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Médicaments Dangereux - La Pilule ne Passe Plus aux Etats-Unis

Courrier International

Etats-Unis

4 Janvier 2005






Outre-atlantique, plus un jour ne s'écoule sans une mauvaise nouvelle pour la grande industrie pharmaceutique. et pour ses clients. Car, scandale après scandale, les Etats-Unis découvrent que leurs médicaments sont tout sauf sûrs. Ainsi, la dernière semaine de l'année 2004, le British Medical Journal publiait des documents confidentiels du laboratoire américain Eli Lilly concernant la fluoxétine, le principe actif du Prozac, antidépresseur et produit vedette de cette société. 

Selon le BMJ, Eli Lilly savait depuis les années 1980 que la fluoxétine pouvait altérer le comportement des malades, et l'a soigneusement caché ou minimisé. "Les documents confidentiels paraissent suggérer un lien entre le médicament et les tentatives de suicide ou actes de violence de patients", écrit l'hebdomadaire médical de référence. Or, en 1989, dans l'Etat américain du Kentucky, Joseph Wesbecker, alors en arrêt maladie et traité par fluoxétine, tuait huit personnes, en blessait douze, avant de se donner la mort. En 1994, accusés par les victimes, Eli Lilly se tirait d'affaire lors d'un procès retentissant, faute de documents prouvant que l'industriel connaissait les dangers liés à son produit.

Mais Eli Lilly n'est pas seul sur la sellette. Merck, un des géants de la pharmacie, a dû brusquement retirer son Vioxx de la vente. Cet anti-inflammatoire non-stéroïdien très populaire, de ceux qui rentabilisent rapidement les milliards et les années investis dans la recherche, peut provoquer des crises cardiaques. "Pourtant, plus de 20 millions d'Américains se sont régulièrement soignés au Vioxx avant que quiconque ne s'aperçoive du danger", s'inquiète le Wall Street Journal. Le Washington Post signale à son tour que "Pfizer a également été obligé de faire savoir que son médicament vedette, le Celebrex, pouvait entraîner des infarctus." Et depuis trois ans, Bayer a dû cesser de vendre son Baycol à cause des graves troubles musculaires qu'il peut occasionner, pouvant conduire au décès des patients. 

Entre-temps, regrette le Chicago Tribune, "ces médicaments ont été largement répandus sur le marché américain, vendus directement au consommateur, bénéficiant de campagne de promotion." Et tout cela, assène le quotidien, à cause de l'incurie de la Federal and Drug Administration (FDA), l'organisme en charge de contrôler les médicaments aux Etats-Unis. "La FDA est dépassée et ne remplit plus du tout son rôle. Et nous ne sommes certainement pas les seuls à le penser", déclare le Journal of American Medical Association (JAMA). 

"D'autres scandales sont à venir, et le pays est pratiquement sans défense contre les médicaments à risque, qui entrent si facilement dans les foyers américains. La FDA est aujourd'hui incapable d'empêcher cela", a d'ailleurs reconnu David Graham, l'un des cadres supérieurs de la FDA, très critique à l'égard de son administration, devant une commission sénatoriale. "Depuis, Graham a été décrié par ses supérieurs et ostracisé pour avoir osé prendre une telle position", révèle le JAMA. 

Pourtant, l'incurie est bien là, constate le Chicago Tribune. "Pour accéder au marché, un principe actif est soumis à une batterie de tests de la part de la FDA. Mais ensuite, une fois sur le marché, rien ne va plus. Ce sont les firmes pharmaceutiques qui sont tenues de déclarer les effets à long terme de leurs produits. Et cette mise en évidence ne peut venir que des médecins prescripteurs, qui n'ont cependant aucune obligation de signaler leurs remarques et le font uniquement sur la base du volontariat, au mieux au coup par coup", explique l'hebdomadaire médical de référence. En outre, reconnaît The Wall Street Journal, "sur les 327 millions de dollars que l'agence dépense pour les médicaments, seulement 27 sont consacrés à la recherche d'effets secondaires de ceux présents sur le marché." 

Le Journal of American Medical Association note également que si la FDA ne remplit plus son office, c'est également parce que celui-ci est schizophrénique. "Le même organisme doit vérifier la régularité d'une mise sur le marché et également opérer un retrait de ce même marché en cas de risque. Il n'est pas facile de dire 'Oh, c'est bête, je me suis trompé'", surtout si l'erreur se traduit par des décès. 

Charles Grassey, sénateur républicain de l'Iowa, pense de même. "Il prépare deux amendements", relate le Chicago Tribune. "Le premier pour séparer en deux entités indépendantes les branches de la FDA qui se consacrent d'une part à la validation des médicaments, et d'autre part à leur retrait. Le second pour rendre obligatoire un registre public des essais cliniques pratiqués pour valider un médicament." 

Signe que le monde de la pharmacie est en crise, un regain de prudence est clairement observable. Ainsi, note The Wall Street Journal, "même si la FDA a finalement décidé d'autoriser le Lyrica, dernier né des produits de Pfizer pour traiter les douleurs neuropathiques, ce sera de manière très contrôlée et non pas en accès libre comme le souhaitait le laboratoire. Sale coup pour Pfizer, qui comptait sur le Lyrica pour prendre le relais du Neurotin, son ancien traitement phare des douleurs neuropathiques, aujourd'hui accessible en générique." Et, par ailleurs, Eli Lilly a émis une alerte sur son Strattera, qui traite les troubles d'hyperactivité avec déficit de l'attention (ADHD). Le médicament aurait parfois des effets secondaires graves sur le foie, provoquant une jaunisse. 

Preuve que les Etats-Unis ne savent plus à quel saint se vouer en matière de médicaments, The Wall Street Journal, très francophobe depuis deux ans et qui ne ménage jamais ses critiques contre la France, en arrive pourtant à citer en référence "le réseau hexagonal de centres de pharmacovigilance, garde-fous pour la santé et ressources techniques pour les médecins. Selon le Wall Street, pour devenir efficace, la FDA va devoir s'inspirer des systèmes créés dans les autres pays développés."

 


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