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Des personnes âgées testent la maison du futur 

Par Agnès Leclair, Le Figaro

 

France


22 Août 2008

 

Leur appartement a été truffé de capteurs vérifiant leur état de santé, leur mobilité ou leur appétit : à Grenoble, des seniors servent de cobayes aux «gérontechnologies».

Deux armoires en bois, un coin cuisine bien briqué, quelques broderies accrochées aux murs… rien ne distingue à première vue le studio de Mauricette de celui d'une autre personne installée dans une résidence standard pour personnes âgées. Mais en dépit des apparences, cette vieille dame de 83 ans vit dans un appartement du futur. Une installation qui devrait être prochainement modélisée et commercialisée dans moins de deux ans.
Plus surveillée qu'un repenti mafieux, Mauricette évolue sous l'œil de sept capteurs à infrarouge. Disséminés stratégiquement sur le plafond de son appartement, au-dessus de son lit, dans la cuisine, l'entrée et la salle de bains, ils mesurent son activité et transmettent des données sur sa mobilité à un laboratoire de recherche via un ordinateur portable.

Quelques arrêts de tram plus loin, de l'autre côté du miroir, les chercheurs du laboratoire TIMC-IMAG de la faculté de médecine de Grenoble étudient les mouvements de Mauricette. Et tentent d'en tirer un diagnostic sur son état de santé général. Si ses déplacements se font plus rares, si elle s'agite pendant la nuit, qu'elle délaisse sa kitchenette, ils pourront conclure à un problème cardio-vasculaire, à un début d'Alzheimer ou tout simplement à une baisse d'autonomie.

Une fois par jour, Mauricette s'astreint également à coiffer un de ses doigts d'un oxymètre. Ce petit appareil mesure son taux d'oxygène dans le sang, un bon moyen de détecter des problèmes de cœur ou de poumon. Depuis 2005, le laboratoire grenoblois teste ainsi sur des aïeuls une série de dispositifs pour appartements intelligents. Des logements où tout est organisé pour la surveillance médicale et le maintien à domicile des personnes âgées dépendantes. Peut-être un début de solution alors que l'Insee prédit une multiplication par deux des plus de 75 ans à horizon 2040 et que les places dans les hôpitaux et maisons de retraite se font rares.

«Pour l'instant, les informations que nous récupérons sont complexes et doivent être corrélées. Il serait difficile de les envoyer telles quelles au médecin de la personne âgée ou à la famille qu'il ne faut pas effrayer inutilement. Nous essayons donc de mettre au point un système qui indique trois états : stable, moyen et en baisse», explique Norbert Noury, coinitiateur du projet.
Mauricette, elle, semble presque indifférente à l'arsenal technologique déployé chez elle. «Les appareils clignotent parfois, je ne sais même pas pourquoi», indique l'octogénaire.

Un mouchard sur le réfrigérateur

Un étage en dessous, Yvette, un autre «cobaye», vit en plein paradoxe. Désireuse d'aider la recherche, cette grand-mère de 81 ans ne montre cependant aucune appétence pour la technologie. Allant même jusqu'à refuser de se servir des mails afin de ne pas crouler sous les messages de ses quatorze petits-enfants. Depuis plusieurs mois, elle a même arrêté de se servir de son «oxymètre». Une réticence qui montre que la technique doit savoir se faire accepter.

D'autres appareils sont également en phase d'expérimentation au laboratoire : microphones capables de détecter un mot-clé tel que «au secours», «mouchards» sur le réfrigérateur pour fournir des indications plus précises sur le rythme des repas… Enfin, Norbert Noury a mis au point un capteur embarqué à glisser dans une poche de vêtement. Détecteur de chutes, il continue aussi de mesurer l'activité de la personne à l'extérieur. «Il faut aussi s'intéresser à la personne pendant ses déplacements pour qu'elle se sente en sécurité à l'extérieur. Sinon, son domicile risque de se transformer en prison», souligne-t-il. À Toulouse, à Nice, d'autres équipes œuvrent également au développement de «gérontechnologies», ces technologies innovantes au service de la gériatrie. L'Imag, adossé à France Télécom et Intervox, étudie actuellement la commercialisation de l'appartement.

Un financement par location de 100 euros par mois est envisagé. Reste à savoir si le grand public sera prêt à payer. «Avec la séparation du sanitaire et du social, les conseils généraux et la Sécurité sociale risquent de se renvoyer la balle pour le remboursement de tels logements», prévient Alain Franco, chef du département de médecine gériatrique du CHU de Toulouse. Aux États-Unis, où les particuliers ont l'habitude de mettre la main à la poche pour leur santé, l'habitat intelligent fait déjà des adeptes.


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