Trois grands pays de l'Union européenne - l'Allemagne, l'Espagne et la Grande-Bretagne - envisagent de repousser à 67 ans l'âge de la retraite. En France, la question du financement du système risque de se reposer d'ici quinze ans.
Les salariés allemands, espagnols et britanniques devront-ils bientôt travailler jusqu'à 67 ans ? En moins d'une semaine, la question a refait irruption dans le débat public de ces trois grands pays de l'Union européenne. En Allemagne, l'allongement de l'âge de la retraite figure au programme du nouveau gouvernement de la grande coalition : à partir de 2012, les Allemands devront travailler un mois de plus chaque année, si bien que l'âge légal de départ sera de 67 ans en 2035. En Espagne, le gouvernement socialiste de José Luis Zapatero vient de présenter un projet de réforme de la Sécurité sociale qui prolonge de deux ans la durée du temps de travail. En 2002, son prédecesseur José Maria Aznar avait déjà repoussé l'âge de la retraite à 65 ans. Enfin, en Grande-Bretagne, la Commission des retraites, mise en place par Tony Blair pour préparer une réforme, va lui proposer de relever l'âge minimum de la retraite à 67 ans à partir de 2020.
Dans l'Union européenne, seul le Danemark a jusqu'à présent repoussé à 67 ans l'âge minimum pour toucher une retraite à taux plein. Depuis plusieurs années, des institutions internationales comme l'OCDE, le FMI et l'Union européenne recommandent de retarder l'âge de la retraite. Pour eux, allonger la période de cotisation et raccourcir le temps de retraite est le seul moyen pour rééquilibrer les systèmes nationaux, qui ne peuvent supporter en l'état l'allongement de la durée de vie et la courbe démographique.
En France, le rapport Charpin sur les retraites établissait que l'équilibre actuel entre la population "en âge de travailler" (20-59 ans) et la population "en âge d'être retraitée" (60 ans et plus) pourrait être maintenu si l'on déplaçait la frontière à environ 65 ans en 2020 et environ 70 ans en 2040. Le débat sur une modification de l'âge légal - 60 ans, le plus bas de l'Union européenne - n'est pas d'actualité en France.
Les gouvernements successifs hésitent à toucher à ce symbole du progrès social. Mais en allongeant la durée de cotisation à 42,5 ans pour tous les salariés, la réforme des retraites de 2003 a de fait repoussé l'âge de la retraite. Et la question se reposera dans moins de 15 ans, d'après le Conseil d'Orientation des Retraites (COR) qui suit l'évolution des régimes et doit veiller à leurs pérénnités. Selon les documents de travail utilisés pour réaliser ses projections financières, la réforme Fillon ne permettrait déjà plus de couvrir l'ensemble des besoins de financements à partir de 2020, et seulement à hauteur de 60% à horizon 2050. Le COR doit remettre son rapport avant la fin de l'année.