Home |  Elder Rights |  Health |  Pension Watch |  Rural Aging |  Armed Conflict |  Aging Watch at the UN | Videos   

  SEARCH SUBSCRIBE  
 

Mission  |  Contact Us  |  Internships  |    

        

 

 

 

 

 

 

 

 



Euthanasie : comment le PS a converti son candidat



Le Monde


6 Février 2012
 

France






 

Le mot n'est pas prononcé, mais le PS le reconnaît, il fait bien un "pas supplémentaire" vers l'euthanasie. "C'est la première fois que la proposition est vraiment officielle de la part d'un candidat" en mesure de remporter la présidentielle, se réjouit Jean-Luc Romero, président de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD). La formule est néanmoins prudente : "Je proposerai, écrit François Hollande dans ses "60 engagements pour la France", que toute personne majeure en phase avancée ou terminale d'une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander, dans des conditions précises et strictes, à bénéficier d'une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité."

Le candidat ne s'est pas encore exprimé sur ses convictions, mais son entourage estime qu'il n'y a rien de surprenant à ce que l'aide active à mourir figure à son programme. "François Hollande a pour ambition que la gauche s'associe à des transformations de la société et à l'évolution des droits, pas uniquement économiques et sociaux", décrypte Marisol Touraine, chargée des questions sociales pour la campagne. S'il n'a jusque-là pas mené le combat pour faire évoluer la législation, M. Hollande n'a jamais pris position contre. "Le candidat s'appuie sur ce qui fait consensus dans le parti. Sur ce sujet, nous estimons que la situation juridique actuelle n'est pas acceptable", explique Jean-Marie Le Guen. La décision de retenir cette proposition aurait donc été rapide.



Pour le PS, la loi Leonetti et son principe du "laisser mourir", qui induit l'arrêt des traitements et la sédation du patient au risque d'entraîner la mort, est "hypocrite" et laisse des patients dans des situations inextricables. "L'opinion est mûre. Il est donc important que la gauche fasse avancer les choses", plaide Manuel Valls. Le PS s'appuie sur les dernières enquêtes d'opinion. A la question "La loi devrait-elle autoriser les médecins à mettre fin, sans souffrance, à la vie de ces personnes atteintes de maladies insupportables et incurables si elles le demandent ?", 49 % des personnes interrogées par l'IFOP en août 2011 répondaient "oui, absolument", et 45 % "oui, dans certains cas", soit 94 % d'avis favorables. En 2001, elles étaient 88 %.

PRISES DE POSITION COLLECTIVES

Au PS, le consensus autour de l'aide active à mourir ne s'est pas forgé du jour au lendemain. Deux personnes ont surtout pesé : Manuel Valls et Laurent Fabius. Ni l'un ni l'autre ne se sont intéressés au sujet à la suite d'une histoire personnelle, comme c'est parfois le cas. L'ancien premier ministre se dit cependant marqué par des contacts avec Marie Humbert, qui s'est battue pour obtenir de l'aide pour son fils Vincent, tétraplégique. Il insiste sur la nécessité d'apporter des solutions pour les situations particulièrement difficiles, sous conditions précises. "La question de l'égalité est décisive. Si on ne légifère pas, la situation continuera de dépendre soit du médecin en face du patient, soit des relations de ce dernier, de sa situation sociale et de sa capacité à aller chercher une aide à l'étranger", explique M. Fabius.

Des événements, aussi, ont joué. Si, il y a dix ans, Lionel Jospin avait refusé d'inscrire l'aide à mourir à son programme, le combat de sa mère, Mireille, adhérente de l'ADMD qui s'est donné la mort fin 2002, a marqué. Comme celui de Chantal Sébire, atteinte d'une tumeur incurable au visage et qui réclamait le droit de mourir dignement, en 2008. D'individuelles, les prises de position sont devenues collectives. Le groupe PS à l'Assemblée a approuvé, fin 2009, une proposition de loi portée par M. Valls, qui a ensuite été retoquée dans l'hémicycle. Le même sort a été réservé, début 2011, à un texte déposé au Sénat avec des élus communistes et UMP. Mais pour la première fois depuis 1980, date de la première offensive, il avait été voté en commission - obligeant François Fillon à monter au créneau pour en empêcher l'adoption. Le parti, aussi, s'est emparé de l'aide à mourir. D'abord en l'inscrivant dans la convention pour l'égalité réelle en 2010 puis dans le projet présidentiel du PS.

Dire que tout le monde est d'accord au PS serait exagéré. Il reste des opposants à l'euthanasie - comme il existe des partisans à l'UMP. "Je ne crois pas à l'affirmation d'un droit, qui pourrait ouvrir la porte à des dérives, mais je suis favorable à une exception d'euthanasie, qui permettrait à des médecins de ne pas être poursuivis s'ils ont apporté leur aide", défend le député Gaëtan Gorce, ancien participant de la mission Leonetti réunie en 2008 pour améliorer la loi.

"Il s'agit de reconnaître un droit, pas d'imposer une pratique. Chacun, selon ses convictions, pourra ou non l'écarter et ceux qui le saisiront seront probablement extrêmement minoritaires", explique Mme Touraine, alors que les lobbies anti-euthanasie montent déjà au créneau. Elle rappelle d'ailleurs que le PS ne va pas jusqu'à proposer le suicide assisté, prôné par l'ADMD.

La définition concrète de l'aide active à mourir est renvoyée après l'élection. Le rôle des médecins devra être précisé. Outre l'instauration d'une clause de conscience, comme pour l'avortement, le PS pense à séparer les fonctions des praticiens, afin que celui qui soigne ne soit pas celui qui donne la mort.


More Information on World Elder Rights Issues


Copyright © Global Action on Aging
Terms of Use  |  Privacy Policy  |  Contact Us