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Les personnes âgées dans l'ombre de l'embargo
Lettre de Medecins sans Frontieres, MSF
Abkhazie
16 juin 2003
L'Abkhazie, morceau de terre caucasienne bordé au nord par la Russie, à l'ouest par la mer Noire et à l'est par la Géorgie, a été ravagée il y a dix ans par la guerre qui l'opposa à la Géorgie. Aucun Etat ne reconnaît ce territoire oublié, soumis par ses voisins à un embargo qui le paralyse et empêche tout développement économique.
La guerre qui s'est déroulée de juillet 1992 à mai 1994 a fait environ 10.000 morts et entraîné la fuite vers la Géorgie de 240.000 Géorgiens qui résidaient jusque là en Abkhazie. Depuis, l'Abkhazie est soumise à un embargo économique de la part de la Géorgie et de la Russie. La population, qui n'a pas les moyens de quitter le pays, vit pour sa majorité dans la pauvreté, sans perspective d'avenir, avec l'aide, forcément limitée, de quelques organisations de secours.
Depuis 1993, MSF a développé un programme d'accès aux soins à destination des personnes indigentes : personnes âgées vivant seules, handicapées ou grabataires ; mères célibataires sans revenu, souffrant de maladies chroniques ; invalides ; membres des minorités nationales sans soutien familial ; familles nombreuses avec des difficultés ; etc.
Après avoir mis en place un approvisionnement régulier en médicaments, MSF a commencé par réhabiliter et prendre en charge le dispensaire Pushkine à Sukhumi. Dans ce petit local, deux médecins, une pharmacienne et une secrétaire prodiguaient soins, écoute et médicaments gratuits à toutes les personnes indigentes qui se présentaient, le plus souvent orientés par l'assistante sociale employée par MSF. En 1999, les mêmes structures ont été mises en place à Gagra, Tkwarcheli et Gali à l'intention des personnes qui recevaient l'aide alimentaire des cantines du Comité international de la Croix-Rouge.
Au printemps 2000, une assistante sociale a commencé à travailler à Gagra. Puis à partir de décembre 2000, et pendant six mois, une douzaine de travailleurs sociaux de MSF, répartis sur les sept régions d'Abkhazie, ont identifié les personnes sans accès aux soins. Chacune a reçu une carte lui donnant un accès aux soins gratuits dans les structures de santé soutenues par MSF. Ses listes ont été croisées et complétées avec celles établies par le CICR. Ce processus d'échange d'informations entre les deux organisations continue à être mené par les équipes au cours de leurs activités quotidiennes.
En septembre 2002, MSF et le CICR avaient ainsi enregistré plus de 18 700 personnes vivant dans des conditions de vulnérabilité, soit un habitant d'Abkhazie sur dix, dont 39 % vivent dans la capitale Sukhumi. Plus de 1 400 d'entre elles ne peuvent se déplacer de leur domicile, beaucoup sont alitées, incapables de survivre sans une aide extérieure.
Aujourd'hui, le Comité International de la Croix-Rouge et Médecins Sans Frontières sont seuls à s'occuper de la survie alimentaire et de la santé de plus de 18 000 personnes indigentes. Leur collaboration étroite ne permet pourtant pas de couvrir l'ensemble des besoins vitaux d'une population qui vit dans une extrême détresse socio-économique et psychologique. Logements insalubres, manque de chauffage, de vêtements, aggravent leur situation sanitaire.
Il y a urgence pour ceux qui y survivent dans des conditions d'extrême vulnérabilité. Parce que Médecins Sans Frontières est, avec la Croix Rouge, l'une des rares associations à y travailler, nous avons décidé de sortir un rapport sur les conditions de vie des populations indigentes en Abkhazie et leurs besoins, non seulement en matière de soins mais également en matière de logement, de
nourriture.
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