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Violence et discrimination envers les personnes âgées
L'Union europeenne des seniors
Europe
15 novembre 2005
La violence est présente dans chaque acte et chaque omission qui vont à l'encontre de la vie, de l'intégrité corporelle ou psychique, de la liberté d'une personne ou qui entrave sérieusement son épanouissement. (Conseil de
l'Europe)
Un individualisme exacerbé qui ne vise qu'un avantage personnel et qui n'épargne ni l'intérêt général, ni la solidarité, menace les fondements éthiques de notre communauté. On a souvent l'impression que les aînés constituent un poids pour la société et une charge pour les jeunes générations.
Il ne faut pas oublier que les personnes âgées sont à la base du bien-être des plus jeunes. Elles ont droit à la pension et à l'estime sociale. La sécurité sociale pour les personnes âgées n'est ni une aumône, ni un acte de générosité dont on pourrait disposer à volonté. Les prestations sociales pour les personnes âgées sont l'équivalent des contributions personnelles préalables apportées dans le cadre d'une solidarité s'étendant sur toutes les générations.
La réalité sociale ne tient pas suffisamment compte de cela: de multiples formes de préjudices et de violence envers les personnes âgées en définissent l'image. A l'égard de cette situation réellement insatisfaisante dans la plupart des pays membres de l'Union Européenne un changement s'impose. Plus d'efforts et de temps sont nécessaires pour renforcer les dispositions législatives en la matière.
L'Union Européenne des Seniors veut contribuer et faire des thèmes de la violence et de la discrimination un objectif de travail. Cela implique des actions concrètes au sein de tous les partis populaires européens, au parlement européen, à la commission européenne et dans tous les comités politiques
responsables.
a. à domicile
La violence dans ses multiples formes est un phénomène qui se retrouve aussi bien au cours de l'histoire que dans l'actualité sociale. Les formes de violence envers les personnes âgées sont cependant, malgré leur virulence, difficilement décelables.
Il s'agit aussi des formes de violence inconsciemment pénibles et des préjudices qui vont à l'encontre des conventions fondées sur le droit.
Les formes de violence vont de la négligence et de la maltraitance psychique à l'exploitation financière, à la restriction de la liberté jusqu'à la violence
corporelle.
La violence apparaît souvent tant dans les relations sociales que privées. Les personnes âgées portent rarement plainte contre la violence dans la famille, ce qui la rend difficilement décelable et quantifiable.
L'Union Européenne des Seniors ne veut pas seulement dénoncer les inconvénients mais elle veut aussi atteindre un changement rapide. Ceci exige des actions concrètes et fermes de la part de tous les responsables :
. Celui qui veut protéger les seniors contre la violence doit leur donner la possibilité de gérer leur vie à leur façon. Des propositions d'aide appropriées sont à mettre à leur disposition.
. Afin d'éviter l'isolement, il faut élaborer un système d'assistance mis en réseaux, à plusieurs niveaux et proche du lieu d'habitation.
. Les personnes âgées ne doivent pas être mises en tutelle par une assistance excessive souvent non désirée, car cette interdiction implique que les seniors sont considérés comme objet et non comme sujet avec tous leurs droits et leurs obligations.
. Il est indispensable de faire prendre conscience du phénomène de la violence aux médecins, aux infirmiers/infirmières, aux aides soignants, aux amis, aux voisins tout comme aux membres de la famille. Il faut accorder à ces derniers une aide pour prévenir la violence.
. Une prévention sanitaire adaptée et un encadrement psychologique dans la vieillesse sont à garantir, sans l'exclusion de prestations pour des raisons économiques et de rentabilité. Ceci implique une infrastructure efficace de soins par un personnel qualifié et la prise de conscience que le traitement ambulatoire doit être privilégié par rapport au traitement en institution.
. La violence en matière de santé se manifeste non seulement par des blessures corporelles et psychiques, mais aussi par l'absence d'aide et par le manque de soins.
