Au-delà des déplacements, la perte du permis de conduire serait vécue comme un véritable drame, comme une déchéance. Ça lui ferait beaucoup de mal. Je crois qu’il ne le supporterait pas.»
(ijh) 

«La voiture rythme mon quotidien»
A 73 ans, Annemarie redoute le jour où elle devra déposer son bleu.
«La voiture rythme mon quotidien. Ma vie est organisée autour de mes déplacements, car j’habite hors de la ville. Il y a bien un bus, mais il passe trois fois par jour et l’arrêt se trouve à 15 minutes à pied de chez moi.
Avec mes problèmes de dos: impossible. Sans voiture je devrais déménager et surtout dépendre de tiers pour tous mes déplacements. Car même au centre-ville je ne pourrais aller faire mes courses seule. Je ne peux rien porter. Ici, je décharge ma voiture au garage et je mets tout directement dans l’ascenseur.
«Toute ma vie serait chamboulée»
Ce sont toutes ces petites choses banales du quotidien qui seraient chamboulées si je devais déposer mon permis. Et je me déplace encore beaucoup pour des loisirs, des vacances ou des activités professionnelles que j’ai gardées. Là aussi, sans voiture, tout serait remis en cause.
Je me sens, aujourd’hui encore, très à l’aise. Mes premiers tests de réflexes étaient excellents. Mais lorsque j’aurai le moindre doute sur mes réflexes, je renoncerai de moi-même. Mais ce sera difficile, surtout moralement. Cela fait cinquante-quatre ans que je conduis. J’étais même la première femme de mon village à prendre le volant. Et j’aime conduire.» 
(ijh) 

Statistiques
Sur 3560 accidents de la circulation en 2006:
409 ont concerné des conducteurs deplusde 65 ans.
268 étaient responsables de l’accident.
14000 personnes sont convoquées chaque année à la visite médicale. Près de la moitié renoncent au permis.
En 2008, Genève compte 400 conducteurs de plus 90 ans


More Information on World Elder Rights Issues 


Copyright © Global Action on Aging
Terms of Use  |  Privacy Policy  |  Contact Us