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Sweden : By Antoine
Jacob, Le Monde A 59 ans, Britt-Marie Fohmin apprécie de pouvoir consacrer, chaque semaine,
une heure de son temps de travail à la promenade ou à une séance de
gymnastique dans la salle lumineuse aménagée à cet effet, dans les sous-sols
du siège de la banque Föreningssparbanken (FSB), à Stockholm. Payée comme les 39 autres, cette "heure de mouvement" fait partie
des mesures adoptées par l'établissement afin de mieux accompagner les
employés âgés de 55 ans et plus dans la dernière phase de leur carrière
et de les encourager à s'impliquer le plus longtemps possible dans la vie
de l'entreprise. Autres particularités
: l'instauration d'un examen de santé annuel et la multiplication
par deux, prévue d'ici à la fin 2004, du nombre d'heures consacrées au
développement des compétences (de 5,5 à 10
heures par an). Par ailleurs, Mme Fohmin, qui est secrétaire de direction, a accepté le régime
particulier proposé aux employés de 58 ans et plus
: travailler à 80 % du
temps pour 90 % du salaire et
des conditions inchangées en termes de droits à la retraite. Elle
dispose ainsi d'un jour libre en plus par semaine. "A près de 60 ans, c'est
agréable d'avoir ce genre de possibilités", commente-t-elle,
reconnaissant à demi-mot qu'après une longue vie active et dix-sept ans
à la FSB elle manque un peu de motivation. Parmi les 1 200 employés (sur
10 000) âgés de 58
ans et plus à la FSB, environ la moitié ont accepté la
proposition. "Nous voulions augmenter la flexibilité du
travail", explique Göran Theodorsson, directeur du personnel. Cet
ensemble de mesures pour les plus âgés a contribué à l'attribution à
l'entreprise, en 2003, d'un prix du "meilleur lieu de travail"
en Suède, pays qui, comme toutes les nations industrialisées, voit sa
population vieillir et s'apprête à faire face à une importante pénurie
de main-d'œuvre. Entretients Particuliers Pour la banque, connue à l'étranger sous le nom de Swedbank, le but
consiste à dissuader les employés les plus âgés d'aller grossir les
rangs des personnes qui se sont mises en congé de longue maladie à défaut
de pouvoir partir en préretraite. Véritable fléau pour le royaume, qui
détient le record d'Europe en la matière, ces congés maladie coûtent
très cher au pays. Or la FSB ne peut plus se permettre de laisser partir ses anciens en
retraite anticipée : elle
avait déjà usé de cette méthode dans les années 1990, pour sortir
d'une crise dont elle n'a échappé qu'au prix d'une réduction par deux
de son personnel en dix ans. La direction s'est donc penchée sur la façon
de traiter ceux qui avaient une trentaine d'années de présence à leur
actif. Les intéressés ont été conviés à des entretiens particuliers
pour mieux connaître leur conception du travail, leurs souhaits
professionnels, la façon dont ils imaginent leur vie à la banque jusqu'à
la retraite, etc. Il en est ressorti, d'une part, que les salariés "réfléchissaient
beaucoup à leur corps et craignaient de ne pas supporter les maux liés
au travail, comme les crampes", constate M.
Theodorsson. D'autre part, ajoute-t-il, "nous avons noté un
problème d'attitude dans le développement des connaissances
: ces employés avaient souvent l'impression de ne plus rien avoir
à apprendre, alors qu'ils avaient encore une dizaine d'années de travail
devant eux". Enfin, ils envisageaient "un mode de travail un peu
plus flexible, sortant des horaires traditionnels qu'ils avaient pratiqués
pendant une trentaine d'années".D'où les mesures prises par la
banque. Celles-ci ne règlent toutefois pas un autre problème : le sort des chômeurs de plus de 50 ans. Selon une étude de l'assurance sociale suédoise, datant de 2001, 70 % des employeurs ne recrutent jamais ou rarement une personne au-delà de cet âge. |