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Dossier. Quel avenir dans un monde qui vieillit ?  

La Croix


16 novembre 2009

France

 

Les baby-boomers deviennent des papy-boomers. Le début de la bascule a eu lieu en 2006, lorsque la première génération nombreuse des enfants nés au sortir de la guerre a atteint 60 ans. Le vieillissement, entamé il y a cent cinquante ans, reprend ainsi son cours après avoir été un temps ralenti par la lame de fond du baby-boom. Le vieillissement va de ce fait s’accélérer dans les trente ans à venir, puis finira par se stabiliser vers le milieu du siècle. En attendant, comment cette révolution démographique va-t-elle être vécue par les différentes générations ? C’est ce que La Croix se propose d’examiner pendant quatre semaines.

Dès 1870, la France comptait 12,3 % de sexagénaires, contre 7,6 % et 7,7 % chez ses voisins anglais et allemands. Mais en cette fin de XIXe siècle, la France ne s’intéresse pas au fait qu’elle est le pays le plus âgé du monde. Elle est tout entière préoccupée par sa faible croissance démographique liée à la baisse de sa fécondité qui, selon certains, explique la défaite de 1870. De fait, la première puissance démographique se fait dépasser par ses voisins : les 27 millions de Français de 1800 deviendront 42 millions en 1930, quand dans le même temps les Anglais passeront de 15 à 46 millions et les Allemands de 25 à 64 millions !

Avec le recul, on se rend compte que la population française a vieilli en douceur. Dans son très éclairant Atlas de la population mondiale (1), Gilles Pison, démographe à l’Institut national d’études démographiques (Ined), explique qu’il a fallu cent quatorze ans à la France pour que la proportion des personnes de 65 ans et plus double, en passant de 7 à 14 %. Il n’aura fallu que quarante-deux ans à l’Allemagne pour connaître la même évolution et vingt-quatre ans au Japon.

Ajoutons que les personnes âgées d’aujourd’hui ne sont pas celles d’hier. « Pourquoi le vieillissement est-il toujours appréhendé comme négatif alors qu’il ne s’est pas traduit par une dégradation des conditions de vie ? », interroge Gilles Pison. « On vit plus vieux et on vit mieux », précise Hervé Le Bras de l’École des hautes études en sciences sociales. De fait, l’allongement continu de l’espérance de vie s’accompagne d’une augmentation comparable du nombre d’années de vie en bonne santé. L’âge d’entrée en dépendance recule autant que l’âge au décès. Et on apprécie mieux la vie au fil des ans. « Les personnes qui ont entre 60 et 70 ans ont un ressenti très positif de l’existence ; le degré de satisfaction qui baisse lors des dernières années de vie active augmente dans la première décennie de la retraite », précise Didier Blanchet, responsable du département des études économiques de l’Insee.

« Puisque l’âge auquel on entre en mauvaise santé a reculé de dix ans en quelques décennies, il faudrait comparer les plus de 70 ans d’aujourd’hui aux plus de 60 ans d’hier », estime Hervé Le Bras. Même un ajustement plus modeste de cinq ans relativiserait le vieillissement et changerait la vision de la société : les 16,3 % de 65 ans et plus en 2008 se comparant aux 16,2 % de 60 ans et plus en 1950.

Mais on compare toujours les 21,8 % de 60 ans et plus de 2008 aux 16,2 % de 1950 et aux 31,9 % de 2050 (dans le même temps, en un siècle, les moins de 20 ans auront baissé de 30,1 % à 21,9 %). « On découpe la population en trois groupes d’âges fixes : les jeunes de moins de 20 ans, les adultes actifs de 20 à 60 ans et les âgés inactifs. Les statistiques n’aiment pas les limites floues, pourtant les frontières de la vie sont mouvantes, la jeunesse et la durée de la scolarité se sont considérablement allongées, les âges de la retraite aussi, constate Gilles Pison. Il faudra sortir de cette vision de la vie saucissonnée en trois périodes et imaginer de nouvelles manières de vivre mélangeant activité professionnelle, formation et loisirs au fil de l’existence. Cela semble utopiste, pourtant, la question se posera forcément. Si l’on parle de conflit des générations c’est seulement parce qu’on oppose les générations les unes aux autres. »

Parce que l’on oppose la part des inactifs, en augmentation, à celle des actifs, en baisse. Et parce que l’on s’inquiète, en conséquence, du financement des retraites. Mais y remédier en allongeant la durée d’activité des seniors ne risque-t-il pas de concurrencer les jeunes sur le marché de l’emploi ? « Il est probable que le problème de l’emploi des jeunes relève d’autres causes que de celle de la concurrence entre les générations », estime Didier Blanchet. Il en veut pour preuve, entre autres, le fait que les politiques passées de mise en préretraite n’ont pas créé d’emplois pour les jeunes.

« Il n’y a pas de guerre des générations mais des écarts qui se creusent », relativise Hervé Le Bras. « Dans les années 1970, poursuit-il, les pauvres étaient des personnes âgées, aujourd’hui les pauvres ce sont plutôt les jeunes. Le taux de chômage est plus important chez les jeunes que parmi les seniors. Les personnes âgées ont un patrimoine plus important que les actifs. La société a précarisé les jeunes au profit des personnes âgées. » Et laissons à Hervé Le Bras le mot de la conclusion : « On peut souhaiter aux jeunes de devenir des vieux ! »


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