Un 1er mai dédié aux conflits sociaux

Par: AFP
Le Monde, 1er mai 2001

A Paris, après la CFTC et FO, séparément, le matin, la CGT, la CFDT, l'UNSA, la FSU et le Groupe des Dix devaient défiler ensemble à partir de 15 h 00 pour "le progrès social, la démocratie et la paix", des salariés des entreprises menacées par les plans sociaux de ces dernières semaines devant prendre part à cette manifestation régionale.

Plusieurs milliers de militants de la CFTC, selon les organisateurs, manifestaient mardi matin à Paris contre les licenciements et pour le droit des salariés à la formation professionnelle, à l'occasion de la traditionnelle journée de défilé syndicaux du premier mai. Rassemblés sous la pluie au sein d'un cortège tout en bleu et blanc - les couleurs traditionnelles du syndicat chrétien -, les syndicalistes de la CFTC venus de toutes les régions de France ont commencé à défiler à partir de la place de la Bourse en direction de Beaubourg, terme de la manifestation. La CFTC attendait 4 000 manifestants pour ce défilé alors que résonnaient au sein du cortège des extraits de la comédie musicale "Les Dix commandements". Aucune estimation de participation n'a pu être obtenue auprès de la préfecture de police. 

Les salariés, venus notamment des entreprises LU/Danone, André, Matra, Moulinex ou Auchan, défilaient bruyamment aux cris de "Salariés jetables, non, non, non, emplois durables oui, oui, oui !" et au milieu de banderoles proclamant notamment "Marks & Spencer, Danone, André : licencions les licencieurs" ou "Emploi-jeunes aujourd'hui... demain : quel avenir ?". 

"LOGIQUE DU SALARIE JETABLE"

Placé en tête de cortège, le président de la CFTC, Alain Deleu, a notamment stigmatisé, en référence aux nombreux plans sociaux annoncés ces dernières semaines, "le retour de la barbarie et de la logique du salarié jetable" dans les entreprises. "Apparemment, on n'a pas compris que le progrès à long terme repose sur les salariés , et pas sur le profit contre les salariés", a-t-il asséné, entouré de deux groupes de militants, l'un portant un cercueil étiqueté "Moulinex", l'autre accompagnant une barque en bois dédiée à "la formation professionnelle", autre thème de la manifestation avec la défense de l'emploi.

"La Formation professionnelle est un moyen d'assurer le développement personnel du salarié, et ne pas jouer le jeu de la formation, c'est ne pas se s'en préoccuper", a expliqué M. Deleu, en critiquant "l'attitude du Medef" lors des négociations en cours sur la formation professionnelle. "Le patronat veut, comme sur les autres dossiers, faire porter le coût de la formation par l'Etat et les salariés, sans y participer", selon M. 

Deleu. "Ce blocage sur la formation est cohérent avec le fait de considérer les salariés comme des éléments jetables", a-t-il conclu.

Les militants de Force Ouvrière étaient un millier, selon les organisateurs et la préfecture de police, a manifester mardi à Paris pour la retraite après 37 années et demi de cotisations pour tous, contre les licenciements et les mesures unilatérales du gouvernement concernant les salaires des fonctionnaires. Les manifestants qui s'étaient mis en mouvement place de la Bastille (11e arrondissement) peu après 11h, ont rallié la place Gambetta (20e arrondissement) avant d'aller se recueillir au cimetière du père Lachaise sur la tombe de Léon Jouhaux, fondateur de FO.

Toques et blouses blanches, sur lesquelles on on pouvait lire "Fauchon = fauché", des employés du célèbre traiteur parisien marchaient en tête, après leur récente grève pour les salaires. Parmi les manifestants, on notait également la participation de salariés de l'usine Lu de Ris-Orangis (Essonne).

