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La maltraitance chez les aînés sera bientôt traquée
Par Julie Liardet, Le Courrier
Suisse
1er
decembre 2005
L'OMS et le Centre de gérontologie de l'Université ont présenté hier un nouvel outil de suspicion et de prévention d'abus.
Dès cette fin d'année ou au début de la prochaine, un questionnaire devrait être mis à disposition des médecins en Suisse pour leur permettre de détecter les cas de maltraitance chez leurs patients âgés, indique Charles-Henri Rapin, du Centre interfacultaire de gérontologie de l'Université de Genève (CIG).
L'établissement a élaboré, avec l'OMS et en association avec des institutions de huit pays, un projet visant à lutter contre les abus envers les personnes âgées. Financé à raison de 300000 francs par le RUIG (Réseau universitaire international de Genève), le projet intègre un questionnaire composé de cinq questions que le médecin de famille posent au patient, une sixième question destinée au médecin lui-même faisant référence à sa perception du patient. Cet outil de suspicion -nommé EASI (elder abuse suspicion index)- a été développé à Montréal. L'OMS et le CIG l'ont testé à une échelle internationale et validé.
Si un possible abus est détecté chez le patient, une «marche à suivre» est alors proposée aux travailleurs sociaux. Et si une maltraitance est confirmée, une stratégie d'intervention se déclenche.
Le phénomène de maltraitance reste encore bien caché... Soixante mille personnes en seraient chaque année victimes en Suisse selon le professeur Wettstein de Zürich, indique Angeline Fankhauser, coprésidente de la FARES (Fédération des associations des retraités et de l'entraide en Suisse). Présente à la conférence organisée hier au Club suisse de la presse, l'ancienne conseillère nationale souligne que «les efforts de dépistage [de la maltraitance envers les aînés] sont primordiaux».
Cette maltraitance peut revêtir plusieurs formes: physique, psychologique (par exemple menace de ne plus voir les petits enfants), émotionnelle, sexuelle, financière. Elle peut refléter la négligence et représente une violation des droits de l'homme, insistent l'OMS et le CIG dans un communiqué.
Qui la pratique? «Des personnes de confiance, des proches. Des gens dépassés par une charge de travail émotionnelle et physique, qui ne sont ni préparés ni formés à ça, et qui doivent alors faire des sacrifices personnels», explique M.Rapin. Le professeur précise que la situation devient alors un enfer et dérape ainsi vers un abus. Et d'ajouter que «les personnes âgées victimes de maltraitance restent le plus souvent silencieuses, par honte et par peur des représailles...»
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