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Le plan dépendance sous le feu des critiques
Le Monde,
November 7, 2003
 

   

Cette volée de bois vert intervient à un moment où Jean-Pierre Raffarin, fragilisé, voit s'accumuler les spéculations sur un éventuel remaniement gouvernemental, voire sur son départ de Matignon.

Malgré une annonce soigneusement préparée et à l'issue d'un suspense savamment entretenu, la présentation jeudi par Jean-Pierre Raffarin du dispositif gouvernemental d'aide aux personnes âgées, destiné à tirer les leçons du drame estival de la canicule, n'a convaincu ni les professionnels ni la plupart des observateurs. Approuvé par Jacques Chirac et l'UMP, ce plan "Vieillesse et solidarité" a en effet suscité scepticisme et hostilité des centristes de l'UDF, de la gauche et des syndicats.

Certes, le président, qui se trouvait jeudi à Carcassonne (Aude) pour un sommet franco-espagnol, s'est "réjoui" du plan présenté jeudi par le premier ministre, évoquant "une très grande réforme novatrice" et "une pierre importante ajoutée à notre système de protection sociale". Le président de l'UMP, Alain Juppé, s'est félicité du "choix pragmatique et cohérent" du gouvernement, estimant que "Jean-Pierre Raffarin nous rappelle collectivement notre devoir de solidarité face aux plus fragilisés d'entre nous". Enfin, pour Jacques Barrot, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, "ce jour de travail supplémentaire consenti par les forces vives du pays prouve que le dynamisme économique est nécessaire pour assurer de nouveaux progrès sociaux".

Par contre, l'UDF a exprimé son opposition. Le président du groupe centriste à l'Assemblée nationale, Hervé Morin, a prévenu qu'il "n'était pas prêt à voter" la suppression d'un jour férié ou d'une journée de RTT. "Depuis la Révolution française, on a supprimé la dîme, la gabelle, la corvée et on va demander aux Français de donner 100 % de leur travail d'une journée à l'Etat. Ce n'est pas une façon d'encourager le travail", a-t-il commenté.

"Une journée de travail offerte aux employeurs", selon la CGT

Même réaction d'hostilité de la part des partis de gauche et d'extrême gauche : le plan Raffarin est "insuffisant, injuste" et "choquant" quant à son financement, a martelé le premier secrétaire du PS, François Hollande. La secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet, a accusé le gouvernement de "créer une nouvelle taxe pour les salariés". "C'est toujours aux plus modestes que l'on demande de travailler plus, de payer plus, d'être solidaires et fraternels", a-t-elle constaté. La LCR a dénoncé "la charité obligatoire" instituée par le gouvernement et le Mouvement républicain et citoyen (MRC, chevènementiste) a accusé le gouvernement Raffarin de "réintroduire la corvée comme sous l'Ancien Régime".

Quant au secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, il a promis "une opposition résolue" de la confédération à toute rediscussion des conventions collectives qui découlerait automatiquement de la suppression d'un jour de congé. Pour la CGT "c'est une journée de travail offerte aux employeurs et non pas aux personnes âgées". Selon la CFTC, il s'agit d'"une agression contre les 35 heures" et la décision de faire travailler les salariés un jour de plus constitue une mesure "sans justification économique" en période de chômage massif. Les syndicats professionnels se sont de leur côté montrés sceptiques : l'Union professionnelle artisanale veut une discussion sur le financement et l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie affirme que la suppression d'un jour férié "nous étonne et nous gêne".

Grande sévérité des professionnels

Les syndicats de maisons de retraités ont été encore plus hostiles : la Fédération nationale accueil et confort pour personnes âgées (Fnacppa, maisons de retraite et aide à domicile) est "atterrée". C'est "une copie bâclée", selon l'aide à domicile (Unassad). Pour le Synerpa (maisons de retraite privées), le plan est "largement en dessous des objectifs minimaux que l'on pouvait attendre". Le Synerpa s'est en outre inquiété des financements, soulignant que "les premiers crédits - peut-être 400 millions pour les maisons de retraite - sont simplement reconduits d'une année sur l'autre mais ne se cumulent pas !" L'Association des directeurs d'établissements d'hébergement pour personnes âgées (Adehpa), a qualifié ce plan de "grenouille déguisée en bœuf", faisant valoir que "15 000 soignants supplémentaires, c'est 1,5 poste par établissement". Quant aux 10 000 places supplémentaires, "il aurait fallu en créer 40 000 d'ici 2007", selon elle. Enfin, les évêques ont demandé au gouvernement une "concertation".

Pour Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes hospitaliers de France (Amuhf), "même si la volonté politique semble bien réelle, il n'y a rien de pérenne dans ce plan qui pose beaucoup plus de questions qu'il n'offre de certitudes". "Le vrai problème, c'est l'emploi, ajoute M. Pelloux. Au lieu d'annoncer qu'on va créer de nouveaux lits, on ferait mieux de renforcer les équipes existantes. Il aurait fallu commencer par combler les emplois dont on a annoncé la création dans le cadre des protocoles signés ces dernières années."

L'ADMR (services à domicile) a en revanche salué "des mesures qui vont dans le bon sens", et tout comme la Fnath (association des accidentés de la vie), s'est dite satisfaite de la création d'"une nouvelle caisse". La FHF (maisons de retraite publiques) l'a trouvé "en retrait par rapport aux attentes du secteur", mais a salué "un effort significatif".

Jean-Pierre Raffarin vante son bilan

Enfin, c'est dans un scepticisme quasi unanime que la presse a accueilli vendredi le plan du gouvernement, qualifié au mieux d'"usine à gaz", au pire d'"impôt-travail" qui risque de se révéler contre-productif en termes d'emploi. "Le gouvernement transforme en opération de charité ce qui aurait dû être un engagement budgétaire", estime par exemple Frank De Bondt dans Sud-Ouest. Pour sa part, L'Humanité reproche au premier ministre "de transformer un drame humain, l'hécatombe sous l'effet de la canicule estivale, en mauvaise farce : la journée du travail obligatoire et gratuit". La principale critique adressée à M. Raffarin est la mise en place d'"un nouvel impôt", comme l'écrit Hervé Chabaud dans l'Union, alors que "les petits salariés qui ont peu ou pas du tout profité de la baisse d'impôt, vont devoir, en plus, faire cadeau d'un jour de travail", selon Bernard Revel, dans l'Indépendant du Midi.

Face à cette volée de bois vert, Jean-Pierre Raffarin a défendu jeudi soir sur France 3 le bilan de ses dix-huit mois à Matignon, en soulignant qu'il n'avait pas "honte" de son action et n'entendait pas céder au "découragement". "Franchement, un premier ministre qui réussit à faire la réforme des retraites, à faire la réforme de la décentralisation, des smic - avec le 13e mois pour les smicards - et là à changer vraiment en quatre ans la vie des personnes handicapées, des personnes âgées... franchement, je ne suis pas honteux de ce que je fais", a-t-il dit en vantant son bilan. "Je le fais pour mon pays et je ne m'occupe pas de ma carrière personnelle", a-t-il ajouté. Interrogé sur le choix de la suppression d'un jour férié plutôt qu'une augmentation de la CSG, le chef du gouvernement a estimé que "c'est la création de richesse" et le travail, et pas une augmentation d'impôt, qui devait "financer le social". "On ne peut pas systématiquement aller chercher de l'argent dans la poche des Français", a-t-il insisté.  

If you need further information about this reform, you may visit the French Government Website:  www.premier-ministre.gouv.fr

  Jean-Pierre RAFFARIN

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