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Village du Cantal

Auvergne : 

Le Massif Central Tente de Résister au Vieillissement de sa Population

By François Grosrichard, Le Monde

February 26, 2004


Au rythme actuel, 38 % de la population de la région aurait plus de 60 ans en 2030, contre 24,8 % aujourd'hui. Pour enrayer cette tendance, les responsables locaux cherchent à attirer et à fixer de jeunes actifs dans quelques filières considérées comme attractives.

En Auvergne, on affectionne les métaphores médicales : dévitalisation, essoufflement, gériatrie, effets indirects ou en chaîne, sang neuf... René Souchon, maire (PS) d'Aurillac, va plus loin : "Les prévisions de l'Insee sur la population en Auvergne, notamment dans le Cantal, sont si noires qu'on est en face d'une vraie gangrène, d'un cancer", dit-il.

Qu'en disent les statisticiens ? Si les tendances actuelles se prolongent, l'Auvergne, qui comptait 1,3 million d'habitants en 2000, n'en aura plus que 1,2 million en 2030, les femmes et les hommes de plus de 60 ans représenteront alors 38 % du total au lieu de 24,8 %. Plus inquiétant encore : les jeunes de moins de 20 ans ne compteront plus que pour 17,7 % de la population au lieu de 22,4 % aujourd'hui.

On savait déjà que le Massif central avait beaucoup de mal, depuis près de trente ans, à rester dans la course de la croissance économique générale. Mais, alors que la population globale de la France devrait s'accroître dans l'avenir, les perspectives démographiques de l'Auvergne - surtout dans l'Allier et le Cantal - ne sont pas réjouissantes. "D'ici à 2010, si l'on regarde l'évolution des courbes, environ 7 500 personnes du bassin d'emplois d'Aurillac vont partir en retraite et, en face, je n'ai que 2 500 jeunes pour les remplacer", soupire encore M. Souchon. Et si les nuages menacent Aurillac - qui représente 50 % des emplois du département du Cantal -, c'est pire sur les flancs du puy Mary ou du mont Mézenc où, dans certains cantons, la densité ne dépasse pas 3 habitants au km2. Le lait ne permet pas aux agriculteurs de vivre correctement, les coopératives se chamaillent, la filière viande est mal structurée dans les industries de transformation et les bovins sont exportés à l'état brut, comme une matière première.

Si les villes ou les territoires situés le long des grands axes routiers peuvent encore garder l'espoir d'attirer des familles, les zones rurales restent peu attractives, sauf l'été, avec le tourisme vert. "Mais il faut faire attention, avertit Jacques Chazalet, président de la chambre régionale d'agriculture, car la pensée dominante pousse à faire du Massif central un espace ludique et un grand terrain de camping de la planète pour le XXIe siècle." "Le risque est grand, vu l'augmentation de nombre des vieillards, d'une désertification rurale, qui ne serait pas seulement économique, mais sociale et culturelle, tuant les liens anciens de l'homme avec la terre",ajoute-t-il, en précisant que si les primes incitatives aux éleveurs qui privilégient l'herbe ne sont pas renforcées, les paysans de moyenne montagne disparaîtront.

Si le réseau ferroviaire connaît une amélioration notable du matériel roulant, ce sont les axes autoroutiers qui permettent le mieux d'irriguer les territoires. Saint-Flour (Cantal) et une partie de la Haute-Loire en font l'expérience avec des entreprises dynamiques de haute technologie, notamment de plasturgie, directement en phase avec l'économie stéphanoise, voire lyonnaise, grâce à l'A75. "Il y a des zones toniques et innovantes", assure Jacques Barrot, président (UMP) du conseil général de la Haute-Loire, qui souligne que l'un des départements de l'IUT du Puy s'est spécialisé dans la numérisation du transport d'images.

TERRITOIRES "LABÉLISÉS"

Evidemment, Clermont-Ferrand qui concentre, voire accapare tous les équipements de haut niveau, est accusée par les autres villes de tirer la couverture à elle. "Cette ville a toutes les prérogatives d'une métropole régionale, même s'il lui manque des sièges d'établissements financiers et bancaires attractifs pour les jeunes cadres", analyse Christian Jamot, professeur de géographie à l'université Blaise-Pascal. Selon lui, la métropole n'a pas encore atteint une taille suffisante. "D'ailleurs, ajoute-t-il, les petites villes ont elles aussi des banlieues, où s'installe une population souvent jeune. Ce qui fait que je ne suis pas aussi pessimiste que l'Insee."

"Notre obsession et notre programme sont simples : faire venir des actifs et les accueillir le mieux possible en surmontant trois réticences : le logement, l'emploi du conjoint et l'appareil éducatif pour les enfants", explique de son côté Yvon Emile, commissaire à l'aménagement du Massif central. Des territoires "labélisés" ont été définis et certaines filières attractives sont sélectionnées, comme la mécanique, les métiers équestres ou le tourisme thermal.

Faire venir des jeunes est donc indispensable, mais il faut parallèlement prévoir la manière de gérer l'accroissement des populations âgées. Dans le Puy-de-Dôme, le conseil général a anticipé sur l'explosion du nombre de personnes âgées de plus de 75 ans. Un "schéma gérontologie" a été présenté, début février, qui envisage la création de 700 places supplémentaires dans les établissements d'hébergement. Mais l'autonomie, le maintien à domicile et l'insertion dans la vie sociale locale restent des objectifs prioritaires, malgré la difficulté que constitue la dispersion de la population en zone rurale de montagne. Se rejoignent ici un problème d'aménagement du territoire et un autre qui touche à l'égalité d'accès aux services sociaux pour les personnes âgées. Le conseil général vient de lancer une formation d'aide à domicile au profit de 150 bénéficiaires du RMI car, si le gonflement de la population âgée peut représenter un handicap, cela peut être aussi un gisement d'emplois prometteur.


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