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En finir avec le monde du silence où les aînés sont consignés

 

Par Geneviève Jurgensen, Notre Temps citée dans Seniorscopie.com

 

8 Décembre 2008

 

France

 

Geneviève Jurgensen, directrice de la rédaction de Notre Temps, veut que l'on en finisse avec l'ostracisme qui frappe les aînés assignés à une sorte de monde du silence sans droit à la parole.


Geneviève Jurgensen peste contre les sociologues et les intellectuels qui, face au vieillissement, proposent de pondérer le vote des aînés, lui accordant une force dégressive en fonction de leur âge. D'autres proposent même de leur enlever le droit de vote. Ce qui est le cas pour les jurés Goncourt âgés de plus de 80 ans. 


"Le groupe Bayard a toujours donné la parole à ceux qui ne l'avaient pas. Or, il n'a jamais fait aussi bon vivre avec une espérance de vie aussi importante. Mais la parole sur les grandes interrogations relatives à l'âge reste gelée alors que le sujet taraude les adultes avançant en âge. Ne pas en parler peut créer du malheur pour les aînés, leurs enfants et petits-enfants. Il nous faut écouter et aider les plus de 70 ans à définir leur futur, à préparer.les décisions qui engagent leur avenir, à trouver une position permettant à la relation humaine de se maintenir jusqu'au bout. Ceci est bon pour toutes les générations." 

Des institutions qui décident pour les aînés


Le risque est très fréquent que des instances diverses ne décident à la place des aînés de ce qui est bon pour eux sans solliciter leur avis. Geneviève Jurgensen fonde son intuition sur l'exemple d'un oncle âgé de 97 ans, grand lecteur, grand débatteur, qui, devenu aveugle, ne pouvait plus accéder aux journaux ou aux essais qu'il chérissait. Quelqu'un venait chaque jour lui faire la lecture, chaque jour, une voix différente, qui reprenait la lecture là où la précédente personne l'avait laissée, avec la même rigueur mécanique qu'un magnétophone doté de la fonction "play". Ce que l'oncle souhaitait était de pouvoir échanger et c'est ce dont on le frustrait sans lui demander son avis, sans doute aussi au préjudice de la lectrice ou du lecteur.

"Votre ticket n'est plus valable"


La crainte de Geneviève Jurgensen est que le fait de commencer à rogner sur les droits des personnes à décider pour elles mêmes quelque soit leur âge n'est pas de bon augure pour leur latitude à vivre pleinement au sein d'une société redoutant le reflet de son vieillissement dans le miroir. Il est parfois dit au vieux que "son ticket n'est plus valable". Une escalade dans le rétrécissement de leurs droits sociaux est possible. Ceci peut présager de décisions discriminantes du simple fait de l'âge. Parallèlement, Jean-Yves Ruaux évoque le risque d'une "rétrofiscalité agiste", une imposition croissante sur les retraites, destinée à compenser la "dette" des aînés envers les jeunes moins favorisés.


L'enquête menée auprès des plus de 70 ans par TNS Sofres, avec le concours de Notre Temps et de Mondial Assistance, est une première visant à renverser un courant jeuniste persistant. 



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