En Chine, on compte sur le fils pour ses vieux jours...

Par Brice Pedroletti, Lemonde.fr

19 Mai 2009

Chine

La politique de l'enfant unique et le recours à l'avortement sélectif, pourtant illégal en Chine, sont responsables d'un excédent de 32,7 millions de garçons âgés de moins de 20 ans, selon une étude commandée à des chercheurs chinois et anglais et publiée début avril par le British Medical Journal. Les familles pauvres des campagnes comptent traditionnellement sur les garçons pour leurs vieux jours, dans la mesure où une fille, après le mariage, est censée contribuer au foyer de ses beaux-parents. Ne pas avoir de garçon fait aussi "perdre la face" aux parents.

Le sex-ratio (le nombre de garçons nés pour cent filles) est à un niveau normal dans les régions à forte minorité ethnique comme le Tibet et le Xinjiang, où la politique de l'enfant unique est plus flexible et l'avortement culturellement moins accepté. Mais il monte à 140 dans les provinces du Jiangxi et du Henan, très peuplées et pauvres. L'étude affirme que l'accroissement du sex-ratio n'est pas dû à la politique de l'enfant unique en soi, mais aux différences de ses modalités d'application entre régions et catégories de population.

Le sex-ratio est ainsi légèrement plus élevé que la normale pour le premier enfant dans les villes, où il est beaucoup plus difficile d'en avoir un second. Dans les campagnes, il est normal pour le premier enfant, mais explose littéralement pour le second (il atteint 190 dans l'Anhui et le Jiangsu).

Les zones rurales sont soumises à une politique plus ou moins restrictive selon que le premier enfant est une fille ou non. Dans certaines provinces, notamment au nord et sur la côte est, seuls 40 % des parents sont autorisés à avoir un second enfant. Dans les régions du centre et du sud, presque toutes les familles ont droit à un second enfant si le premier est une fille. L'explosion du sex-ratio depuis 1986 est concomitante à la généralisation des échographies bon marché par ultrasons dans les zones rurales depuis le milieu des années 1990. Alors qu'il est interdit en Chine de déterminer le sexe d'un embryon, la pratique est largement répandue et conduit à des avortements sélectifs. 

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