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Coût des médicaments : la France des records

Par Sandrine Blanchard et Michel Delberghe, le Monde

France

5 Novembre 2007

 

Les Français restent les plus gros consommateurs de médicaments en Europe. Parce qu'ils utilisent les produits les plus récents et les plus chers, ils battent aussi les records en matière de dépense annuelle : avec 284 euros par habitant, celle de la France est de 40 % à 80 % supérieure à celles de l'Allemagne ou du Royaume-Uni. Au total, les montants remboursés par la Sécurité sociale ont atteint, en 2006, 20,3 milliards d'euros, soit le tiers des dépenses de soins de ville pour une consommation de 2,5 milliards de boîtes, flacons et autres emballages vendus en pharmacie. 

Face à une croissance d'environ 15 % depuis 2002, les autorités de santé tirent la sonnette d'alarme. Tour à tour, le Haut Conseil pour l'avenir de l'assurance-maladie, la Cour des comptes, la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) et plus récemment l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS), dans un rapport consacré à l'information des médecins généralistes sur le médicament publié le 31 octobre, affichent des recommandations convergentes pour modifier le comportement des usagers et surtout des prescripteurs.


En France, 90 % des consultations chez le généraliste donnent lieu à une ordonnance, contre 72 % en Allemagne et 43 % aux Pays-Bas. Parmi les personnes âgées de plus de 65 ans en affection de longue durée, 1,5 million consomment 7 médicaments de classes thérapeutiques différentes.

La liberté de prescription est l'un des piliers de la médecine libérale en France. Contrairement à leurs homologues anglais, les médecins français ne subissent aucune contrainte sur leurs choix thérapeutiques. Dans une étude comparative des pratiques européennes dans 9 classes thérapeutiques - qui représentent en France 40 % des dépenses de médicaments, soit 8 milliards d'euros -, la CNAM relève que les praticiens ont tendance à privilégier les produits les plus récents, et donc les plus chers, au détriment des molécules les plus anciennes et souvent génériquées.

Dès lors, le coût moyen par habitant s'élève à 130 euros en France pour 97 euros au Royaume-Uni et 79 euros en Allemagne, selon les données fournies par le cabinet IMS Health Service. Pour le traitement des ulcères - un milliard d'euros remboursés -, la consommation des Français est inférieure à celle des Espagnols, mais le coût par habitant est respectivement de 16,5 euros et de 9,6 euros par habitant en raison d'un recours plus systématique aux génériques en Espagne. A pratique équivalente, l'économie potentielle serait, selon la CNAM, de 430 millions d'euros. Selon l'assurance-maladie, les médecins français "passent trop vite aux médicaments les plus puissants, qui ne sont pas forcément ceux dont on a le plus besoin".

"Le budget du prescripteur est illimité", souligne Noël Renaudin, président du Comité économique des produits de santé (CEPS). Rattaché au ministère de la santé, cet organisme est chargé de fixer le prix des médicaments, notamment en fonction du service médical rendu. "L'avantage du système français est sa générosité : quel que soit le prix du médicament, il est accessible à tout le monde. L'inconvénient, c'est que nous n'avons pas trouvé la mécanique de régulation de la dépense", explique-t-il.

L'industrie pharmaceutique invoque les différences de pratiques, comme l'a relevé Claude Le Pen, économiste de la santé. Sans les nier, il relativise les écarts par des préconisations différentes. "La France présente les meilleurs indicateurs de santé publique", souligne Claude Bougé, directeur général adjoint des Entreprises du médicament (LEEM). Selon lui, il existe une "puissante convergence des comportements des consommateurs des autres pays européens" qui, eux aussi, connaissent une forte augmentation des coûts liée à la hausse des affections les plus graves.

Dans son rapport sur l'information des généralistes, l'IGAS met en évidence l'importance de la "visite médicale" des représentants des laboratoires pharmaceutiques, qui y consacrent chaque année près de 3 milliards d'euros, soit 75 % de leurs dépenses promotionnelles. Pour autant, relève l'étude, "35 % à 42 % des généralistes interrogés disent ressentir un manque d'informations pour ce qui concerne les données comparatives, les niveaux d'amélioration de service médical rendu, les effets secondaires ou les interactions médicamenteuses". De surcroît, "la visite médicale, financée en fait par la collectivité au travers des prix administrés des médicaments, s'avère un moyen très coûteux : plus de 25 000 euros par généraliste et par an".

"Il faut un système de recommandations fermes sur le bon usage des produits pharmaceutiques par des règles applicables au conventionnement", propose M. Renaudin, afin que les médecins soient incités à prescrire le médicament le plus efficace au meilleur prix.

Les autres pays européens se sont dotés d'organismes et d'autorités indépendantes chargées d'édicter les "bons usages" à moindre coût. En France, cette mission incombe à la Haute Autorité de santé (HAS), qui peine à s'affirmer. L'assurance-maladie a commencé à former ses délégués chargés de rencontrer et d'informer les médecins. Une sorte de contrepoids encore bien fragile face à la puissance des laboratoires pharmaceutiques.


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