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Retraites : les syndicats cherchent à unifier leurs critiques

By Claire Guélaud et Laetitia Van Eeckhout

 LE MONDE , April 23, 2003

  Le secrétaire général de Force ouvrière Marc Blondel, le ministre des affaires sociales François Fillon et le ministre de la fonction publique Jean-Paul Delevoye, s'apprêtent à participer à leur entretien dans le cadre de la réforme des retraites, le 18 avril à Paris | AFP
Les organisations syndicales devaient se retrouver, mercredi 23 avril, pour décider de la forme de l'action commune qu'elles entendent conduire pour pousser MM. Fillon et Delevoye à amender leur projet de réforme des retraites. Toutefois, leurs appels à la mobilisation cachent des divergences. FO milite pour un retour aux 37,5 annuités dans le privé comme dans le public. La CGT, hostile au statu quo, a durci sa position au cours du week-end. La CFDT pense pouvoir se rallier au projet du gouvernement à condition qu'il s'accompagne de fortes contreparties. M. Toulisse, secrétaire national de la CFDT, a expliqué, mardi : "Ceux qui manifestent pour le retour aux 37,5 années de cotisation condamnent à terme la répartition." Pour le Medef, le projet comporte "des éléments favorables et de grandes insatisfactions".

A défaut d'avoir persuadé les partenaires sociaux, François Fillon disposera, jeudi 24 avril sur France 2, de "100 minutes pour convaincre" les Français du bien-fondé de la politique sociale du gouvernement. A la veille de ce rendez-vous attendu au cours duquel le ministre des affaires sociales détaillera sa "feuille de route" sur les retraites et sur l'emploi et débattra successivement avec Bernard Thibault (CGT), Guillaume Sarkozy (Medef) et Ségolène Royal (PS), les syndicats avaient prévu de se retrouver en fin de journée, mercredi 23 avril, pour préparer leur riposte et décider de nouvelles formes d'action.

Officiellement lézardé le 3 avril, lors d'une journée de mobilisation non unitaire sur les retraites, le front syndical s'est ressoudé depuis que M. Fillon et son homologue pour la fonction publique, Jean-Paul Delevoye, ont rendu publiques les 38 propositions qu'ils soumettaient à concertation.

Les grandes lignes de la réforme - l'harmonisation progressive du public et du privé, l'augmentation de la durée de cotisation pour tous et la retraite "personnalisée" - ont été vivement critiquées par l'ensemble des organisations syndicales. Elles ont jugé le texte, dans sa forme actuelle, "insuffisant", "flou" voire "inacceptable".

Depuis que le numéro un de la CFDT, François Chérèque, pourtant acquis à la nécessité d'une réforme, a adressé, vendredi 18 avril, une mise en garde au gouvernement, assortie d'un appel à "tous les salariés du public et du privé", l'idée d'une nouvelle journée de mobilisation a fait son chemin. A l'heure où les projets gouvernementaux se précisent, les signataires de la Déclaration intersyndicale du 6 janvier 2003 sur les retraites - la CGT, la CFDT, FO, la CFTC, la CFE-CGC, la FSU et l'UNSA - cherchent à réactiver leur dynamique unitaire du début de l'année. Deux projets de texte - l'un de Jean-Marie Toulisse (CFDT), l'autre de Jean-Christophe Le Duigou (CGT) - circulent dans les syndicats. Et plusieurs propositions sont sur la table. Seule certitude, les mobilisations du mois de mai seront placées sous le signe de la solidarité public-privé.

Les fédérations de fonctionnaires, réunies mardi 22 avril, ont décidé de mettre leurs pas dans ceux des organisations confédérales. Elles entendent engager des "actions fortes" contre un projet de réforme qui conduit, pour toutes, à une baisse significative des pensions. Seule la fédération CFDT n'a pas voulu participer à cette réunion, attendant pour se rallier à une éventuelle action intersyndicale que les centrales se prononcent.

Au niveau confédéral, la CFDT, désireuse de peser sur le projet gouvernemental, est favorable à une mobilisation "entre le 10 et le 15 mai". La CGT a avancé l'idée d'une large manifestation unitaire le 25 mai, sans exclure de se rallier à la date de la mi-mai, et elle a annoncé un 1er Mai offensif. Quant à Marc Blondel (FO), il se disait, dès samedi, mandaté pour "envisager, en tant que de besoin, la généralisation de la grève" et convaincu que les syndicats dépasseraient leurs "problèmes" pour "prendre les initiatives nécessaires." Mardi 22 avril, FO avait recensé 26 appels à un 1er Mai unitaire, dont 11 avec la CFDT, et 44 manifestations départementales.

Mais ces appels convergents ou unitaires à la mobilisation ne doivent pas faire illusion. Au-delà des jeux de rôle et des effets de manche qui font partie intégrante de la scène sociale, les organisations syndicales ont de nettes divergences sur le plan Fillon-Delevoye. Elles réapparaissent au fur et à mesure que les projets gouvernementaux se précisent. Et la réunion intersyndicale prévue mercredi s'annonçait "sportive".

FO est l'adversaire le plus résolu de la réforme. La centrale dirigée par Marc Blondel milite pour le retour aux 37,5 années de cotisation pour tous. "A quoi rimerait une retraite complète si elle est conditionnée à 45 ans de cotisations et que personne n'y accède", pointe M. Blondel. Son homologue de la Fédération syndicale unitaire (FSU), Gérard Aschieri, dénonce des "mesures régressives" et un projet "qui tourne le dos" à une réforme solidaire donnant "des assurances aux Français sur ce que va être leur niveau de retraite".

Longtemps nuancées, la CGT, et l'UNSA ont durci leurs positions. Après avoir pris soin de ne pas se laisser enfermer par ses propres troupes dans un discours trop réducteur sur le retour aux 37,5 annuités, la CGT a fait ses comptes et annoncé clairement son opposition au plan Fillon-Delevoye. "Dans le schéma des ministres, le besoin de financement supplémentaire des régimes de retraite à l'horizon 2020 sera financé aux deux tiers par la baissse du niveau des pensions", estime M. Le Duigou, qui juge ces orientations inacceptables et ne veut "ni du statu quo ni d'une réforme hypothéquant les droits à la retraite". L'UNSA, l'organisation dirigée par Alain Olive, partage, pour l'essentiel, cette analyse et ne voit pas quelles "contreparties acceptables" le gouvernement pourrait encore proposer.

Quant aux partisans de la réforme, ils se serrent moins les coudes. Mardi soir, Jacky Dintinger, secrétaire général de la CFTC, a regretté que le projet gouvernemental soit ciblé "sur le court terme" et permette seulement de "garder la tête péniblement hors de l'eau". Il n'est pas sûr que la consolidation des avantages familiaux suffise à apaiser ses critiques.

Seules la CFDT et la CFE-CGC paraissent, aujourd'hui, convaincues que le projet Raffarin peut être défendu et sera amendé. "Nous ne sommes pas contre le plan Fillon. Ceux qui se manifestent pour le retour aux 37,5 ans condamnent, à terme, la répartition. La CFDT n'entretiendra pas les ambiguïtés des dernières manifestations", indiquait, mardi soir, M. Toulisse. Lors de son rendez-vous avec l'opinion publique, M. Fillon, sensible à ces arguments, avait prévu de faire une série d'ouvertures aux "réformateurs".  


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