Home |  Elder Rights |  Health |  Pension Watch |  Rural Aging |  Armed Conflict |  Aging Watch at the UN  

  SEARCH SUBSCRIBE  
 

Mission  |  Contact Us  |  Internships  |    

 



back

 

 

Canicule: le directeur d'une maison de retraite mis en examen pour "homicide involontaire"

Philippe Bernard, Le Monde

October 19, 2003

 

La famille d'une octogénaire morte pendant l'été dans un établissement de Reims avait porté plainte. Les responsables du secteur redoutent une multiplication des procédures judiciaires.

Le directeur d'une des maisons de retraite les plus huppées de Reims (Marne) a été mis en examen, jeudi 16  octobre au soir, pour "homicide involontaire" et placé sous contrôle judiciaire à l'issue de près de deux journées de garde à vue. François Pichereau, responsable de la résidence Hotelia, située dans le centre historique de la capitale champenoise, avait été interpellé, l'avant-veille, à la suite de la plainte de la famille d'une résidente octogénaire décédée le 11 septembre.

Adressée quelques jours plus tard au parquet de Reims, la lettre manifestait une vive indignation quant aux circonstances du décès. La missive relevait des éléments anormaux justifiant l'ouverture d'une enquête préliminaire confiée à la police puis, jeudi, celle d'une information judiciaire visant, outre le directeur de la résidence, son adjointe, et l'établissement comme personne morale.

Ces investigations auraient notamment permis de relever un défaut de personnel en nombre et en niveau de formation et établi que le directeur de l'Hotelia de Reims , dont le tarif mensuel de la pension dépasse 2 000 euros, n'avait pas interrompu ses vacances pendant la canicule. L'information ouverte jeudi porte non seulement sur les circonstances du décès mais sur le fonctionnement de l'établissement pendant l'été dernier, précise-t-on de source judiciaire.

L'Hotelia de Reims accueille une centaine de résidents et dispose de l'équivalent de 50  salariés à plein temps, dont 3,85  infirmières, précise Hervé Hardy, président du groupe Serience, qui possède une trentaine d'établissements de ce type en France, bénéficiant tous de la certification ISO. La maison de retraite de Reims se place ainsi légèrement au-dessus de la moyenne nationale, qui s'établit à 0,4 membre du personnel par pensionnaire, taux dont les organisations professionnelles demandent le doublement dans leurs discussions budgétaires avec le gouvernement. Depuis juin 2003, le groupe Serience est la propriété du holding financier Batipar et de la banque Morgan Stanley. "Nous ne sommes pas des faiseurs de fric et notre professionnalisme est avéré",assure M.  Hardy, qui "comprend la peine" de la famille qui a porté plainte.

La mise en examen de M.  Pichereau, première conséquence judiciaire du drame lié à la canicule de cet été, a soulevé une très forte émotion dans le milieu des professionnels de l'hébergement de personnes âgées. Un émoi d'autant plus vif que la décision prise à Reims intervient au lendemain de l'annonce, par le ministre des affaires sociales, du report au mois de novembre de l'annonce du plan "vieillissement et solidarité", destiné notamment à améliorer la situation dans les maisons de retraite, dans un contexte budgétaire extrêmement serré (Le Monde du 18  octobre).

"BOUCS ÉMISSAIRES"

"Bouleversé" et "révolté", Luc Broussy, délégué général du Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées (Synerpa), dont M.  Pichereau est le délégué départemental, assimile la décision de mise en examen à la recherche de "boucs émissaires". "Les directeurs de maisons de retraite, qui consacrent leur vie aux personnes âgées, doivent-ils personnellement payer au nom de toute une société qui s'est aperçue au mois d'août qu'elle négligeait peut-être un peu trop ses aînés  ?", s'interroge M.  Broussy.

Le directeur mis en cause à Reims avait participé, au printemps 2003, aux protestations de la profession visant à obtenir davantage de moyens, remarque Pascal Champ-vert, président de l'Association des directeurs d'établissements d'hébergement pour personnes âgées (Adehpa). M.  Champvert souligne que cette "mise en examen pour manque de personnel intervient au moment où certains, dans la majorité, parient sur l'oubli des Français". "C'est contre l'Etat qu'il faut se retourner, pas contre des individus", proteste M.  Champvert, qui réclame "les crédits nécessaires, soit 7  milliards d'euros sur cinq ans", pour recruter des personnels tant pour les établissements que pour l'aide à domicile.

Les responsables de maisons de retraite redoutent que l'affaire de Reims ne donne des idées à d'autres parents de victimes de la canicule et conduise à une multiplication des plaintes. La surmortalité liée à la canicule a été particulièrement marquée dans les maisons de retraite, avait souligné l'Inserm dans son rapport de septembre. Le nombre de décès y avait été multiplié par 2, contre 1,7 à domicile, 1,5 dans les hôpitaux et 1,2 dans les cliniques privées.

 

Copyright © 2002 Global Action on Aging
Terms of Use  |  Privacy Policy  |  Contact Us