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Catastrophe sanitaire annoncée en Palestine

Par Stéphanie Le Bars, Le Monde

Palestine

8 mai 2006

Des médecins palestiniens soignent des blessés à même le sol à l'hôpital de Ramallah, le 13 mars 2002. | AFP/JAMAL ARURI

Les étagères de la pharmacie de l'hôpital public de Ramallah sont encore fournies mais, ici ou là, des espaces vides témoignent de la précarité de la situation. "Il nous manque aujourd'hui une trentaine de produits, notamment des seringues, des canules, certains antibiotiques et des médicaments pour les dialysés", assure Oussama Al-Far, responsable de la gestion de la pharmacie. 
"Dans un mois, nous n'aurons plus d'antibiotiques ; j'ai déjà entamé le "stock stratégique", qui nous permet théoriquement de tenir deux mois." Le fil pour recoudre les opérés et les solutions intraveineuses ne vont pas tarder à faire défaut. "Alors, il nous faudra annuler les opérations non urgentes", laisse tomber, impuissant, le directeur de l'hôpital, Husni Al-Attari. Comme tous les services publics palestiniens, l'hôpital gouvernemental de Ramallah vit sur ses maigres réserves depuis le début du mois de mars, et ses 346 employés, comme les 150 000 fonctionnaires de l'Autorité palestinienne, n'ont pas été payés. 

Les Israéliens, collecteurs des taxes dues aux Palestiniens, puis les Occidentaux ont brutalement interrompu leurs versements à la suite de l'installation du gouvernement dominé par le Hamas, après les élections législatives du 25 janvier. L'inscription du mouvement islamique sur la liste des organisations terroristes européenne et américaine prohibe tout contact avec ses représentants. Pour l'heure, l'interdiction est unanimement respectée, y compris par les organisations non gouvernementales (ONG) financées par les Etats-Unis.

Comme l'ensemble des Palestiniens, M. Al-Attari fustige cette décision. Mais, en dépit de ses difficultés à court terme, il se montre confiant. "Lorsque le monde comprendra que nous sommes obligés de fermer des services ou que des patients meurent du fait du boycott, alors les choses bougeront", pronostique ce chirurgien orthopédiste.

Cette question sera abordée mardi 9 mai à New York à la réunion du Quartet (Nations unies, Etats-Unis, Union européenne et Russie), qui exige du Hamas qu'il renonce à la violence, reconnaisse Israël et les accords signés par l'Autorité palestinienne.

En attendant, une crise humanitaire s'annonce. Dans ses bureaux de Ramallah, Salam Kanaan, de l'ONG CARE, présente dans le secteur de la santé, insiste. "Dans une semaine, la pharmacie centrale de Ramallah (qui fournit l'ensemble des hôpitaux) manquera de 85 produits de base." CARE, en partie financée par les Américains, en alimentait jusqu'alors les stocks.

Mme Kanaan espère un assouplissement des règles strictes imposées par les Etats-Unis pour pouvoir reprendre l'achat de médicaments. "Mais, même si le feu vert intervenait aujourd'hui, il faudrait au moins deux mois pour que les premiers produits arrivent à la pharmacie centrale, déplore-t-elle. A cette pénurie, il faut ajouter des dysfonctionnements de plus en plus fréquents : faute de revenus, les personnels de santé ont des difficultés pour payer leurs transports et se rendre à leur travail."

Ce phénomène est général dans la fonction publique et dans l'éducation. Samedi 6 mai, pour la première fois, des manifestants ont réclamé le paiement de leur salaire, mais les mouvements de grève restent marginaux. "Ce n'est pas au gouvernement que j'en veux, c'est aux Américains et aux Européens", nuance un professeur d'université qui n'a pas voté Hamas.

A l'université d'Al-Qods, dans la banlieue est de Jérusalem, les comptes sont plus serrés qu'à l'ordinaire. "Avant l'arrivée du Hamas, nous vivions déjà à découvert car le ministère de l'éducation ne nous reversait pas la totalité de notre budget. Pour les années 2005 et 2006, il nous doit 4 millions de dollars", assure Moussa Bajali, responsable des finances auprès du président Sari Nusseibé, apprécié des Occidentaux pour ses positions pacifistes. "Au moins, en cas d'urgence on pouvait obtenir quelques centaines de milliers de dollars. Aujourd'hui, c'est impossible et, depuis février, les banques ne veulent plus nous prêter un sou", ajoute-t-il.

L'université songe à réduire sa masse salariale en transformant des postes à temps plein en postes à temps partiel ou en licenciant ; elle cherche aussi de l'argent à l'étranger. Mais pour l'heure, d'efficaces pressions américaines empêchent tout transfert de fonds vers les banques palestiniennes. 


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