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Au Japon, le Scandale des Retraites Provoque des Démissions en Cascade

By Philippe Pons, Le Monde

May 19, 2004


La vie politique japonaise n'est pas avare en scandales et le dernier en date - le non-paiement par des responsables politiques de leurs cotisations de retraite - s'avère ravageur. Rampant depuis deux semaines, il fait tomber les têtes les unes après les autres et menace jusqu'au premier ministre, Junichiro Koizumi. 

Dans une surenchère de contrition, les démissions aux postes de responsabilité se succèdent. C'est ainsi en plein désarroi que, mardi 18 mai, le Parti démocrate, principale formation d'opposition, s'est doté d'un nouveau président, Katsuya Okada. Son prédécesseur, Naoto Kan, coupable d'avoir "oublié" de payer ses cotisations (alors qu'il était ministre de la santé et des affaires sociales), venait de démissionner et son successeur pressenti, Ichiro Ozawa, avait brusquement renoncé à se présenter pour les mêmes motifs. Dans la coalition gouvernementale, des membres de la majorité libérale démocrate (PLD) et certains de leurs alliés du parti bouddhiste Komei sont dans la même situation.

La première tête à tomber fut celle du secrétaire et porte-parole du gouvernement, Yasuo Fukuda, bras droit du premier ministre. Ce dernier est aussi sur la sellette. Si son cas présente des ambiguïtés, ses réponses contradictoires au Parlement n'ont convaincu personne. Il n'a reconnu une partie des faits que la veille de la révélation par l'hebdomadaire Shukan Post d'impayés sur une période de six ans.

M. Koizumi a d'abord déclaré que son cas ne posait "aucun problème légal". Puisqu'à l'époque il était étudiant ou parlementaire (donc pas tenu à adhérer à un système devenu obligatoire en 1986) et qu'il ne démissionnerait pas. En quelques jours, sa cote de popularité a accusé une baisse de 5 points, à 45 %.

En déclarant forfait pour la présidence du parti démocrate, Ichiro Ozawa, ancien cacique du PLD, dont la situation en ce qui concerne les impayés des cotisations est comparable à celle de M. Koizumi, a accentué les pressions sur ce dernier pour qu'il assume ses responsabilités politiques.

Coupable "Oublié"

Pour détourner l'attention de l'opinion sur une affaire qui discrédite la classe politique, le premier ministre a brusquement annoncé une visite le 21 mai en Corée du Nord afin de tenter de régler la question très sensible des Japonais enlevés par des agents de Pyongyang dans les années 1970-1980. Mais ce "coup politique" ne remédie en rien au malaise engendré par ce que le Asahi Shimbun qualifie de "pathétique comédie" des politiciens "s'immolant" sur l'autel de la probité pour leur coupable "oubli" de cotiser.

Au regard de bien des scandales (malversations, corruption) de la vie politique nippone se chiffrant par milliards de yens, le non-paiement de cotisations de retraite paraît un "péché véniel". Mais le contexte est mauvais : la Chambre basse vient de voter une réforme très impopulaire du système du régime de base des pensions, qui se traduira par une augmentation des cotisations obligatoires et une diminution des prestations, afin de combler le déficit des caisses de retraites creusé par le vieillissement de la population.

La campagne pour promouvoir cette réforme avait mal commencé. Quelques jours après l'apparition d'affiches représentant une jeune actrice appelant à "payer maintenant pour ne pas risquer de ne pas être payé plus tard", il s'avéra que cette dernière n'avait elle-même jamais payé ses cotisations... Puis, commença l'avalanche des révélations sur les "oublis" de membres du cabinet. Les ministres de l'économie, des finances, du commerce et de l'industrie étaient en tête de liste. Le gouvernement aurait reporté la divulgation des informations sur les non-cotisants de crainte qu'elle empêche le vote de la réforme des retraites.

Selon les sondages, les deux tiers des Japonais n'ont pas confiance en cette réforme. Elle ne remédie en rien aux inégalités provenant d'un système aux régimes multiples dont le non-paiement des cotisations par les politiciens n'a fait que confirmer les carences.

 

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