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France: Mieux vaut manger Sain que de se "tartiner" de Crème aux Antioxydants

By Muriel Rozelier, Le Monde

April 23, 2004

 





Jean-Philippe, la cinquantaine rayonnante, est un sportif invétéré. Un corps d'athlète entretenu par un savant mélange de course à pied, de natation et de musculation. Une alimentation surveillée comme le lait sur le feu par ce superactif qui ne se "refuse rien".

"Mais je fais attention." Pas d'excès. La balance toujours en ligne de mire et, surtout, une alimentation saine et diversifiée. Avec, en permanence, "l'apport de sucres lents pour compenser l'effort physique". Pour lui, la diététique tout comme l'activité physique, qu'il pratique depuis sa jeunesse, sont des moyens de bien vieillir. En d'autres termes, de mieux vivre et, surtout, de vivre plus longtemps.

Reste à savoir s'il est un cas isolé. La génération des baby-boomers, passée sous l'influence hippie des années 1970 et autres avatars macro bio, semble sensible à la notion de bien manger pour mieux se porter.

Le cas de Régine est en cela emblématique. A 74 ans, elle vit, depuis plus de vingt ans en Ardèche, dans un village perdu près de Joyeuse. Son alimentation ? Biologique de préférence, naturelle en tout état de cause : "L'homme est ce qu'il mange. Pas question, pour moi, d'avaler n'importe quoi", affirme-t-elle. Elle en a, il faut dire, les moyens financiers. "Je préfère, dit-elle, me restreindre sur la quantité plutôt que sur la qualité."

PAS DE RÉGIME RESTRICTIF

Parfois, elle l'avoue, vivre seule ne l'aide pas à avoir envie de préparer ses repas : "Je suis une hygiène de vie : un peu de marche à pied tous les jours ainsi qu'une nourriture équilibrée. Mais c'est vrai que, pour le repas du soir, j'ai tendance à faire maigre."

Un régime déguisé que Monique Ferry, chef de service gériatrie de l'hôpital de Valence, déconseille avec véhémence. "Dans le cadre d'une enquête européenne, nous avons constaté que 20 % des personnes interrogées, dont l'âge variait entre 70 et 75 ans, suivaient un régime restrictif. C'est dangereux, car cela favorise certaines fractures, comme celles du col du fémur, ou les chutes."

Aussi Monique Ferry recommande-t-elle de se préoccuper jeune de son vieillissement. "A partir de 55 ans, il faut manger de tout sans exclusive et sans exclusion. Et, surtout, ne pas être sédentaire. On hérite d'un capital génétique. Mais ce capital, on peut le mettre en péril ou l'améliorer par la façon dont on mange."

L'augmentation du nombre des personnes âgées conduit en effet à s'interroger sur les conditions d'un vieillissement en bonne santé. Une enquête du département de sciences sociales de l'INRA (Institut national de la recherche agronomique), financée par la Commission européenne, conclut que l'âge ne bouleverse guère les habitudes de consommation acquises. Celles-ci sont avant tout déterminées par la région, le pays d'origine et l'appartenance sociale.

EFFETS PHYSIOLOGIQUES

Mais la vieillesse peut susciter un appauvrissement de la diversité alimentaire : la perte du conjoint, la délégation croissante des achats à une tierce personne (un enfant, une voisine) s'associent à des effets physiologiques inhérents au vieillissement, comme la perte du goût et la sensation de satiété.

"La vieillesse connaît différentes étapes correspondant à autant de moment de rupture (retraite, veuvage, maladie, relogement) qui affectent le quotidien des personnes âgées et transforment leur mode de vie du point de vue conjugal, social et familial", explique Laurence Brillant, docteur en science des aliments et chef de projet scientifique à l'agence de communication santé ClinicProSport.
"Ces évolutions, ajoute-t-elle, ont des répercussions sur l'alimentation, en particulier lorsque la solitude conduit à simplifier ou à supprimer certains repas. 

Là réside le danger. En perdant la notion de plaisir alimentaire, on s'expose à un risque supplémentaire de maladies. La longévité est associée à un poids raisonnable. Un léger surpoids est même plutôt protecteur. Mais, avec l'âge, on perd souvent l'appétit. L'alimentation devient monotone : on ne prend plus assez de nutriments. D'où des carences possibles."

Dominique Lanzmann-Petithory, elle, ne tarit pas d'éloges sur les fameux acides gras Omega 3, présents notamment dans l'huile de colza. L'élixir de jouvence serait-il donc dans notre assiette ? Pour cette nutritionniste, gérontologue et médecin du sport, à n'en pas douter : "D'abord, consommer des légumes et des fruits régulièrement. Ne pas négliger l'apport en protéines non plus. Enfin, une consommation modérée de vin - un verre par jour pour les femmes, deux pour les hommes - contribue à lutter contre les cancers, les maladies vasculaires et les effets du vieillissement lui-même."

Mieux vaut donc manger sain, se dépenser physiquement que de se tartiner de crèmes de beauté aux antioxydants. Un constat qui n'arrange en rien l'industrie agro- alimentaire ou les laboratoires pharmaceutiques, qui, depuis quelques années, développent le concept de la "cosméto-food".

A l'image de la DHEA, censée limiter certains effets de la sénescence : des yaourts antirides et autres boissons au collagène de la marque Shisheido. "L'industrie se crée un nouveau marché. Les seniors sont les plus rétifs aux produits transformés. En mettant en avant l'argument du mieux vieillir, elle espère les appâter", conclut Séverine Gojard, chercheuse au Laboratoire de recherche sur la consommation de l'INRA.

 

 

 

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