3 Avril 2012
Belgique
La
dénutrition est un
phénomène encore peu
connu, auquel les experts ne
s’intéressent
véritablement que depuis quelques
années. Pourtant, ce mal touche
une large partie de la population
âgée.
Des chiffres datant de 2007 nous
apprennent qu'en Belgique, 34% des
personnes âgées de plus de
75 ans sont en mauvais état
nutritionnel lors de leur entrée
à l’hôpital. Et 37%
présentent un risque important de
dénutrition. "Le calcul est
simple et inquiétant : deux tiers
des personnes âgées sont
concernées par ce
problème", résume Miguel
Lardennois, infirmier, auteur de
l’étude et doctorant en
Santé Publique à l’ULg.
Des
éléments alarmants
La dénutrition est en fait
liée à une carence en
nutriments, à un manque d’apports
énergétiques. Elle peut
être décelée via
deux éléments concrets.
Le calcul du BMI (le "Body Mass Index",
l’indice de masse corporelle) permet
ainsi de voir où se situe un
individu par rapport à la norme.
"Le calcul de cet indice est simple : il
faut diviser le poids par la taille (en
centimètres) au carré",
rappelle Miguel Lardennois. Multipliez
ce résultat par 10 000 et vous
aurez votre indice de masse corporelle.
"Pour un adulte, le résultat doit
se situer entre 20 et 25 et ne peut en
aucun cas tomber en-dessous de 18. Pour
une personne de plus de 75 ans, cet
indice ne peut passer sous 21."
L’autre élément pouvant
révéler une
dénutrition est une perte de
poids importante (plus de 5%) et
involontaire durant les trois derniers
mois.
Trois
questions concrètes et un test
simple…
"Les conséquences de cette
dénutrition sont une augmentation
de la morbidité, une augmentation
des risques de ne pas survivre à
des événements de la vie
quotidienne, allant de la grippe au cœur
de l’hiver à la fracture qui ne
guérira jamais", prévient
Miguel Lardennois.
Pourtant, trois simples questions
peuvent permettre de déceler si
une personne est dénutrie ou si
elle présente un fort risque.
Lorsque vous rencontrez cette personne
âgée, demandez-lui tout
d’abord si elle se sent en plus mauvaise
santé qu’il y a trois mois.
Inquiétez-vous ensuite de savoir
si elle a perdu du poids de
manière involontaire. Enfin,
posez-vous la question : "Cette personne
me semble-t-elle malade ?" Si la
réponse à l’une des trois
interrogations est affirmative,
inquiétez-vous et prévenez
un médecin.
… avant
qu’il ne soit trop tard
Autre élément pouvant vous
mettre la puce à l’oreille :
ouvrez tout simplement la porte du frigo
de cette personne âgée. Si
vous n’y trouvez pas de quoi
préparer un repas complet, le
propriétaire du
réfrigérateur ne
s’alimente probablement pas de la
meilleure des manières.
"Quand une personne est à risque,
on peut facilement faire quelque chose.
C’est pour cela qu’il est
impératif d’informer et de faire
des campagnes de dépistage et de
prévention", avance Miguel
Lardennois. "Par contre, quand une
personne est dénutrie, c’est bien
plus compliqué. On va mettre
jusqu’à trois fois plus de temps
pour la renourrir qu’elle n’a mis de
temps à se dénutrir."