Jean-Pierre Lapeyre, responsable de l'Intersyndicale de cette usine était venu prendre des contacts en vue de l'organisation d'une manifestation nationale contre les licenciements. "Les mesurettes annoncées par le gouvernement", a-t-il déclaré interrogé par l'AFP, "n'auront aucun effet pratique sur les grands groupes. Sur les 413 employés de Ris-Orangis, seulement un quart a la capacité de retrouver un emploi", a affirmé M. Lapeyre selon lequel "le doublement de la prime de licenciement et les autres mesures annoncées ne compensent pas le préjudice moral et humain que nous subissons. Nous avons donné parfois 20 ou 30 ans de notre vie à l'entreprise. Qu'est-ce qu'on a derrière ? On se retrouve le bec dans l'eau", a-t-il conclu.

"LES RESPONSABLES SONT AU GOUVERNEMENT"

"Nous sommes là pour réagir contre le dispositif comme le Pare (Plan d'aide au retour à l'emploi prévu par la convention d'assurance chômage) et l'évolution de la politique salariale dans la Fonction publique", a de son côté souligné Gabriel Gaudy, secrétaire général de l'UD-Paris qui organisait la manifestation. M. Gaudy a ajouté : "Nous sommes également là pour dire que quand les entreprises font des bénéfices considérables, on ne peut pas se contenter de reclassements précaires. Nous sommes favorables aux dispositifs qui empêchent les licenciements", a-t-il ajouté.

Les licenciements étaient au coeur des slogans scandés notamment : "Jospin, Guigou, Gayssot, interdisez les licenciements", "privatisations, licenciements, les responsables sont au gouvernement". Les militants FO ont encore exigé la retraite après 37 ans et demi de cotisation pour tous les salariés, lançant : "Jospin, Seillière, Notat, votre retraite à la carte on n'en veut pas !", ou encore dénoncé une "perte de pouvoir d'achat des fonctionnaires" et les mesures unilatérales prises par Michel Sapin. Nombreux se sont prononcé pour une "grève générale interprofessionnelle", un militant y voyant la "seule réponse possible face aux problèmes sociaux actuels".

En province, les salariés des sites concernés par les annonces de plans de restructuration de ces dernières semaines étaient aux premiers rangs des manifestations.

A Marseille, les manifestants étaient 3 000 à 4 000 selon la police, 12 000 selon les organisateurs à défiler à l'appel commun des syndicats CGT, CFDT, FSU et UNSA. On remarquait des salariés d'AOM-Air Liberté, de Marks & Spencer mais aussi des comités de chômeurs, de sans papiers, d'AC! (Agir contre le chômage), d'Attac ou de la LCR.

A Lesquin, près de Lille, un millier de personnes, en majeure partie des salariés de Selnor (Brandt), ont manifesté pour protester contre la fermeture de l'usine annoncée la semaine dernière par le groupe Moulinex-Brandt.

A Montpellier, des salariés d'Air Littoral étaient en tête du cortège qui a rassemblé environ un millier de personnes, accompagnés par des sages-femmes de l'Hérault qui poursuivent leur grève.

A Caen, les salariés de l'usine Moulinex de Cormelles-le-Royal, menacée de fermeture, ont défilé dans les rues, tandis qu'à Alençon, 300 à 400 salariés de l'usine Moulinex ont quitté le site pour se rendre au centre ville pour manifester, selon la police.

A Bordeaux, un cortège rassemblant quelque 800 personnes selon la préfecture, à l'appel des syndicats CGT, CFDT, FSU et UNSA, était emmené par les délégations des salariés de l'usine LU de Cestas (Gironde) - non concernée par le plan de fermeture -, de Marks & Spencer de Bordeaux et de la société d'assistance aéroportuaire Aviapartner de l'aéroport de Bordeaux-Mérignac, où un projet de 33 licenciements a été annoncé aux salariés.

A Clermont-Ferrand, une manifestation non unitaire a réuni 650 personnes selon la police. A Nice, 400 personnes selon la police, 1 500 d'après les manifestants, ont défilé sous une pluie battante à l'appel de la CGT, de la CFDT, de la FSU et de l'UNSA.

A Tours, 400 personnes ont manifesté selon la police, chacun des organisateurs (CGT, CFDT, FSU) défilant sous ses propres banderoles.
300 personnes ont défilé unitairement à Pau (Pyrénées-Atlantiques), 250 à 300 personnes à Angoulême (Charente), 300 à Rennes, 400 à Nantes et 300 à Saint-Nazaire.


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