. La violence peut être due dans le milieu familial à la surcharge des personnes soignantes (charges professionnelle, familiale, maladie etc). La violence se passe souvent derrière « des portes fermées » et, par conséquent, est difficilement décelable.
. Le monde politique et la société civile doivent promouvoir les conditions de base pour une vieillesse active. Le mot d'ordre suprême doit être: la dépendance dans la vieillesse ne doit pas conduire à la pauvreté ni à l'exclusion sociale.
. Des mesures légales contre toute violence envers des personnes âgées doivent être prises - si ce n'est pas encore fait - dans tous les états membres de la CE aussi bien en droit pénal qu'en droit civil, en tenant compte de la situation des personnes âgées, surtout si elles souffrent d'une maladie physique ou psychique.
. Les personnes âgées doivent être informées sur leurs droits. Si nécessaire, une assistance judiciaire gratuite doit leur être donnée.
b. en maisons de repos, en centres de soins et en hôpital
La dignité humaine est inviolable. Ceci est aussi valable dans les maisons de repos et centres de soins pour personnes âgées.
La décision de se rendre dans une maison de repos ou centre de soins pour personnes âgées doit être une décision autonome de la personne concernée. Dans les établissements de soins on ne peut admettre ni le recours à la violence physique ou psychique, ni la violation de la vie privée, ni l'insuffisance de l'encadrement médical et pharmaceutique, ni l'exploitation financière.
L'encadrement sanitaire des personnes âgées qui sont entravées dans leurs tâches quotidiennes doit être assuré avec une attention particulière.
Les droits de participation des habitants des maisons de repos et des centresde soins sont à
renforcer.
Il faut garantir la formation et la qualification du management, l'élaboration de normes de qualité en rapport avec l'institution, la supervision et la formation permanente spécialisée.
La surveillance des maisons de repos et des centres de soins pour personnes âgées doit garantir que toutes les données légales sont remplies et qu'aucune violence ni physique ni psychique n'est exercée envers des personnes âgées.
Toute forme de discrimination peut être accompagnée de violence physique et / ou psychique. Voici quelques domaines brièvement énumérés :
a. Monde du travail :
Toutes les formes de limite d'âge et d'exclusion d'emploi des retraités sont à réviser,
des retraites prématurées imposées sont à refuser,
la révision de la limite d'âge lors de l'engagement, de la promotion et de la formation permanente est à prévoir,
toute discrimination d'âge lors de l'exercice d'une fonction ou d'un mandat publique doit être
interdit.
b. Participation sociale :
La restriction de la mobilité des personnes âgées entravée par un environnement « hostile » et par une réglementation inadéquate est à supprimer, car leurs répercussions sur la formation permanente, les voyages, l'organisation des loisirs, la culture et le sport gênent sensiblement les personnes âgées.
Il est important aussi bien pour la société que pour les personnes âgées que la vie politique leur reste complètement
ouverte.
c. Sécurité :
La sécurité si importante et la protection des personnes âgées sont à garantir
. dans le trafic,
. vis-à-vis de la violence,
. vis-à-vis du vol et des cambriolages,
. vis-à-vis de l'arnaque financière.
d. Contact avec les nouvelles technologies :
L'imposition des nouvelles technologies dans tous les actes courants de la vie pratique provoque des barrières parfois insurmontables.
Pour permettre aux personnes âgées de participer aux nouvelles formes de communication on doit leur donner la possibilité d'apprendre le maniement des technologies nouvelles (ordinateur, portable, Internet).
Prenons conscience que ce n'est pas l'âge d'une personne qui importe, mais sa manière d'être et de faire. Nous aurons fait alors un sérieux progrès. Quelque soit leur situation ou leur état de santé toutes les personnes âgées méritent une rencontre humaine et
digne.
Le parlement européen et la commission européenne sont invités à faire le nécessaire dans un délai de quatre ans, pour que les pays membres de l'UE adoptent les lois nécessaires, afin de protéger les droits des personnes âgées et de garantir leur participation sans restriction à la vie sociale.
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