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La démocratie des cheveux gris 


www.letemps.ch

14 septembre 2009


Allemagne

 

Des aînés écoutent un discours du social-démocrate Frank-Walter Steinmeier. (AP)

Des aînés écoutent un discours du social-démocrate Frank-Walter Steinmeier. (AP)

 

Les personnes âgées ont un poids électoral de plus en plus important. Aucune élection ne peut se gagner sans l’appui des plus de 60 ans, qui représentent un tiers de l’électorat 


«Les retraités sont en colère. L’Allemagne est l’un des pays les plus riches du monde et ses vieux touchent une pension de misère. Ça va finir dans la rue!» Interrogé par Le Temps, Eberhard Kopp, secrétaire général du tout nouveau Parti des retraités, manque de s’étouffer d’indignation.


Partout en Allemagne les aînés donnent de la voix pour exiger une réévaluation des retraites, une meilleure couverture santé. Une vague grise déferle sur la campagne électorale. Vingt millions d’Allemands, un électeur sur trois, ont plus de 60 ans et, contrairement aux jeunes, ils sont bien plus assidus aux urnes. Les rares députés qui ont osé critiquer le poids des retraites sur les jeunes générations préfèrent aujourd’hui se faire discrets.


«Contre la volonté des aînés, aucune élection ne peut être gagnée. Les seniors le savent et ils sont de plus en plus conscients de leur force», a prévenu ce printemps déjà le professeur Otto Wulff, président de la Senioren-Union, la fédération des personnes âgées de la CDU qui compte plus de 58 000 membres. Vitale pour le parti conservateur d’Angela Merkel qui, à lui seul, recueille plus de 48% des voix des plus de 60 ans.

Parti des «panthères grises» ou des seniors dans les années 1980, il y a toujours eu des formations plus ou moins éphémères pour défendre la place des personnes âgées dans la société. Mais avec le vieillissement de la démographie allemande, celles-ci sont en passe de se constituer en lobby très puissant. «L’association VdK est politiquement neutre, mais pas apolitique. Elle représente les intérêts sociaux de 1,4 million de membres… et en vue des élections elle confrontera tous les candidats et tous les partis à ses revendications fondamentales», prévient sa présidente Ulrike Macher, une ancienne secrétaire d’Etat sociale-démocrate, experte en assurances sociales. Elle a du mordant et le monde politique la craint.


C’est par ces électeurs-là que la chancelière Angela Merkel a commencé sa campagne électorale le printemps dernier. Elle était venue aux journées nationales des seniors annoncer que les rentes allaient être augmentées cette année de 2,4% en moyenne. Un joli cadeau électoral. Car selon le «facteur Riester», un système complexe qui pondère les hausses des retraites selon l’évolution de la moyenne générale des salaires, les rentes n’auraient une fois de plus pas dû bouger. Les salaires ont moins augmenté que prévu. Mais pas question, cette année, de se mettre à dos les têtes grises. 


Le problème, c’est que les caisses de retraite ont besoin de 240 milliards d’euros par an alors qu’elles ne perçoivent que 160 milliards de la part des employeurs et des salariés, qui versent ensemble l’équivalent de 19,9% du salaire. Pour le reste, c’est l’argent des contribuables qui y pourvoit.


Mais quand on lui parle de ce «cadeau électoral» fait aux personnes âgées, Eberhard Kopp s’étrangle. «Pour la plupart d’entre nous, cette augmentation ne paie même pas un café. Il y a 2 millions de retraités qui vivent au-dessous du minimum vital, des centaines de milliers qui sont contraints de se rendre à la soupe populaire.» Son parti devient désormais important en Allemagne. Pour les élections au Bundestag du 27 septembre, il présente des candidats en Rhénanie du Nord-Westphalie, à Hambourg et au Schleswig-Holstein.


Eberhard Kopp ne craint pas la guerre des générations que prédisent les médias allemands. «Il y a assez de richesse pour une répartition différente. Cela fait cinq ans que nous n’avons pas eu d’augmentation conséquente. Nous voulons un système de retraites comme en Suisse, qui permet de protéger aussi les intérêts des jeunes générations», promet-il.


Le lobby des seniors est devenu sûr de lui et agressif. Il n’y a pas longtemps, le président des jeunes chrétiens-démocrates, Philipp Miss¬felder, avait lancé l’idée, par mesures d’économies, que l’on renonce à l’implantation de prothèses de hanches aux plus de 85 ans. Avalanche de lettres de protestation et même menaces de mort. Jens Spahn, un jeune député conservateur de 29 ans, qui, il y a un an, avait critiqué le cadeau électoral aux retraités sur le dos des jeunes générations, s’est vu menacé directement par le président de la Senioren-Union de Rhénanie: «J’espère que la CDU va le renfoncer profondément dans le sol.» Il a reçu 4000 lettres de protestation, mais aussi le soutien de l’ancien président de la République fédérale Roman Herzog qui a mis en garde contre «une démocratie des retraités».


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