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By Michaëla Bobasch, Le Monde Alors que les sujets intellectuellement précoces vivent souvent
difficilement leur enfance et leur âge adulte, ils auraient en revanche
une vieillesse réussie. Telle est la conclusion d'une étude originale
intitulée Satisfaction de vie de 28
surdoués parvenus à 65 ans
et plus. Cette étude, la première sur ce thème en France et en
Europe, a été menée par Annick Bessou, gériatre, et Jeanne Tyrell,
psychologue, maître de conférences à l'université Pierre-Mendès-France
de Grenoble, sous la direction du professeur Alain Franco, du CHU de
Grenoble. L'enfant surdoué, fortement en avance sur les enfants de son âge, est décrit
comme créatif, curieux de tout, intuitif, mais aussi anxieux et
hypersensible. Il présente un décalage important entre son développement
intellectuel et psychomoteur :
ainsi, il lit très tôt et très bien, mais écrit de façon déplorable.
Doté d'une excellente mémoire et habitué à tout comprendre aisément,
il est souvent catalogué comme un élève "brillant, mais peu
travailleur". Il fait l'impasse sur les méthodes d'apprentissage, et
se retrouve même parfois en échec scolaire (Le Monde du 10
septembre 2003). A l'âge adulte, lorsqu'ils n'ont pas trouvé leur voie, les surdoués
peuvent végéter, et vivre, selon les termes d'Arielle Adda, psychologue,
"une indicible désolation intérieure". Dans un chapitre de
l'ouvrage L'Enfant doué, l'intelligence réconciliée (Odile Jacob), elle
décrit les sentiments d'inadaptation, d'isolement, de malaise et de
frustration, résultant de l'écart entre l'image qu'ils ont d'eux-mêmes
et celle que leur renvoient les autres. Un surdoué relégué à un poste subalterne se heurtera à ses collègues
ou supérieurs hiérarchiques qui supporteront mal son esprit critique
particulièrement développé, ou ses idées plus originales que les leurs.
Il éprouvera des difficultés à se faire des amis et à nouer des
relations affectives. Anne Bourone, de l'association Mensa France, qui
regroupe des surdoués sélectionnés par des tests, évoque "des
tensions à l'intérieur du couple, surtout lorsque c'est la femme qui est
surdouée". C'est justement parmi les adhérents de Mensa âgés de plus de 65
ans qu'ont été recrutés les vingt-huit participants à l'étude
sur les seniors surdoués. Ils ont répondu à un questionnaire
: l'échelle d'auto-évaluation de satisfaction de vie de Neugarten.
Leurs réponses ont été confrontées à celles de 394
seniors de l'Université du troisième âge de Toulouse ayant
participé à une autre étude, nommée Icare, sur "les facteurs de réussite
du vieillissement" qui constatait déjà "la corrélation entre
des fonctions cognitives élevées et un haut niveau de satisfaction de
vie avec un vieillissement réussi". Néanmoins, 94 % d'entre eux ne
cessent pas pour autant de faire des projets d'avenir (contre 64
% de la population Icare). L'étude conclut que "l'état de
surdoué, au moins quand il est reconnu, loin d'être un facteur de
fragilité, semble associé à une plus grande satisfaction de vie".
En effet, seuls les participants à l'enquête qui n'avaient pas pu
poursuivre leurs études affichaient un indice de satisfaction très inférieur
(4 au lieu de 9) à leurs contemporains qui avaient eu une vie
professionnelle réussie. "ÉTÉ INDIEN" Cette enquête porte sur un public restreint, mais ses résultats recoupent
ceux d'un autre travail de grande envergure commencé en 1921 aux
Etats-Unis par Lewis Madison Terman, professeur à l'université Stanford
et poursuivi par ses collaborateurs et successeurs jusqu'en 1999. Il
s'agit du suivi d'une cohorte de 1 528
enfants, âgés de 11 ans
environ en 1921. Ces enfants dont le QI moyen était de 150 avaient
conservé leurs capacités à l'âge adulte. Chez les sujets parvenus à
un âge avancé (plus de 80 ans
aujourd'hui), on enregistrait la même forte satisfaction de vie. Pour reprendre l'expression du psychologue américain Edwin Schneidman,
arrivés à l'âge de la retraite, les seniors surdoués vivent un véritable
"été indien". Sans doute, conclut Annick Bessou, "parce
que, une fois débarrassés des contraintes d'une vie professionnelle
parfois peu exaltante, ils peuvent enfin donner libre cours à leur créativité". Satisfaction de vie de 28 surdoués parvenus à 65 ans et plus, par A. Bessou, J. Tyrell et M. Yziquel, J.-L. Bosson, C. Montani, A. Franco (La Presse médicale, 10 mai 2003, tome 32, no 16, p. 721-768, Masson). Etude de l'index de satisfaction de vie d'une population de 394 personnes âgées en bon état de santé, par T. Montemayor, P.-J. Dusset, C. Faisant (Revue de gériatrie, 1993, no 18, p. 551-556). Association Mensa: www.mensa.fr. Copyright © 2002
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