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"La Revue durable" explique comment adapter les bâtiments au
froid et à la canicule. L'épisode meurtrier de canicule qu'a connu l'Europe, et particulièrement
la France, durant l'été 2003 a imposé un nouveau défi sanitaire. Une
seule solution, la climatisation, a-t-il été entendu. Les ventes
d'appareils ont explosé sur ce mot d'ordre. La Revue durable, bimestriel suisse vendu en France, héraut du développement
durable, s'insurge contre cette facilité. "Le but n'est pas de
condamner la climatisation par principe, notamment dans les hôpitaux et
les foyers pour personnes âgées, estime-t-elle. Mais avant de songer à
l'étendre à l'intégralité du résidentiel, il serait profitable de ne
pas omettre de considérer tous les moyens de protéger l'habitat face à
la violence des coups de chaud." Dans un dossier de 44
pages, le magazine donne donc la parole à des scientifiques, des
architectes et des techniciens du bâtiment qui proposent d'autres
solutions. Jean Bouillot, architecte à Beaune, lorgne ainsi du côté des pays chauds.
Il décrit comment leurs habitants se sont organisés de longue date pour
lutter contre la chaleur. Des jardins de l'Alhambra, à Grenade,
merveilles d'harmonie entre l'eau et la verdure, aux patios d'Ispahan, qui
organisent la circulation de l'air, des trulli d'Alberollo, en Italie du
Sud, construction dont la forme permet l'évacuation de la chaleur, aux
maisons troglodytes de Cappadoce, capables d'absorber les écarts
climatiques des plateaux de Turquie, l'érudit multiplie les exemples. Ces
procédés empiriques peuvent maintenir une différence de 10
degrés entre l'intérieur et l'extérieur. Ces méthodes et ces matériaux s'adaptent aux constructions modernes, pour
peu qu'on se donne la peine d'y réfléchir, estiment Bernard Lachal,
Constantin Soutter et Willy Weber, trois chercheurs genevois. "Climatiser
ou non un bâtiment ? Telle
est la question centrale qui se pose aujourd'hui face aux étés
caniculaires qui pourraient se répéter au XXIe
siècle", résument-ils. Et de présenter plusieurs exemples
d'immeubles récents que des modifications de conception ont sauvés de la
touffeur. Ici, des systèmes de circulation d'eau ou d'air agissent comme des modérateurs.
Là, un appareillage sophistiqué de stores orientables joue avec la brise
et le rayonnement. Et l'ennemi peut devenir ami quand le soleil devient
source d'énergie, comme cela se généralise à Barcelone, ainsi que le décrit
Josep Puig, professeur dans la capitale catalane. "L'adaptation des bâtiments au climat présente l'avantage
incomparable d'être efficace toute l'année, hiver comme été",
assure La Revue durable. Des labels sont actuellement en cours d'élaboration
qui permettent de garantir la bonne performance technique des bâtiments.
La Suisse a le sien, le Danemark également. L'Europe met au point un système
d'étiquettes pour la construction, évaluant sa capacité d'isolation. TENSIONS SUR LE RÉSEAU Chaud ou froid, qu'est-ce que cela veut dire
? Quand commence le désagrément
? Elizabeth Shove, une chercheuse britannique, s'interroge sur ce
que signifie le confort. En trente ans, constate-t-elle, la température
moyenne dans les foyers britanniques est passée de 17 à 21
degrés. Mais il n'est pas certain que le bien-être y ait forcément
gagné. Le bimestriel réfute fermement l'idée que la climatisation puisse être
une panacée. D'abord parce qu'elle crée de nouveaux problèmes
sanitaires comme la prolifération de la légionellose. Ensuite parce
qu'elle accroît la facture énergétique
: jusqu'à 25 % selon
l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe).
Cette surconsommation accroît l'émission de gaz à effet de serre, qui
augmente la température, en une boucle infernale. Enfin parce qu'elle crée des tensions sur le réseau électrique
difficilement gérables. En 1995, lors d'un épisode caniculaire à
Chicago, l'accroissement de l'usage de la climatisation avait ainsi
provoqué une panne d'électricité. Cet été, l'Italie s'est également
retrouvée au bord de la rupture. Qui plus est, dans les pays du Sud, la climatisation est en passe de tuer une institution qui semblait pourtant la meilleure parade contre la chaleur : la sieste ! Copyright © 2004
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