Le gouvernement grec lance timidement la réforme du régime des retraites


AFP, 19 avril 2001

Le Premier ministre grec Costas Simitis (socialiste) a lancé jeudi l'une des réformes les plus attendues de la législature, celle des caisses de retraites lourdement déficitaires, dont il a tracé à grands traits les contours en se gardant de toute proposition précise.

A l'issue d'une réunion-marathon de cinq heures avec les membres de son gouvernement et les dirigeants du PASOK, le parti socialiste au pouvoir, M. Simitis a préconisé l'ouverture "d'un dialogue politique substantiel" avec les partis et les partenaires sociaux, assurant que le gouvernement était "ouvert à toute proposition". Les syndicats envisagent déjà une grève pour le 26 avril.

Cette réforme, réclamée à nouveau en février par l'Union européenne et l'OCDE, est rendue nécessaire par le lourd passif des régimes de retraite : le déficit total des assurances sociales (retraite, santé et chômage) doit s'élever cette année à 1.300 milliards de drachmes (GRD, 3,81 milliards d'euros), soit 3,3% du PIB, selon le ministère du Travail.

En outre, le système est très atomisé --pas moins de 236 caisses, une source de graves inégalités--, et propice aux incohérences puisque, dans certains cas, le montant de la retraite peut être supérieur... à celui du salaire perçu en activité.

Selon un rapport commandé à un organisme officiel britannique, la Grèce est de plus confrontée à la perspective d'une "chute dramatique" du nombre d'actifs par rapport à celui des retraités. Le rapport actuel, déjà peu favorable (2,1 actifs pour 1 retraité) sera de 1,25 actif pour 1 retraité en 2040 à en juger par l'évolution démographique, marqué par le vieillissement de la population.

Avec des régimes de retraite non modifiés, il faudrait augmenter d'ici là les cotisations de 75% ou baisser d'autant le montant des retraites, affirme ce rapport. Or, le niveau des retraites est déjà bas (pas plus de 130.000 GRD dans 78% des cas).

La réforme ne prévoit pas de relèvement général de l'âge de la retraite et ne concerne pas les personnes déjà en retraite, a affirmé M. Simitis dans une déclaration à la presse.

Ses caractéristiques principales, a-t-il dit, sont "le rejet de la privatisation des caisses" et le maintien du "caractère tripartite" du système (employé, employeur, Etat). L'Etat continuera de contribuer au financement et les cotisations n'augmenteront pas, a-t-il précisé.

Le projet prévoit "l'unification d'un grand nombre de caisses pour créer des organismes d'assurance puissants" (au nombre de huit) et la fixation de réglements uniques "pour tous les assurés afin de faire face aux phénomènes d'inégalité".

Les changements dans le calcul des retraites ne prendront effet qu'à partir du 1er janvier 2007 car il n'y a "pas d'extrême urgence", a précisé le ministre du Travail Tassos Yannitsis dans une conférence de presse. Ils seront "graduels", de façon à éviter que ceux qui partiront en retraite après cette date ne tombent complètement dans le nouveau système, a-t-il ajouté.

Le ministre n'a pas parlé des propositions qu'il avait diffusées par écrit la veille, tendant à reculer l'âge de départ en retraite à 65 ans, voire plus. La principale caisse (50% des salariés y sont affiliés) assure actuellement une retraite complète aux hommes de 58 ans et aux femmes de 57 ans ayant cotisé 35 ans.

Il n'a pas caché que, si le dialogue s'avérait impossible, "le gouvernement ne pourrait faire autrement que d'avancer".

Néanmoins, le gouvernement se donne le temps d'aboutir. Alors que mercredi encore, l'entourage de M. Simitis indiquait que la réforme devrait en tout état de cause être adoptée d'ici la fin de la session parlementaire fin juin, M. Yannitsis a indiqué jeudi que l'objectif était un vote "fin 2001".


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