Donation
aux petits-enfants. Des règles
à respecter
Par Liliane Gallifet, Paris Match
20 Décembre 2011
France
Paris
Match. Les grands-parents peuvent-ils
librement faire des dons à leurs
petits-enfants ?
Stéphanie
Gaillard-Serougne. Oui, mais il ne
faut pas que leurs propres enfants soient
spoliés. Le Code civil les
protège et leur attribue une part
incompressible du patrimoine de leurs parents.
Quand ils sont lésés, ils
doivent être dédommagés.
Les grands-parents n’ont le droit de
distribuer à la
génération suivante que la
“quotité disponible” : la moitié
s’ils ont un enfant, le tiers s’ils en ont
deux, le quart s’ils ont trois enfants ou
plus. Les comptes seront faits à leur
décès, en fonction du patrimoine
restant, dont le montant est bien difficile
à estimer à l’avance…
Mais qui va
savoir que les grands-parents ont trop
donné à leurs petits-enfants ?
C’est le rôle du notaire. Au
décès du donateur, il
vérifie que chaque enfant a reçu
son dû. Pour cela, il “rapporte”
à la succession les dons consentis aux
petits-enfants (ou à d’autres), mais
pour leur valeur à la date de
l’ouverture de la succession ! Plusieurs
problèmes peuvent apparaître : la
quotité disponible a été
dépassée, l’un des enfants, sans
descendance, est lésé par
rapport à ses frères et sœurs
parents de famille nombreuse. Ou encore, les
dons se sont valorisés de façon
très divergente : un petit-enfant a
investi dans un studio, alors que l’autre a
cassé la voiture qu’il avait
achetée. Il faut alors tout
rééquilibrer… dans la douleur !
Comment
éviter les effets indésirables
d’une donation à ses petits-enfants ?
Opter pour un pacte familial qui associe
grands-parents, parents et petits-enfants :
une “donation-partage
transgénérationnelle”. La
valeur des dons est fixée une fois
pour toutes (au jour de la donation) et, au
décès du donateur, on n’en
parlera plus. On peut favoriser qui on
veut, à une condition : que tout le
monde soit d’accord et signe l’acte.
Il n’est pas
obligatoire de donner la même chose
à chacun ?
On raisonne par souche. Un enfant peut prendre
sa part, l’autre y renoncer explicitement
parce qu’il n’a plus besoin de rien et n’a pas
de descendance, le troisième y renoncer
en partie ou en totalité au profit
de ses propres enfants. Chacun est
présumé avoir reçu sa
part. Au décès du donateur, le
patrimoine restant sera partagé comme
si de rien n’était.
Et sur le
plan fiscal, est-ce avantageux ?
Les petits-enfants gratifiés
directement ont droit, chacun, à un
abattement de 31 865 €. Ceux issus d’une
souche où le père ou la
mère est décédé se
partagent l’abattement dont
bénéficierait leur
père ou mère (159 325 €)
à leur place. Une donation-partage
transgénérationnelle permet
aussi d’incorporer une donation-partage
antérieure de façon avantageuse
sur le plan fiscal.
Que
conseillez-vous aux grands-parents ?
Ne donnez pas trop ni trop tôt ! La
durée de vie s’allonge, rester chez soi
coûte cher… Privilégiez la paix
des familles. Une donation simple peut avoir
des effets pervers redoutables. Une
donation-partage
transgénérationnelle est plus
complexe, mais plus sécurisante. Seul
inconvénient : si un petit-enfant
venait à naître à une date
ultérieure, il faudrait refaire un acte
rapidement…
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