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Quatre piliers pour financer les retraites 

L'Agéfi Suisse


2 novembre 2009 

Suisse


La livraison d'octobre des Geneva Papers on Risk and Insurance (Route de Malagnou 53, 1208 Genève) est remarquable à double titre.

Il s'agit d'abord du dernier numéro spécial de cette revue sur le programme de recherche "Four Pillars" de l'Association internationale pour l'étude de l'économie de l'assurance (Association de Genève en bref), conçu et réalisé par Geneviève Reday-Mulvey avant son départ à la retraite. Elle en a profité pour demander à une riche palette de contributeurs de porter un regard critique sur les problèmes posés dans leur pays par les systèmes de retraite. C'est ainsi que Monika Bütler, professeur d'économie à l'Université de Saint-Gall, expose entre autres les raisons pour lesquelles, à la différence de beaucoup d'autres pays industrialisés, la Suisse n'a pas encore engagé de réforme majeure de son régime de retraite. Parmi celles-ci, on retiendra: un taux d'emploi élevé, une forte immigration d'ouvriers qualifiés, des conditions économiques somme toute favorables, une évolution plus positive que prévu des finances de l'AVS, sans parler de la perspective toujours redoutée du référendum.

Il s'agit aussi, en quelque sorte, d'un numéro commémoratif, puisque le programme de recherche en question, que Geneviève Reday-Mulvey n'a cessé d'animer avec compétence et enthousiasme, a vu le jour il y a pratiquement un quart de siècle. Orio Giarini, alors secrétaire général de l'Association de Genève, a d'ailleurs accepté de préfacer ce Cahier en rappelant les circonstances qui, à l'époque, l'avaient amené à s'intéresser à ce sujet.

L'Association de Genève a très tôt pris fait et cause pour une stratégie de financement des retraites fondée sur quatre piliers. Les trois premiers, communs à la plupart des pays, désignent les ressources tirées 1) de la retraite publique obligatoire, basée sur le principe dit "pay-as-you go" (méthode du forfait avec rectification périodique); 2) de la retraite professionnelle complémentaire prenant appui sur divers financements en fonds propres; 3) de l'épargne individuelle (retraites personnelles, assurance vie). Le quatrième pilier, ajouté par l'Association de Genève, se nourrit des revenus provenant de l'activité "productive" (souvent à temps partiel) rémunérée des seniors. L'inventeur de ce pilier complémentaire est Denis Kessler, ancien secrétaire général adjoint de l'Association de Genève, aujourd'hui président du réassureur français SCOR. Son texte fondateur, "Preventing Conflicts between Generations", publié en octobre 1996 dans les Geneva Papers, en fait foi. Le même Denis Kessler a du reste dès 1982 cosigné avec Dominique Strauss-Kahn, actuel directeur général du FMI, un ouvrage prémonitoire sur L'épargne et la retraite – l'avenir des retraites préfinancées qui soulignait le rôle indispensable de l'épargne individuelle dans le (pré)financement des retraites.

Dans la querelle philosophique entre ceux qui voient dans la vieillesse la diminution implacable des performances physiques et intellectuelles, et donc une malédiction, et ceux pour qui elle n'est pas un déclin mais une libération des passions permettant, enfin, la sagesse en forme de récompense, l'Association de Genève a choisi son camp. Elle fait sienne la conviction du grand sage athénien Solon selon laquelle la perte d'énergie est largement compensée par la lucidité et l'expérience. Tant que la vie résiste à la mort, il peut y avoir des projets et du sens. Et, surtout, vieillir ne doit pas empêcher d'apprendre et même d'entreprendre toujours.

En 2050, un tiers de la population des pays riches du monde aura plus de 60 ans. Il y a toujours eu des personnes âgées de plus de 70 et 80 ans. Mais c'étaient des exceptions. Aujourd'hui, l'allongement du cycle de vie est devenu un "phénomène de masse" – l'expression est d'Orio Giarini – répandu à travers le monde entier. Il convient par conséquent de redéfinir la notion de période active de la vie. Tout comme il faut repenser le concept de "valeur ajoutée". Pourquoi, se demande à juste titre Orio Giarini, les coûts de la santé, qui permettent un mieux-être physique et mental, ne sont-ils pas comptabilisés comme un accroissement du PIB, alors que les ventes d'automobiles ou la construction d'immeubles le sont? Une population âgée saine de corps et d'esprit est une population productive qui contribue à la richesse d'une nation.

Si l'on n'y prend garde, la facture démographique sera dix fois plus lourde que le coût fiscal de la crise financière que traverse le monde. Les gens vivent plus vieux, souvent en forme. Rien que de très normal donc qu'ils travaillent plus longtemps. Reculer l'âge de la retraite n'est pas une fin en soi. C'est un moyen de stimuler les recettes fiscales et de diminuer le coût des futures retraites.
Bonne lecture !


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