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Bien Choisir une Maison de Retraite Demande du Temps

Par Michaëla Bobasch, Le Monde

Le 10 décembre 2004






"Il faut soigneusement peser cette décision, car, chez une personne déjà fragilisée, la perte des repères accentue des troubles (dégradation de la mémoire, dépression latente) qui risquent de devenir irréversibles", estime Agnès Saraux, médecin gériatre, auteur de l'ouvrage Mes parents vieillissent (Bonneton, 335 p., 20 €). "L'entrée en maison de retraite doit rester un choix, même si la personne âgée n'a plus toute sa tête. Placer ses parents dépendants sans leur demander leur avis, c'est déjà de la maltraitance", estime-t-elle. C'est pourquoi il est préférable de préserver la possibilité du retour chez soi, en conservant son logement ne serait-ce que quelques mois.

Les personnes âgées redoutent de perdre leur indépendance et sont très contrariées par les rythmes imposés, l'hygiénisme à tout prix (interdiction de fumer dans sa chambre par exemple) et l'infantilisation. "Lorsque je rends visite à une de mes amies entrée récemment en maison de retraite, je trouve qu'elle décline rapidement", remarque Colette, 80 ans, qui a décidé de rester chez elle "malgré l'angoisse de la solitude".

En outre, l'actualité entretient autour des maisons de retraite une réputation mitigée. Le magazine 60 millions de consommateurs qui en 1998 avait déjà attiré l'attention sur leurs carences, ne constatait guère d'améliorations six ans plus tard (janvier 2004) : "Listes d'attente, prix élevés, personnel insuffisant, parfois inexpérimenté, trop pressé, qui préfère mettre des couches plutôt que d'accompagner aux toilettes, horaires des repas inadaptés, avec le dîner à 18 heures, qui laisse ensuite la personne quatorze heures sans s'alimenter".

Inégalités Géographiques

Il existe cependant des établissements confortables, où le personnel est compétent et motivé. Malheureusement, ils ne sont pas toujours accessibles aux plus modestes retraités, qui doivent solliciter des aides sociales. Les inégalités sont également géographiques : à qualité égale, un établissement sera deux à trois fois plus cher à Paris qu'en région. "Enfin, le secteur public n'est pas toujours moins cher que le privé, et les maisons de retraite les plus onéreuses ne sont pas forcément les meilleures", explique Annette Vezin, l'un des auteurs du Guide Vermeil (Senior LifeStyle, 222 p., 25 €, www.guide-vermeil.com )
Cet opuscule recense en Ile-de-France 200 établissements du secteur privé commercial et associatif, sélectionnés selon les critères suivants : accueil, confort (dimension des chambres, climatisation), soins, services (cuisine confectionnée sur place, animations, coiffeur, pédicure), pratique du culte, accueil de résidents dépendants, unités de vie protégée pour les malades atteints d'Alzheimer, tarifs, délais d'entrée, possibilités de financement par l'aide sociale. L'ouvrage est le résultat du travail de quatre enquêtrices, dont une journaliste honoraire de 81 ans.

Il faut d'abord faire le point sur ses propres besoins : établissement en ville ou à la campagne, médicalisé ou situé à proximité d'un hôpital, chambre suffisamment spacieuse pour y amener ses meubles, possibilité de garder un animal familier, affinités avec les autres résidents (milieu social).

Dans son livre Mes parents vieillissent, Agnès Saraux donne le mode d'emploi d'une recherche éclairée. Il faut visiter soi-même les établissements, revenir à l'improviste, pour juger de l'ambiance, voir si les activités conviennent : on a le droit de ne pas aimer l'expression manuelle, le scrabble ou les diaporamas. La décoration, les odeurs, la qualité des repas ou la manière dont le personnel s'adresse aux résidents feront l'objet d'une observation attentive. On demandera à voir plusieurs chambres, car leur superficie est souvent très variable.

"Il ne faut pas hésiter à aborder des questions plus délicates : l'encadrement (nombre d'aides-soignantes par résidents), le traitement des escarres, la facturation des prestations supplémentaires, la proportion de résidents dépendants, car si celui-ci est très élevé, une personne valide ou semi-autonome se sentira mal à l'aise", précise Agnès Saraux. Enfin, on réclamera, pour les lire tranquillement, le projet d'établissement et les comptes rendus du conseil où sont représentés la direction, le personnel et les familles, ainsi que le contrat que devra signer le résident. L'idéal, enfin, est d'effectuer un séjour d'essai d'une semaine ou d'un mois, si l'établissement possède une chambre d'accueil.

N'est-il pas risqué de se comporter en consommateur exigeant alors que les délais d'attente sont très longs ? "Il faut absolument prendre le temps de chercher, comme pour un appartement, c'est la condition indispensable de la réussite", conclut Annette Vezin. En cas d'échec, il est possible de changer de maison moyennant un préavis ; mais c'est plus facile dans le secteur privé que dans le public.

 


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