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A quoi sert le plan Cancer?

Par Vincent Olivier, L'Express

France

16 octobre 2005


Alors qu'octobre a été proclamé Mois du cancer par les pouvoirs publics, cinq experts dressent pour L'Express un premier bilan du plan de lutte contre cette maladie, chantier prioritaire - avec l'insertion des handicapés et la sécurité routière - du quinquennat de Jacques Chirac

Depuis deux ans et demi, depuis l'annonce du plan quinquennal par le président de la République, tout a changé en matière de lutte contre le cancer: généralisation du dépistage du cancer du sein, extension de celui du cancer du côlon; désignation de sept grands centres de recherche au niveau régional; augmentation du prix du tabac de 40%. Ajoutons à cela des centres de référence bien identifiés, des consultations d'annonce mises en place au moment de la découverte d'une tumeur. Et puis aussi des budgets spécifiques débloqués pour renouveler le parc d'équipement hospitalier en scanners et en PET Scan; de nouvelles molécules désormais accessibles aux médecins en chimiothérapie.

Et puis encore des compétences mises en commun par des organismes publics, tels l'Inserm ou le CNRS, qui n'avaient pas l'habitude de travailler ensemble. Sans oublier la mesure phare: la création d'un institut national, l'Inca, doté d'un budget substantiel (70 millions d'euros pour 2005, 100 millions pour les années suivantes), dirigé par un professionnel reconnu, le Pr David Khayat. Bref, en matière de lutte contre le cancer, l'amélioration est générale.

Pourtant, depuis mars 2003, rien n'a changé en matière de lutte contre le cancer. Il n'existe pas de registre épidémiologique digne de ce nom dans ce pays. Le dépistage des tumeurs n'est ni assez répandu ni assez fiable. Les structures officielles concernées par le cancer restent nombreuses, éclatées (ministère de la Santé, assurance-maladie, direction des hôpitaux, direction de la santé, agences régionales.), et manquent cruellement d'un chef d'orchestre. Autant dire que les progrès sont bien minces et les déceptions prévisibles.

C'est ainsi: sans même invoquer la figure imposée de la coupe à moitié vide ou à moitié pleine, la France - qui affiche 300 000 nouveaux cas chaque année, 13 milliards d'euros de coûts directs et indirects et une augmentation continue depuis vingt ans, sans qu'aucun épidémiologiste puisse expliquer une telle hausse - cumule les situations paradoxales. D'un côté, le meilleur taux de survie après diagnostic de tous les pays développés; de l'autre, le record européen de mortalité prématurée avant 65 ans, lié notamment au cancer du poumon. D'un côté, un système de soins célébré comme l'un des plus efficaces au monde; de l'autre, un déficit de la Sécurité sociale sans précédent. D'un côté, des chirurgiens expérimentés; de l'autre, un équipement d'imagerie obsolète, voire dangereux.

On pourrait multiplier les exemples d'inégalités en matière de soins en France. Des inégalités d'autant plus criantes qu'aujourd'hui près d'un malade sur deux guérit de sa tumeur. Est-il normal, par exemple, qu'une perruque ne soit pas du tout prise en charge par la Sécurité sociale? Qu'un ancien cancéreux se voie imposer des conditions exorbitantes pour obtenir un prêt ou souscrire une assurance-vie? En d'autres termes, à quoi sert vraiment le plan Cancer?


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