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Personnes âgées: des taux de suicide record, dans l'indifférence générale


Par
Julie Charpentrat, AFP


10 Septembre 2009


France

 

Une personne âgée assise sur un fauteuil roulant attend dans le couloir d'une maison de retraite de la région lilloise le 20 mai 2009


Les personnes âgées se suicident en moyenne beaucoup plus que le reste de la population, surtout après 85 ans, chez elles ou en maison de retraite, souvent en raison de dépressions non diagnostiquées, dans une indifférence générale que déplorent les professionnels.


En France, comme "dans plusieurs pays, les taux de suicide les plus élevés se retrouvent chez les aînés, spécialement chez ceux qui ont 85 ans et plus", constate l’Association internationale pour la prévention du suicide (AIPS), qui parraine la Journée mondiale de prévention du suicide le 10 septembre.


Ainsi, quand le taux est de 17,1 suicides pour 100.000 habitants dans la population générale, il est de 32 pour les 75-84 ans, de 44 pour les 85-94 ans et de 38,8 chez les plus de 95 ans, selon les chiffres de l'Institut national de recherche médicale (Inserm).


Les hommes de plus de 95 ans se suicident même dix fois plus que le reste de la population.


Depuis 30 ans, la France compte environ 3.000 suicides chez les plus de 65 ans, sur les 10.000 environ répertoriés chaque année.


Se sentant "rejetés par une société très méprisante envers les gens qui ne sont plus actifs", souvent isolés et voyant leur état physique décliner, beaucoup de patients âgés ne voient pas d'autre issue, explique le Dr Sophie Moulias, gériatre à l'hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine).


Plus les personnes avancent en âge, plus elles choisissent des méthodes radicales --pendaison, coup de fusil ou défenestration--, "ce sont moins des tentatives que des suicides" réussis, explique aussi Sophie Moulias.


"Si l'on parle davantage du suicide des adolescents, pour lesquels il s'agit effectivement d'une des principales causes de décès à un âge où l'on meurt peu de maladie, les personnes âgées sont donc, en proportion, nettement plus concernées par le suicide", relève la Drees (service des statistiques des ministères sociaux) dans une étude sur les "suicides et tentatives de suicides en France".


Le suicide des personnes âgées "n'intéresse personne", déplore Sophie Moulias. "Ce n'est pas un point fort de la santé publique aujourd'hui", insiste-telle, même si au secrétariat d'Etat aux Aînés, on déclare "ne pas être indifférent face à cette triste réalité".


"Un combat s'impose sur la prévention du suicide des personnes âgées, notamment sur l'isolement et les signes de dépression", reconnaît-on de même source.


Alors que la principale cause de suicide est la dépression, celle-ci est "particulièrement difficile à diagnostiquer chez le sujet âgé", explique le Dr Olivier Drunat, chef du service de psycho-gériatrie de l'hôpital Bretonneau à Paris.


Les syndromes dépressifs sont "difficiles à différencier des plaintes qui peuvent exister à cet âge-là, lorsqu'on se plaint de sa mémoire, de douleurs, de fatigue, ce sont des symptômes assez bâtards, assez généraux qui ne sont pas forcément des signes d'alerte très évidents", poursuit-il.


De même, un comportement agressif, ou au contraire une personne âgée qui se met en retrait, peut constituer un symptôme à prendre très au sérieux, expliquent les médecins.


Les dépressions "sont donc probablement sous-estimées, mal prises en charge et du coup, il y a plus de passages à l'acte" suicidaires, selon le Dr Drunat.
Alors que la société a du mal à s'émouvoir du suicide d'une personne âgée, "il faut expliquer que ce n'est pas normal, que ce n'est pas plus acceptable que le suicide des jeunes", insiste le Dr Moulias.

 


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