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Ndieme Diop, 65 ans, Présidente de l’association des personnes âgées à la retraite : la cause!

 

By Aissatou Laye, Lagazette.sn

 

25 Juin 2009

 

Sénégal

 

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Ndiémé Diop, une idéaliste de 65 ans, veut redonner à la vieillesse ses lettres de noblesse et le rang qui lui est dû dans un pays où les seniors sont relégués au second plan à l’exception du président de la République. Bonne nouvelle. On dit que c’est une dame de fer. On parle d’elle comme on parlerait d’un homme. Elle inspire le respect, c’est signe qu’elle avance. Il faut dire qu’en trois ans, elle a mis le paquet en dirigeant l’Association Wakhou Mack des personnes âgées et retraitées de la section de Thiaroye Diacksao niché dans la grande banlieue dakaroise. Le programme est énoncé d’une voix douce, précise, ferme aussi, par une vieille dame de 65 ans, qui rougit facilement mais n’à pas froid à ses grands yeux marron. Dans sa façon de mettre sa tête un peu en arrière et de sourire sans être narquoise, il y a une détermination farouche sur le but à atteindre. Mais aussi une disponibilité totale sur le chemin à emprunter. Elle déclare : « Les personnes du troisième âge qui n’ont pas de ressources, nous voulons que l’Etat leur fasse des dons de temps en temps, qu’il augmente la pension alimentaire des retraités, qu’il advienne mieux à la santé des personnes âgées. » Un combat légitime.


Ce n’est pas la réduire à ses rides qui sont les stigmates de son âge que de dire que, chez Ndiémé Diop, la fraîcheur vient de cette mémoire d’éléphant qui se souvient des dates avec précision. Elle frémit à l’intérieur, mais sa colère a choisi d’arpenter les chemins « tortueux » du plan Sésame. Elle pense qu’il ne suffit pas de prononcer le mot magique pour se voir ouvrir toutes les portes. S’écoeure que quand tu amènes le plan Sésame dans l’espoir d’être pris en charge par l’Etat, tu te fourres le doigt dans l’œil. Car, les hôpitaux te réclament de l’argent, surtout à l’hôpital Le Dantec. Depuis trois ans, elle mène un combat avec hargne, penchant sécuritaire oblige, mais sans recourir à la délation. « C’est une femme de conviction, pertinente, réceptive, attentive qui cherche la vérité et n’a pas de désir de vengeance. Son seul défaut c’est qu’elle est un peu naïve. », constate Yaya Camara, 60 ans, coordonatrice de l’Association.


Il y a longtemps que pareille vieillesse n’avait pas défié, avec une telle vigueur, les autorités censées s’occuper d’elle. Il est possible que le dernier exemple remonte au coup de force avec l’Institut de prévoyance retraite du Sénégal (l’Ipres). Ce dernier qui a laissé leur dossier dormir dans les placards pendant 6 mois. Alors que 45 jours auraient suffi pour éplucher le tout. Ndiémé a rappelé à l’ordre l’institut qui promet de s’atteler aux revendications de l’Association, ce mois-ci. Mais, là où ses pairs dénoncent, en assénant, en asséchant, Ndiéme Diop n’offre à partager que son envie de penser plus loin. Aux règlements de compte, elle préfère les points d’interrogation. « Pourquoi, l’Etat n’a jamais satisfait aucune de nos revendications ? Pourquoi il ne nous fait que des promesses ? » Elle parle davantage à la première personne du pluriel que du singulier, malgré une histoire très singulière. En effet, Ndiéme est la seule femme depuis la création de l’Association, il y a 11 ans, à occuper le poste de président. Elle est de la famille de ceux qui relèvent le menton et s’entêtent à donner le change quand bien même la désolation s’imposerait. Elle confie : « Je veux qu’on respecte le droit des personnes âgées. Et dans ce pays, ce n’est pas le cas. »


