Alain Juppé estime que la retraite reste une "grenade dégoupillée"

Par: Jean-Michel Bezat
Le Monde, 25 avril 2001

LE RPR et les retraites, c'est l'histoire d'un succès discret et d'un échec retentissant : les décrets d'août 1993 portant à quarante ans la durée de cotisation dans les régimes de base, et la réforme avortée des régimes des fonctionnaires et des agents des entreprises publiques à l'automne 1995. Il n'est pas étonnant que ses responsables affichent désormais une audace mesurée sur ce sujet sensible. A l'approche de l'élection présidentielle, le mouvement gaulliste a rouvert le dossier - Alain Juppé en tête - en réunissant à Paris, mardi 24 avril, le deuxième des neuf "forums" qui ponctueront, d'ici à la fin du mois de juin, la préparation de son projet pour 2002 (Le Monde du 12 avril).

Sans doute l'ancien premier ministre garde-t-il un souvenir cuisant du mouvement social de 1995. Il a pourtant accepté d'ouvrir le forum en soulignant que ce dossier - surtout celui des régimes spéciaux - reste une "grenade dégoupillée", comme l'attestent, selon lui, les grèves à répétition dans les transports urbains de province pour la retraite à 55 ans.

Convaincu de l'urgence de la refonte d'un système qui représente plus de 12 % du PIB (soit 1 000 milliards de francs), et qui pèsera environ 16 % en 2040, il a critiqué l'immobilisme de son successeur. "Depuis quatre ou cinq ans, rien d'efficace n'a été fait", a-t-il dénoncé, jugeant que le comité d'orientation des retraites (COR) est un "comité Théodule de plus" et le fonds de réserve un "faux remède miracle".

Après la critique, M. Juppé a ouvert quelques pistes de réforme en s'appuyant sur les premiers travaux du RPR. L'approche se veut plus sociétale que financière (retraite à la carte, gestion des âges, prise en compte de la pénibilité des métiers). Le RPR prône une harmonisation des règles des divers régimes, tout en promettant de "garantir les droits des salariés et des retraités". Il veut passer du système par annuité à un système par points censé mieux refléter l'effort contributif de chaque salarié et lui permettre de choisir le moment où il souhaite cesser son activité.

Le RPR n'en démord pas : la réforme des régimes spéciaux, notamment celui des fonctionnaires, s'impose. Quitte à intégrer tout ou partie des primes dans le calcul de la pension en échange d'un allongement de la durée de cotisation au-delà de 37,5 ans. Il n'a pas non plus renoncé aux fonds de pension. M. Juppé dénonce le "faux débat entretenu par le premier ministre" entre répartition et capitalisation, prônant la mise en place d'une épargne-retraite soutenue par un abondement de l'entreprise et une aide de l'Etat. "Ce n'est plus un débat, assure Jean-François Copé, secrétaire général adjoint du RPR, chargé du projet. Le système de retraite doit être une fusée à trois étages : les régimes de base, les caisses complémentaires et l'épargne-retraite". Reste la pédagogie de la réforme, et là, confesse M. Juppé, "le travail est énorme". L'ancien premier ministre parle d'or.


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