La publication aujourd'hui du rapport de la
Commission spéciale sur la question de
mourir dans la dignité soulève
des inquiétudes à l'Association
québécoise de prévention
du suicide. Le directeur général
de l'Association, Bruno Marchand, craint
qu'une ouverture à ces mesures de fin
de vie vienne ajouter une pression
supplémentaire sur les personnes
âgées malades.
«Si on dit oui au suicide
assisté, oui à l'euthanasie,
oui, le procureur général va
être tolérant face à
ça, mais on va mettre des balises,
j'espère que ça va être
bien compris dans la population et qu'on n'est
pas en train de dire que tous ceux qui sont un
fardeau sont sujets à cela»,
a-t-il affirmé, hier.
Il a déploré le discours public
d'exclusion sociale sur les personnes
âgées qui est un des principaux
facteurs, à son avis, conduisant
à opter pour le suicide. «On dit
que les personnes âgées
coûtent cher, que les régimes de
retraite sont déficitaires. On n'est
pas loin d'entretenir un discours d'exclusion
avec un sous-entendu d'une utilité
moindre socialement», a-t-il
souligné.
En cas d'une ouverture au suicide
assisté et à l'euthanasie, il se
demande «comment la commission va faire
pour dire aux aînés qui se
sentent inutiles et n'appartenant pas à
une communauté que le suicide
assisté est disponible, mais qu'il
n'est pas pour eux.»
Son association ne s'était pas
opposée à ces mesures de fin de
vie sans les approuver non plus. «C'est
une grande question qu'il fallait
débattre. Si c'est oui, il faut
s'assurer qu'il n'y aura pas d'effets sur les
personnes qui ne correspondront pas aux
critères», a-t-il dit.
Il craint aussi qu'une ouverture de la
Commission n'entraîne un
élargissement des critères pour
avoir droit au suicide assisté ou
à l'euthanasie. «En Suisse, on a
commencé avec les cas de maladies
incurables en fin de vie. On est en train
d'ouvrir avec des gens avec une maladie
incurable dont la sclérose en plaques,
mais qui ne sont pas en fin de vie. Mais on
arrête où?» a-t-il
demandé.