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Babylon, « revue étudiante pour les seniors »



Radio Prague


27 Mars 2012
 

République Tchèque





 

Petr Placák, poète et historien, est une figure importante de la dissidence et de l’underground tchèque sous le régime communiste. Fils de signataire de la Charte 77, il est clarinettiste, dans les années 1980, de l’emblématique groupe de rock The Plastic People of the Universe, et auteur de plusieurs textes publiés en samizdat. Il dirige depuis le milieu des années 1990 la revue Babylon.

« Babylon est une revue sociale et culturelle qui existe à Prague depuis 1992. Avec mes amis, nous nous en occupons depuis 1995. Avant nous, la revue était faite par des étudiants. Elle est distribuée dans les écoles supérieures, donc nous essayons de faire un peu de diversion idéologique. Cela veut dire que nous essayons de démolir les idées stéréotypées que produit la machinerie éducative de l’Etat. Le sous-titre de la revue est ‘bulletin étudiant pour les seniors’ parce que nous nous sommes rendu compte que les étudiants prennent le journal pour le donner à leurs grands-parents, ce qui nous a supris et nous a paru très mignon. Nous faisons ce journal comme nous l’aimons, en nous moquant de la politique, du milieu académique, et de la société tchèque en général. »

Babylon n’est pas pour autant un journal humoristique, qu’il s’agisse du contenu, plutôt littéraire, ou des contributeurs, qui sont parfois des plumes reconnues du monde culturel tchèque, souvent issues de la dissidence tchèque, même si Petr Placák s’en défend :

« Nous nous consacrons beaucoup à la littérature, et à la culture en général, de l’Europe centrale ; nous nous intéressons beaucoup à la Pologne, puis à la Slovaquie et la Hongrie. Nous écrivons aussi beaucoup sur la Russie, l’Espagne et la France. C’est parce que la composition de la rédaction est dominée par des hispanisants, des romanisants et des russisants. Cela ne ressort d’aucune intention particulière, mais reflète ce que les membres de la rédaction ont étudié ou ce à quoi ils s’intéressent. C’est moi qui suis lié à la dissidence parce que je suis le plus vieux et j’ai un peu vécu l’époque précédente. Mais mes collègues étaient encore à l’école primaire à l’époque du communisme. Mais il est vrai que certains enfants de dissidents écrivent dans Babylon, comme Honza Machonin, fils du célèbre traducteur Sergej Machonin. »

Petr Placák oublie de mentionner néanmoins les contributions régulières de Petruška Šustrová, ancienne signataire et porte-parole de la Charte 77, ou encore, jusqu’à son décès l’année dernière, celles du philosophe Zdeněk Vašíček. Le dernier numéro est d’ailleurs consacré à une autre grande figure de la dissidence tchèque, décédé en novembre dernier, Ivan Martin Jirous, tout aussi connu sous le surnom Magor, soit le dingue ou le barjo. 

« Tout le dernier numéro est dédié à Magor, parce qu’il était d’une part aussi monarchiste, mais il était surtout le gourou de l’underground qui nous a un peu rassemblés. Il était un ami. Puis lorsque tout le numéro était prêt à être imprimé, Havel est mort, et donc nous avons ajouté, au dernier moment, quelques lignes sur Havel. »
Jirous monarchiste ? Il était effectivement un manifestant actif de la traditionelle marche pour la Monarchie organisée par Petr Placák et les membres de la rédaction de Babylon.

« Chaque année, la rédaction de Babylon organise une marche pour la Monarchie. Ses origines remontent à l’époque du communisme. Nous avions réfléchi à ce qui pourrait être de plus distant et plus étranger pour les communistes, donc ce qui pourrait le plus les agacer ou les excéder. Nous avons pensé au royaume de Bohême, et nous avons écrit une sorte de manifeste où nous avons déclaré la renaissance du royaume de Bohême. Nous menons donc ces marches chaque année à l’Epiphanie. Nous défilons, avec de la musique et des drapeaux, de la place Venceslas jusqu’au château et nous lisons une déclaration qui proclame que le château est à nous. Mais nous ne sommes pas arrogants et nous disons que nous le prêtons gratuitement pour l’année qui vient. Une fois, un groupe français a joué avec nous. D’un seul coup ils se sont rendu compte que j’étais monarchiste et ils ont refusé de continuer à défiler. Nous avons beaucoup rigolé. C’étaient de jeunes gens d’une vingtaine d’années, plus ou moins des punks, et ils étaient sérieusement républicains. Finalement, ils ont écrit sur leur tambours ‘nous sommes républicains’ et ils ont été capables de continuer. »
La rédaction de Babylon ne manque donc pas d’humour et de dérision, et c’est dans la même atmosphère que se préparent les numéros du périodique. Petr Placák :


« C’est assez sauvage ou anarchique. Les conférences de rédaction ont lieu le plus souvent dans une taverne. Nous avons d’ailleurs notre propre taverne, qui est une sorte de baraque en bois sur l’île de Libeň, dans le nord de Prague, qui resssemble au Far-West au siècle passé. C’est un lieu formidable, encore négligé par les promoteurs, en espérant que cela dure encore quelques années. C’est donc là que se tiennent nos conférences de rédaction, où nous parlons de tout… sauf de Babylon. A la place nous nous disputons au sujet de la politique ou de la culture. Le numéro est préparé peu de temps avant de partir pour l’imprimerie et je suis toujours à bout de nerfs pour récupérer les textes à temps et tout se fait au dernier moment. »
La revue Babylon est disponible gratuitement sur divers sites universitaires de la capitale tchèque, et les anciens numéros sont téléchargeables sur le site du journal, www.ibabylon.cz. Revue mensuelle, Babylon est actuellement obligé de ralentir son rythme de publication pour passer sans doute à un statut de trismestriel, faute de financement. Le prochain numéro qui va paraître ce mois-ci, proposera de s’intéresser, entre autre, aux évènements qui ont eu lieu en Russie ces derniers mois, ou encore à l’auteur français Louis-Ferdinand Céline.


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