Contrairement à Aissata Tall Sall ou à Aminata Tall, son seul prénom n’a jamais rien dit aux foules. Encore aujourd’hui, on ne le reconnaît pas dans la rue. On prédit généralement à ce genre de personne, vieille et radicale, un lent et sûr glissement vers l’aigreur. Une senior doit, selon l’usage, porter devant l’autel, du vieux, du délavé et de l’emprunté. Il n’y a pas ça chez Ndiémé. Elle recommande à ses pairs d’abandonner l’ambition de devenir une « drianké » qui se complait à se vautrer du matin au soir sur place ; de faire de la marche comme elle qui arpente deux kilomètres par jour (de son domicile à la mairie de Thiaroye Diacsao) ; de manger du lakh ou de la bouillie le soir même si elle avoue que ce n’est pas à la portée de toutes les bourses. Son théorème : « le Sénégalais vieillit mal et on peut l’éviter. » Utopie ? Passée à la broyeuse quatre vingt-huitards, ne laisse aux vieux qu’une vieille carcasse qui ne sait plus comment elle s’appelle. « Il faut aussi s’occuper de l’esprit en lisant sinon on perd facilement la mémoire. » Vous avez raison madame !


Ndiémé est fille d’un chauffeur dans l’administration et d’une mère au foyer. Dakaroise dans l’âme, elle est née à la rue Valmy. La lébou est membre d’une fratrie composée de quatre sœurs et de trois frères. Excellente élève, sa vie est l’histoire de la découverte du « je » et de son insondable propension à la soumission. La volonté du pater de ne pas la voir à l’école française retarde son inscription. Elle se souvient : « C’est mon oncle qui est venu dire à mon père que c’est vraiment insensé de ne pas m’inscrire à l’école. » Résultat : Elle est au CE1 quand son groupe d’âge est au CE2 à l’école Clemenceau. C’était en 1953, elle avait 9 ans. Le Certificat d’études primaires en poche, elle entame un stage à 13 ans comme monitrice rurale. A 15 ans, elle est recrutée à la Banque Internationale pour l’Afrique l’Occidental (Biao) comme trieuse en percevant 15 mille FCFA par mois. De 1966 à 1980, Ndiémé vit à Kaolack, elle est magasinière à l’Office nationale de coopération et d’assistance au développement (Oncad.) La dissolution de la société entraîne son retour au bercail. Ndiéme rentre à Dakar et vend des denrées alimentaires au Port autonome de Dakar.


Elle se marie à 20 ans avec le père de ses enfants. Divorcée, il faudra attendre des lustres pour qu’elle se remarie. Prétextant que « ce n’est pas facile avec les hommes. » Monsieur Samb réussira l’impossible, il lui mettra la corde au cou en 2001. En 1997, la politique la mène à la Mairie de Tiavoune Diacsao où elle aide les personnes qui ont perdu leur mari à avoir accès aux formalités et à la paperasse administrative. Chez Ndiéme Diop, c’est réunion, hier, ce soir et demain. Pas tellement de place pour autre chose, même si l’essentiel de ses amis appartiennent à l’Association. Même si elle est mère de 6 enfants dont les quatre sont tragiquement passés de vie à trépas. Même si elle est grand-mère de six bambins qu’elle « adore ».


Pour l’heure, elle assure de par son intransigeance sur les principes, derrière son humeur sans soubresauts. Avec ses gilets discrets et sa réserve presque maladive. « Ma mère disait que je suis lente. » Ndiéme a de faux airs d’enfant sage. Mais un besoin rageur l’habite : ne pas se laisser intimider. La dame parle peu de sa mère, ne la revisite pas, en tout cas, pas à haute voix. « On reste à hauteur d’enfant, ça ne peut pas bouger. » Elle est plus vieille qu’elle, désormais. Et donc autorisée à grandir. Ouf, l’histoire est terminée. Ouf, il y a du nouveau dans les structures sociales. Ouf, l’interminable règne des jeunes maîtres à penser s’achève. Une nouvelle génération plus téméraire prend le relais. Comme pour dire, il faut faire du jeune avec du vieux ! Ndiémé ajoute « mak yàgg na ak yalla ». On a juste oublié de vous dire qu’elle fait 1.70 m pour 80 kg et adore l’encens.


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