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France:

Obésité : les Français doivent réapprendre à marcher

By Martine Perez, Le Figaro

February 12, 2004


L'épidémie d'obésité qui sévit dans les pays industrialisés, et notamment en France, n'est pas seulement due à une alimentation inadaptée trop riche en graisses et en sucres. Elle est aussi liée à une évolution radicale du comportement de l'être humain qui peut désormais vivre sans faire le moindre effort physique, grâce à l'ordinateur, le téléphone et la voiture. Aussi étrange que cela pourrait paraître à nos ancêtres des siècles passés, les pouvoirs publics sont désormais quasiment obligés de faire la promotion de l'exercice pour que les Français se mettent à bouger. Il faut dire que les données scientifiques – notamment américaines – se sont multipliées ces dernières années pour démontrer avec force statistiques que la pratique d'une activité physique régulière réduisait non seulement le risque d'obésité, mais aussi celui d'infarctus, de diabète et même d'ostéoporose. Sans compter les bénéfices du sport sur la sphère psychique. 

Le Programme national nutrition santé conduit par les pouvoirs publics prévoit, entre 2001 et 2005, de parvenir, par un ensemble de recommandations, à augmenter l'exercice physique pratiqué par nos concitoyens, avec comme objectif «une amélioration de 25% du pourcentage de personnes pratiquant chaque jour l'équivalent d'au moins une demi-heure de marche rapide...» Ce seuil d'activité minimal placé à une demi-heure de marche quotidienne choisi par les autorités sanitaires françaises est celui qui avait été recommandé par le Centre de contrôle des maladies d'Atlanta, en 1995, qui proposait aux Américains de faire au moins trente minutes d'exercice modéré par jour. Apparemment, les Français en sont encore loin, puisque 34% des 12-75 ans n'atteindraient pas ce niveau d'effort, selon une enquête réalisée en 2001. 

Hier, le ministère de la Santé, la Caisse nationale d'assurance-maladie et l'Institut national de prévention et d'éducation de la santé (Inpes) ont donc lancé la première campagne nationale pour promouvoir l'activité physique. Dans une perspective de santé publique sont donc recommandées à tous les adultes des activités d'intensité modérée. Une enquête qualitative du Credoc a montré toutefois que le manque de temps, de motivation ou les problèmes de coût étaient les principaux obstacles des Français pour mener une activité sportive. 

Pour les rassurer, l'Inpes a tenu à expliquer qu'«il n'est pas nécessaire de pratiquer un sport pour avoir une activité physique. Inutile également que cette activité soit structurée ou intense pour avoir un bénéfice en termes de santé. Les bénéfices sont proportionnels à la quantité plus qu'à l'intensité...» Ainsi les experts (1) recommandent, entre autres : de se déplacer à pied le plus possible, de marcher lors des trajets pour se rendre au travail ou dans les magasins ; de descendre un arrêt plus tôt si l'on prend les transports en commun ; de se garer à distance de son domicile si on se déplace en voiture, d'utiliser les escaliers plutôt que l'ascenseur ; d'éviter de rester assis pendant des périodes prolongées devant la télévision ; de passer plus de temps à travailler dans son jardin si on en a un ou de promener son chien plus longtemps et souvent. En somme, pour les rétifs à la pratique d'un sport, l'activité physique peut s'intégrer dans la vie quotidienne. 

Cette campagne sur l'activité physique est basée sur une communication publicitaire qui sera diffusée dans la presse écrite grand public entre le 12 et le 15 février. Celle-ci sera suivie d'une campagne télévisuelle centrée autour d'un film de 20 secondes qui sera diffusé sur l'ensemble des chaînes hertziennes et également de spots radio de 30 secondes qui passeront chacun sur l'ensemble des chaînes nationales. Par ailleurs, des «signalétiques» dans les transports en commun, métro et bus, inciteront le public à prendre les escaliers plutôt que les escalators ou encore à descendre une station avant, pour finir son trajet à pied. Des actions seront aussi menées au niveau des entreprises, des médecins du travail et des collectivités locales. 

Il serait important que les médecins généralistes soient fortement associés à un tel projet et prennent eux aussi l'habitude de promouvoir l'exercice physique auprès de leurs patients. Il existe des visiteurs médicaux payés par l'industrie pharmaceutique pour faire connaître les médicaments. Pourquoi des visiteurs n'iraient-ils pas expliquer que l'exercice physique et le régime alimentaire permettent d'obtenir dans certains cas des résultats aussi satisfaisants que certains médicaments contre l'obésité, le diabète gras et l'hypercholestérolémie ? 

« Médecine de l'obésité », d'Arnaud Basdevant et Bernard Guy-Grand aux Éditions Médecine-Sciences, Flammarion.


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