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C'est parfois à l'heure où sonne la retraite que germent, à nouveau, les
projets de déménagement. Certains quittent la maison où leurs enfants
ont grandi pour un appartement plus confortable, d'autres se lancent dans
des projets de construction ou se contentent de redistribuer l'espace
devenu soudain superflu. Certains,
même, quittent la ville pour une campagne plus ou moins proche. A cette période de la vie, les raisons ne manquent pas de s'interroger sur
son logement. Les enfants ont quitté le foyer familial et le financement
de leurs études est terminé. On se retrouve à la fois avec plus de
temps, plus d'espace et plus d'argent. On examine le sort de la chambre du
petit dernier, qui n'accepte pas facilement, lorsqu'il vient passer un
week-end à la maison, de voir son espace transformé en bureau ou en débarras. L'appel des voyages ou de la résidence secondaire se fait plus pressant.
Les étages ne pèsent pas encore, mais on y songe. "Nous habitons un
atelier d'artiste en plein Paris, tout en hauteur, tarabiscoté, témoigne
Pierre, directeur commercial, à la retraite depuis deux ans. Il y a
beaucoup de marches et, quand on sera vieux, dans x années, ça risque d'être
plus difficile." Parfois, c'est un événement extérieur qui précipite le déménagement :
un changement de région, la dernière mutation dans les années qui précèdent
la retraite, voire un décès brutal. Pierre a décidé de "tout changer".Il revend son logement
parisien et une maison acquise autrefois en Bourgogne pour acheter avec sa
femme une demeure au Croisic, au bord de la mer, ainsi qu'un trois-pièces
à Paris. "Nous faisons un choix ciblé : une ville accessible par
TGV, une maison dotée d'un seul étage à quelques minutes à pied de la
gare et un appartement parisien proche d'une ligne de métro menant à la
gare Montparnasse." Michel, également directeur commercial à la retraite, et sa femme ont
revendu la maison qu'ils possédaient à proximité de Lille, pour un
appartement agrémenté d'une grande terrasse "qui donne l'illusion
du jardin". Mais ils s'adonnent désormais au jardinage lorsqu'ils
sont en Ardèche, dans leur résidence secondaire. UNE NOUVELLE AVENTURE Monique, orthophoniste à la retraite, et Francis, géomètre-expert, ont
troqué la demeure où ils ont vécu vingt-cinq ans pour une autre maison,
tout aussi grande. Il faut pouvoir loger les enfants et leur famille
lorsqu'ils reviennent. "Au début, nous avions quatre bambins. Puis
ils se sont mis en couple et nous avons été huit. Maintenant, lorsque
tout le monde est là, nous sommes quatorze", explique Monique. Quelles qu'en soient les circonstances, un déménagement est une nouvelle
aventure. Les jeunes retraités n'hésitent pas à réaménager l'espace
à leur guise. Selon une étude publiée par le site Seniorscopie,
"les seniors investissent plus de temps et d'argent dans l'aménagement
de leur domicile ; ils sont les plus grands lecteurs de la presse de décoration,
et le gros bricolage ne leur fait pas peur". Monique confirme avec enthousiasme : "On a supprimé des murs et
agrandi des fenêtres. En fait, nous sommes un peu comme des jeunes qui
commencent, mais avec plein de sous ; cela nous permet aussi de montrer à
nos enfants que nous sommes assez dynamiques pour aménager une maison." Nicole, qui exerce une année encore comme proviseure à Marseille, a fait
construire une maison à La Ciotat avec son mari il y a trois ans. "Nous
avons aménagé à notre goût, en nous débarrassant des conventions.
Ainsi, nous n'avons qu'une pièce au rez-de-chaussée, sans cloisons. Et,
alors que les jeunes sont grisés par des matériaux clinquants, nous préférons
les choses simples." Une renaissance ? Presque. "C'est un projet
extraordinaire qui nourrit le couple", affirme Nicole. "BARRIERS FREE" L'aventure n'est pourtant pas toujours facile. Michel se réjouit de ne pas
avoir attendu quelques années de plus : "Avec l'âge, on se fait un
monde des petites choses. Si nous n'avions pas déménagé, nous aurions
peut-être vieilli avec notre papier peint." A l'aménagement
proprement dit s'ajoute la découverte d'un nouveau quartier, parfois
d'une nouvelle ville. On doit changer de commerçants et les voisins sont
soudain des inconnus. Il arrive que de petits désagréments imprévus,
comme les réunions de copropriétaires, soient au rendez-vous. "Nous
nous apercevons qu'il faut partager avec des gens qui tournent tellement
en rond qu'ils s'occupent avec pas grand-chose et lorgnent ce que nous
faisons, déplore Michel. En fait, dans notre résidence, il manque des
familles avec des gamins !" Le déménagement de la soixantaine n'est peut-être pas le dernier.
Beaucoup de seniors sont conscients que l'âge finira par les rattraper.
"Nous nous donnons quinze ans dans notre nouvelle maison. On ne
s'imagine pas avec 800 m- de jardin quand on aura 75 ans", tranche
Monique. L'idée qu'il s'agit de sa demeure définitive lui est un peu désagréable. Un point de vue partagé par Janine, professeure de lettres à la retraite, qui a acheté une maison avec son mari en Provence il y a quatre ans. Il sera toujours temps, plus tard, de s'équiper selon le concept, américain, de "barriers free" : pas d'obstacles ni de marches, des halls larges, des caméras partout et un système électronique capable de traduire les gestes de tous les jours en ordres pour appareils ménagers. Copyright © 2004
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